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Liban - Exécutif

Le Conseil des ministres adopte le plan sécuritaire, mais élude les points de conflit

Le Conseil des ministres a approuvé hier le plan sécuritaire global entériné mercredi par le Conseil supérieur de défense pour Tripoli et la Békaa, lors de sa première réunion hier à Baabda sous la présidence du chef de l'État, Michel Sleiman.

Réuni hier sous la présidence de Michel Sleiman, le Conseil des ministres a éludé les points de conflit. Photo Dalati et Nohra

La séance, qui a duré près de quatre heures, a plus ou moins évité tous les sujets de brouille, en les renvoyant à la prochaine réunion, à l'exception de la question des réfugiés syriens (voir encadré), qui a suscité un échange passionné entre certains ministres.
À l'issue de la séance, le ministre de l'Information, Ramzi Jreige, a donné lecture du procès-verbal officiel de la réunion.


Prenant la parole, le président Michel Sleiman a d'abord évoqué le sommet des chefs d'État arabes au Koweït, « un sommet libanais par excellence » en raison du « soutien affiché par les dirigeants arabes au Liban sur le dossier des réfugiés syriens et palestiniens, l'appui à l'armée libanaise, au Tribunal spécial pour le Liban (TSL) et à la résistance contre l'occupation, et l'adoption de la déclaration de Baabda ».
Selon le chef de l'État, ces sujets ont été au centre des entretiens. « Tout commence par un mot ou une décision. Après, il faut effectuer le suivi », a souligné M. Sleiman, appelant le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, à mettre en place un mécanisme de suivi des résolutions arabes et internationales, et de le présenter au Premier ministre. « Nous avons également appelé, dans le cadre du communiqué final du sommet, les pays arabes à suivre l'exemple saoudien de soutien à l'armée », a-t-il ajouté.


Évoquant ensuite la situation sécuritaire, le chef de l'État a souligné le caractère secret des recommandations émises mercredi par le Conseil supérieur de défense et transférées devant le Conseil des ministres. « La situation sécuritaire nécessite une solution radicale », a-t-il dit, évoquant l'assassinat d'un aspirant de l'armée. « Tant que les forces militaires et sécuritaires continueront à agir comme force-tampon entre les belligérants, elles seront la cible de plus en plus d'attaques. C'est pourquoi la solution est urgente et la situation devient inacceptable », a noté Michel Sleiman.


Le président de la République a par ailleurs soulevé la question de la violence domestique et des abus contre les enfants, appelant à une sévérité totale dans le traitement de ces problèmes. Il a également évoqué la question de la corruption à la CNSS et dans le secteur des médicaments, estimant que l'État devait être le seul organisme de contrôle dans cette affaire, à travers les institutions concernées.


De son côté, le Premier ministre Tammam Salam a estimé que la sécurité devait figurer en tête des priorités du gouvernement, et que le plan sécuritaire devait être complété par un plan en matière de développement. Il a également soulevé la question des réfugiés syriens, soulignant la nécessité d'adopter un plan global pour ce dossier.

 

(Lire aussi : L'armée abat à Ersal « le dangereux terroriste » Sami el-Atrache)

 

Les résolutions sécuritaires
À la lumière des recommandations du Conseil supérieur de défense, le gouvernement a étudié les incidents sécuritaires répétés qui se sont produits à Tripoli et les multiples opérations de rapt, chantage, vol et falsification qui se déroulent dans différentes régions, notamment dans la Békaa-Nord. Il a ensuite discuté les recommandations du Conseil supérieur de défense et a pris trois résolutions à caractère sécuritaire.
Ainsi a-t-il d'abord décidé de « charger l'armée, les FSI et les différents services de mettre en application un plan pour contrôler la situation sécuritaire ; empêcher l'apparition de tout phénomène armé et l'utilisation de tout genre d'armes ; saisir les dépôts d'armes à Tripoli et ses différents quartiers, et à Jabal Mohsen ; mettre en application toutes les dispositions visant à arrêter les personnes recherchées par la justice dans ces affaires et dans les cas de kidnapping, de chantage, de vols de voitures et de faux et usage de faux dans la Békaa-Nord, de manière à ce que la situation sécuritaire soit sous contrôle dans ces villages ». « Tous les moyens nécessaires doivent être employés pour mettre en application ce plan », souligne le Conseil des ministres.


Comme complément, au plan économique, le Conseil a ensuite mis l'accent sur « la nécessité de poursuivre la mise en application des projets nécessaires pour Tripoli et ses environs, pour lesquels un montant de 100 millions de dollars a été alloué, et qui sont inclus dans le plan de développement de toutes les régions libanaises ». Il a appelé à « dynamiser la relation entre les instances économiques et la société civile pour mettre au point un document de travail détaillé portant sur un ensemble de projets et de programmes assurant l'implication des jeunes dans sa mise en application », soulignant que cela doit être fait « en parallèle de l'action visant à avaliser les nominations des conseils d'administration du port de Tripoli, de la Foire internationale Rachid Karamé et de la zone économique privée », et « avec la participation des différents secteurs ». Le Conseil a également souligné, dans ce cadre, la nécessité de poursuivre le développement du programme de soutien aux cultures de substitution et aux projets qui y sont liés, en libérant les sommes qui lui sont allouées pour la Békaa, afin « d'assurer la stabilité des fils de la région ».
Le Conseil a enfin chargé les ministres de la Défense et de l'Intérieur de soumettre leurs recommandations s'agissant des besoins de l'armée libanaises et des FSI en matière d'enrôlement, afin de prendre les décisions nécessaires à ce sujet.

 

(Lire aussi : Reprise des affrontements à Tripoli ; un soldat abattu par des motards cagoulés)

 

Consensus contre le crime
De sources bien informées, la séance n'a pas dévié de son objectif, en l'occurrence avaliser les recommandations du Conseil supérieur de défense et des autres réunions sécuritaires tenues ces derniers jours au Grand Sérail et à Baabda. Cependant, le ministre de la Justice, Achraf Rifi, a souligné à l'issue de la réunion que ce plan divergeait des plans de sécurité établis par le gouvernement précédent. « La différence, c'est que ce cabinet n'est pas monochrome. Presque toutes les forces politiques y sont représentées », a-t-il dit, soulignant que « l'armée et les FSI avaient obtenu la couverture politique nécessaire pour mettre en application le plan du Conseil supérieur de défense ».
Il semblerait toutefois qu'un certain nombre de ministres aient montré peu d'enthousiasme à l'égard du plan, dans la mesure où il a été maintenu au secret après son élaboration par le Conseil de défense et transmis immédiatement pour adoption au Conseil des ministres. Mais aucun ministre n'aurait marqué d'objection vis-à-vis du plan.


Le Conseil des ministres a tenu à intégrer une clause relative à l'application des décisions de justice et des mandats d'arrêt dans toutes les régions, clause qui, elle aussi, ne se serait heurtée à aucun obstacle de la part des différentes parties politiques siégeant au Conseil, selon ces sources. Au contraire, il y aurait eu une « entente totale » entre les ministres sur la nécessité d'assurer la couverture politique nécessaire à l'armée et aux FSI pour mettre la main sur tous les criminels.

 

(Lire aussi : Le bloc du Futur chapitre un gouvernement dont il fait partie)

 

Hussein Hajj Hassan
Prenant la parole durant la réunion, le ministre de l'Industrie et membre du Hezbollah, Hussein Hajj Hassan, a déclaré que son parti « appelle, depuis les années 90, l'État à assumer son rôle » et à gérer la situation sécuritaire dans la Békaa. « Malheureusement, les appareils sécuritaires n'ont pas été efficaces. L'État a aussi manqué à ses devoirs économiques », a-t-il souligné.
Le ministre a en outre assuré, en réponse à ceux qui accusent le parti chiite de couvrir ce qui se passe dans cette région, que « le Hezbollah, comme toutes les autres forces politiques, n'assure une couverture à aucun crime ou criminel et se tient contre le crime, quel qu'en soit l'auteur ». Et de poursuivre : « Ce n'est pas vrai que l'armée est interdite d'entrée dans certains villages de la Békaa. Au contraire, la troupe est présente dans toute la région où elle assume son rôle. » « Nous ne défendons pas une région déterminée, mais toutes les régions libanaises », a-t-il souligné.
M. Hajj Hassan a enfin jugé inacceptable de faire porter au Hezbollah la responsabilité des défaillances de l'État.

 

Accord sur les données téléphoniques
Signe de la bonne volonté des parties de ne pas créer d'emblée des frictions majeures, le gouvernement a approuvé le principe de la transmission des données concernant la traçabilité des appels téléphoniques aux services de sécurité concernés par des enquêtes sur des attentats ou des crimes majeurs. Des sources bien informées font d'ailleurs état d'une coordination parfaite entre les ministres du 14 Mars Boutros Harb (Télécoms), Nouhad Machnouk (Intérieur) et Achraf Rifi (Justice) à ce sujet. Les ministres du Courant patriotique libre (CPL), du Hezbollah et des Marada se sont opposés à cette mesure, alors que ceux d'Amal ont exprimé leurs réserves. Le ministre Hajj Hassan a justifié l'opposition du 8 Mars à l'élargissement de la demande des données qui constitue une atteinte à la loi, tandis que le ministre de l'Éducation Élias Bou Saab (CPL) a estimé que son parti était attaché au respect des libertés individuelles, des positions qui ne sont pas nouvelles de la part des partis du 8 Mars.
« Ils ont pris pour prétexte la question de la liberté individuelle et de la vie privée. Cela est totalement hors sujet. Ils veulent camper sur leurs positions de principe sans avoir recours à l'escalade », a souligné pour sa part Boutros Harb au sujet du positionnement de ses pairs du 8 Mars.

 

Les renseignements des FSI
Une autre question hautement polémique, relative à la transformation de la branche des renseignements des FSI en département, a également été renvoyée à la séance ultérieure à la demande des ministres du Parti socialiste progressiste, toujours dans l'optique de ne pas plomber le cabinet dès sa première séance.
Le renouvellement du mandat des vice-gouverneurs de la Banque centrale a également été renvoyé à la prochaine réunion du Conseil, qui se tiendra lundi prochain, à 17h, au palais de Baabda.

 

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La séance, qui a duré près de quatre heures, a plus ou moins évité tous les sujets de brouille, en les renvoyant à la prochaine réunion, à l'exception de la question des réfugiés syriens (voir encadré), qui a suscité un échange passionné entre certains ministres.À l'issue de la séance, le ministre de l'Information, Ramzi Jreige, a donné lecture du procès-verbal...

commentaires (2)

FEU VERT À L'ARMÉE ET AUX FSI, AVEC UN POIDS ET UNE MESURE POUR TOUS SANS EXCEPTION AUCUNE ! ET... RAMASSAGE DE TOUS LES RESPONSABLES D'ATTENTATS, D'ASSASSINATS ET D'ENLÈVEMENTS QUELLES QUE SOIENT LEURS COULEURS...

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 07, le 28 mars 2014

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Commentaires (2)

  • FEU VERT À L'ARMÉE ET AUX FSI, AVEC UN POIDS ET UNE MESURE POUR TOUS SANS EXCEPTION AUCUNE ! ET... RAMASSAGE DE TOUS LES RESPONSABLES D'ATTENTATS, D'ASSASSINATS ET D'ENLÈVEMENTS QUELLES QUE SOIENT LEURS COULEURS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 07, le 28 mars 2014

  • Un rigolo le Hussein Hajj Hassan! Il veut nous faire croire que le Hezbollah ne couvre personne? Qu'il demande a l’état de prendre les choses en charge depuis 1990? ... ? ...? D'un que le Hezbollah commence a remettre ses armes a l’armée et celle-ci en aura dans les 24H00. C'est aussi simple que cela. De deux, que le parti permette l'arrestation des 5 criminels poursuivis par le TSL et la justice Libanaise pour commencer. J'oubliais que cela était impossible en raison de la filière qui remonte loin dans leur organigramme en passant sous terre en banlieue jusqu’à Bachar et le Fakih lui même! Et dire que certains au sein du 14 Mars accepte encore de discuter avec ses loubards!

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 56, le 28 mars 2014

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