Être libanais, de naissance et d'origine, n'est pas facile. Nous n'allons pas citer tout ce qui agresse le Libanais dans son quotidien puisque le panorama de ces atrocités est devenu notre oxygène – le seul peut-être qui nous reste : nous le respirons même si nous savons qu'il n'est pas pur, d'où le concept du déni libanais. Il ne change pas, il ne change rien, il se lamente et nie.
Mais, trop grande, la bulle de tolérance finit par éclater et devient alors un bullshit. Le Libanais commence à se tourner vers des horizons étrangers. « Je veux, dit-il alors, un pays qui me donne des droits et de la sécurité. » Il commence à souffrir d'un complexe purement libanais : le dilemme australo-canadien. En effet, ces deux pôles migratoires sont au cœur des inquiétudes libanaises. Les Libanais sont ainsi attirés par les avantages d'un pays, le Canada, qui offre sécurité et passeport congelé de haute gamme. Cette guerre de destination devient chaude du côté australien, offrant sécurité et passeport avec un emballage plus attrayant que la neige de Montréal ou de Toronto.
Mais alors, où est l'Europe dans cette équation ? L'Europe, considérée comme voisine du Liban, contrairement au Canada et à l'Australie, est toujours présente sur la carte du Libanais en quête d'un meilleur futur, bien que les taxes constituent pour tous un repoussoir, mais avec des proportions différentes qui affaiblissent la position de l'Europe. Par exemple, le Libanais se méfie de Londres et de Paris qui s'avèrent des amours touristiques et des adresses de photos Facebook typiques, mais avec un niveau de vie élevé et donc des impôts à vous couper à la fois le souffle et la moitié du salaire.
Enfin, il y a le Libanais qui cherche le succès financier aux dépens de la stabilité ou de la quête d'un nouveau passeport : c'est le Libanais du Golfe ou d'Afrique. Effectivement, certains concitoyens s'orientent vers les pays du Golfe qui offrent des salaires mirobolants ainsi qu'un mode de vie luxueux. Le risque ? Un naufrage de Titanic, à la fois inattendu et ravageur. C'est pire pour l'Afrique où le Libanais est abandonné à son sort pour gagner sa vie et finit parfois par la perdre.
Être libanais, c'est pas une malédiction – quoique nous pensions que nous sommes condamnés à souffrir. Le Petit Prince avait dit qu'on n'est jamais heureux là où on est, et le prince libanais se voit tellement grand qu'il se considère un être sans frontières. Il est vrai que nous avons besoin d'être « validés » pour entrer dans ces pays, alors que nous parlons et écrivons parfaitement le français et l'anglais, que nous écoutons Aznavour, Céline Dion et Julio Iglesias aussi bien que Feyrouz, que le magret de canard plaît à nos palais, idem pour la panna cotta et la paëlla ainsi que les diverses variétés de fast-food. Nous regardons les oscars pour voir les films que nous avons applaudis et nous dansons au rythme de la musique américo-franco-latine dans les boîtes de nuit.
Être libanais, c'est être biologiquement un être international et spécial, quoique injustement étiqueté arabe.
À ceux qui ont été obligés de partir, à vous, messagers de notre peuple : ne cherchez pas à fuir votre identité ou à la remplacer, malgré ses défauts, et élevez vos enfants dans l'image d'un pays que vous avez aimé recevoir en héritage, avec les larmes de notre génération, afin que nos enfants puissent, un jour, vivre dans un Liban florissant.
commentaires (4)
Arabe?? Qu'est-ce qu'etre ARABE?? D'apres la ligue ARABE, sont arabes les habitants d'Afrique du Nord, depuis la Mauritanie jusquau Pays du Golfe, en passant par la Somalie.... Quelle salade et quelle ARABITE.....
IMB a SPO
19 h 52, le 10 avril 2014