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Nos Lecteurs ont la Parole - Joseph MAHDESSIAN

Aidez-nous à faire notre deuil

Le 24 avril est une date significative et sombre pour les Arméniens dans le monde entier car ce jour-là, en 1915, plusieurs centaines de notables et d'intellectuels (religieux, politiques et enseignants) sont arrêtés et ensuite exécutés à Istanbul.
La déportation du peuple arménien a commencé aussitôt après d'une manière systématique, lorsque le gouvernement des Jeunes Turcs (ordre émis par Talaat Pacha, ministre de l'Intérieur) a ordonné « le déplacement » des Arméniens. Cela consistait à les éliminer physiquement.
Depuis, le 24 avril est devenu la journée commémorative du génocide des Arméniens partout dans le monde.
Ce génocide représente dans l'histoire des Arméniens un moment déterminant de leur conscience moderne. Cette expérience est si traumatisante qu'elle semble parfois déterminer le reste. Ce traumatisme est choquant par sa singularité et sa spécificité non pas en la manière unique d'être tué, mais parce qu'il s'adresse à un peuple qui est singularisé dans son existence à un moment donné.
Nous ne retrouverons jamais les vies assassinées, les vies volées que nous commémorons le 24 avril. Et les familles meurtries le resteront à jamais.
Aujourd'hui plus qu'hier nous devons lutter contre les négationnismes. « Le bourreau tue toujours deux fois, la seconde fois par l'oubli ». C'est pour cela que nous devons respecter la mémoire des victimes, notre mémoire à tous.
Près de 99 ans après, les Arméniens de la diaspora souffrent en silence ou presque ce déni de justice, jusqu'à ce que, ses 40 dernières années, des résolutions parlementaires et autres prises de positions officielles leur ont mis du baume sur le cœur en leur témoignant enfin de la sympathie.
On voit bien aujourd'hui, hélas, que les descendants des victimes du génocide dérangent à nouveau. On aimerait qu'ils se taisent et laissent en paix leurs bourreaux, les faussaires. Parce que la mémoire heurte leur susceptibilité. Parce qu'il ne faut surtout pas les froisser.
Le négationnisme d'État qui sévit en Turquie a une base idéologique qui est la même que celle du génocide de 1915.
Nous revendiquons la justice ! La justice, c'est la reconnaissance ! La justice, c'est la réparation du crime ! Notre combat est celui de la « vérité ». Ni haine dans notre message ni vengeance dans nos aspirations, mais nous n'avons, en revanche, pas à nous excuser de ressentir de la colère pour l'État turc !
Pendant 99 ans, l'État turc s'est toujours efforcé de nier la réalité du génocide arménien et de se dérober à toute action qui pourrait atténuer les conséquences de 1915. Il a continué à effacer les traces des crimes commis contre les Arméniens, en détruisant des centaines d'antiques églises arméniennes et de vieux monastères, en démolissant des œuvres d'art culturelles, en récrivant l'histoire.
99 années que les gouvernements turcs successifs endoctrinent leur peuple... Dès l'école maternelle on leur apprend que les Arméniens sont des traîtres, des ennemis de la nation, que le génocide arménien n'est qu'un vaste mensonge tiré d'un complot mondial contre la Turquie.
Lorsque la vérité dérange les ignorants, ce n'est pas à celui qui sait de se taire mais à l'ignorant d'apprendre. Nous n'éprouvons pas de haine contre le peuple turc, bien au contraire... Nous menons ce combat également pour lui, pour que sa société soit enfin en paix avec ce passé coupable, pour qu'Arméniens et Turcs puissent se regarder non plus avec méfiance, crainte, mais fraternellement.
Nous essayons de donner une sépulture symbolique à nos morts, aidez-nous après 99 ans à faire notre deuil. Nous luttons pour la justice...
Les États, en signant le traité de Lausanne, ont renié leur promesse de justice et ont voué les survivants à l'oubli !

Le 24 avril est une date significative et sombre pour les Arméniens dans le monde entier car ce jour-là, en 1915, plusieurs centaines de notables et d'intellectuels (religieux, politiques et enseignants) sont arrêtés et ensuite exécutés à Istanbul.La déportation du peuple arménien a commencé aussitôt après d'une manière systématique, lorsque le gouvernement des Jeunes Turcs (ordre...

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