Le groupe jihadiste Daech (État islamique en Irak et au Levant-EIIL) a annoncé hier avoir imposé une série de règles aux habitants chrétiens de la ville syrienne de Raqqa qu'il contrôle. Le groupe a annoncé lui-même cet « accord » contenant 12 règles censées garantir la « protection » des chrétiens. Ceux qui ne le respecteront pas seront traités comme des ennemis, a-t-il menacé. Quelque 300 000 personnes habitaient cette ville avant le début des violences en Syrie en mars 2011, et moins de 1 % étaient chrétiens. Nombre d'entre eux ont quitté la ville quand Daech a commencé à attaquer et à brûler des églises.
Le texte, publié sur des forums jihadistes et portant le cachet de Daech, stipule que les chrétiens doivent verser une taxe, qui était imposée aux premiers temps de l'islam aux non-musulmans. Les chrétiens fortunés doivent payer jusqu'à l'équivalent de 13 grammes d'or pur, ceux de la classe moyenne devront verser la moitié de cette somme, et les défavorisés le quart. L'« accord » exige également que les chrétiens s'abstiennent de montrer « une croix ou toute chose de leur Livre dans les marchés ou les endroits où il y a des musulmans » et d' « utiliser des haut-parleurs pour faire entendre leurs prières ». Les chrétiens doivent également s'abstenir de « célébrer leurs rituels (...) hors de l'église ». Selon cet « accord », ils doivent également obéir aux « règles imposées par Daech, comme celles liées à la discrétion dans la manière de s'habiller ». Le groupe jihadiste a également indiqué que les chrétiens « ne devaient pas restaurer les monastères ou les églises (...) dans leur ville ou les environs ». Les chrétiens ne doivent pas porter d'armes, a aussi précisé Daech, en avertissant que ceux qui ne respecteraient pas ces règles feront face au même « destin » que celui subi par la rébellion.
Depuis début janvier en effet, plusieurs groupes rebelles ont lancé une offensive contre Daech, l'accusant d'exactions et de faire le jeu du régime de Bachar el-Assad. Les affrontements entre les deux camps ont causé la mort de 3 300 personnes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) hier. Selon le décompte de cette organisation, il y a 924 tués dans les rangs de Daech, 1 380 dans ceux de la coalition regroupant rebelles et islamistes, 281 civils et plus de 700 tués dont on ignore à quel camp ils appartenaient, et enfin 29 corps retrouvés dans les positions tenues par Daech et vraisemblablement exécutés.
Cette estimation intervient au lendemain d'un ultimatum de cinq jours fixé par la branche d'el-Qaëda en Syrie, le Front al-Nosra, à Daech pour régler leur conflit devant un tribunal religieux et mettre fin à deux mois de conflit sanglant. Selon un expert des mouvements salafistes et jihadistes, Romain Caillet, les sites jihadistes ont annoncé que le porte-parole de Daech devrait répondre « dans les prochains jours » à cette offre.
Embuscade
Sur le terrain toujours, au moins 175 rebelles islamistes, des étrangers pour la plupart, ont été tués dans une embuscade tendue dans les environs de Damas, près de Otaïba, dans la Ghouta orientale, par des forces acquises au gouvernement syrien, rapporte l'agence de presse officielle SANA. L'opération a en grande partie été menée, selon plusieurs sources, par le Hezbollah, officiellement engagé aux côtés des troupes de Bachar el-Assad. L'agence SANA a précisé que les rebelles tués étaient de nationalité saoudienne, qatarie ou russe de Tchétchénie et qu'ils appartenaient au Front al-Nosra, ainsi qu'au groupe salafiste Liwa' el-islam. Si le bilan est confirmé, cette embuscade représentera un succès important pour les forces de Bachar el-Assad dans leur tentative de renforcer leurs positions dans la capitale et à proximité. L'armée gouvernementale est parvenue à reprendre la main ces derniers mois, notamment grâce à l'intervention du Hezbollah.
Enfin, un chargement de gaz moutarde a été évacué hier de Syrie pour être détruit en vertu d'un accord avec le régime de Damas, a annoncé la mission conjointe ONU-Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).
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commentaires (7)
Exactement les mêmes règles que sous les califats.Savez ce qu'était le zounnar? aujourd'hui, évidemment ,pour tout le monde ,c'est une ceinture...à cette époque là ,sieurdames, c'était une ceinture en étoffe jaune que devaient obligatoirement porter les chrétiens. le retour du dhimmisme se fait au grand galop,semble-t-il.
GEDEON Christian
17 h 05, le 27 février 2014