On se réjouit de penser que face au Parlement, depuis quelques jours, il y a des dizaines de milliers de spécialistes en économie, finances, gestion budgétaire et administrative qui font tapisserie. Leur mentor : Hanna Gharib. Lui a depuis lulure mis au point un concept économique révolutionnaire : l'échelle des salaires maintenant, tout de suite et d'un seul coup ; quant au financement, il sera assuré par les réformes... « à venir », promet-il en se retenant de pouffer. Autant dire quand les premières dents des poules auront percé. À ce train, ce ne sont plus des revendications salariales, c'est une attaque à main armée.
D'ici là, Mister Hanna nous sert une belle grève générale à rallonge. À entendre ses fanfaronnades, on est désormais fixé : les organismes économiques et financiers locaux, les experts de la BDL, de la Banque mondiale, du FMI et de la Banque européenne d'investissement sont tous des ânes, menés au doigt et à l'œil par des capitalistes assis sur leur tas de fric. Salauds de riches !
Au départ, comme il se doit, un véritable coup tordu comme seul les Libanais savent en produire : jumeler les revendications légitimes des enseignants et le chantage pernicieux des fonctionnaires. Quand on sait que des dizaines de milliers de glandus émargent à la Fonction publique, payés à pantoufler aux frais du contribuable, on se dit que pour eux de toute façon rien ne change puisqu'il n'y a pas grande différence entre un jour de turbin et un jour de grève.
Et comme de toute façon la vraie réforme consiste à vider massivement l'administration publique de la mauvaise graisse qui la paralyse et à privatiser les officines poubelles gangrenées par la corruption et le clientélisme politique, ce n'est pas demain l'avant-veille que nos ministres et députés bougeront d'un poil de touffe pour purger ces boyaux. Pas un seul n'a suggéré ne serait-ce qu'en bégayant une cure d'amaigrissement et une baisse du train de vie de cet État foireux et inutile. Alors forcément, on se rabat sur le plus facile : racketter les gueux à coups de taxes et d'impôts. En somme, des salaires pour les flemmards et une dette pour les geignards... Libanais, préparez la monnaie !
Finalement, on ne se refait pas : fonctionnaires repus, citoyens cornus, pays fichu... Quel rebut !
gabynasr@lorientlejour.com
Entre un mentor qui rêve au nom de communisme de devenir riche député , et des députés qui veulent soudain d’un coup mettre le train sur les rails , ce sont les libanais poches vides qui payeront les pots cassés ou partir comme d’habitude vers d’autres horizons .
14 h 56, le 11 avril 2014