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Nos Lecteurs ont la Parole - Stéphanie BAZ-HATEM

Mon Liban à moi

Mon Liban à moi n'est plus. Il est en train de s'enfoncer dans un marasme absolu, dans une violence abjecte à plusieurs niveaux et dans une déliquescence politique malgré l'apparence d'un renouvellement.
Mon Liban à moi est cependant un grand et beau pays. Petit par sa taille mais si fort par son esprit, par son histoire, par ses habitants, toujours souriant en dépit des difficultés du quotidien, par ses paysages bibliques, par sa nourriture fabuleuse, par sa mer chaude et accueillante... Par tant de choses qu'on oublie trop souvent.
Ce Liban que j'ai connu n'est plus. À la place s'installent en son sein des nébuleuses plus bêtes les unes que les autres, faisant régner la terreur sans raison valable, faisant trembler sa population qui n'a rien demandé, transformant une atmosphère jadis sécurisée en terrain de jeu pour monstres sans foi ni loi. Et en tuant par centaines trop d'innocents. À la place s'y installent des polémiques douteuses, au sujet d'un sein de trop, mal placé ou trop en vue, au lieu de révoltes qui seraient les bienvenues contre des faits divers bien trop nombreux et provoquant la mort inutile de mères de famille sans défense. À la place, ce pays qui pouvait être si tolérant se transforme en table de ping-pong où la religion remplace la balle éjectée sans arrêt d'un côté puis de l'autre, n'arrivant jamais à s'en détacher.
À quand un pays où la religion aide à vivre les êtres humains dans la sphère privée et non à mourir sur la place publique ? À quand une véritable tolérance où les différences constitueraient une richesse absolue et un partage intelligent du savoir ? À la place, ce pays réputé pour la solidarité à toute épreuve de son peuple se transforme en un État où une femme en chaise roulante se voit interdire de voyager à cause de son handicap, où une très belle sportive qui n'a rien demandé se voit jugée comme si elle avait commis un crime contre l'humanité, où des milliers de personnes n'arrivent pas à se soigner, à s'éduquer et à vivre en paix tout simplement.
Quand vas-tu te réveiller, mon Liban ? Ne crois-tu pas que tu t'es assez laissé aller et laissé faire ? Ne crois-tu pas que toutes ces initiatives privées, certes honorables, pour t'aider à aller mieux et t'aider à enfin t'unifier sont finalement inutiles ? Ne crois-tu pas qu'il est temps d'arrêter de tendre le bâton pour te faire battre ? De donner de la matière à tes voisins et tes détracteurs à travers le monde ? Ne crois-tu pas qu'il est temps une fois pour toutes de donner un bon coup de pied à tous ces emmerdeurs ?
N'as-tu pas envie de retrouver une réelle sérénité ? Une joie de vivre comme ce fut le cas, même si de manière éphémère, il n'y a pas si longtemps ?
N'en as-tu pas assez de voir tes enfants partir ? De voir tes personnes âgées dépérir ? De voir tes voitures sauter, tes enfants se faire tuer, tes richesses s'évaporer ?
Mon cher Liban, je ne te reconnais plus. Quand vas-tu me revenir ? Je pense à toi tous les jours en espérant te revoir comme je t'ai aimé. En espérant te voir te relever et chasser pour de bons les parasites non désirés. La solution est en toi et en personne d'autre.
Mon Liban à moi, s'il te plaît, n'oublie jamais de te battre pour exister.

Stéphanie BAZ-HATEM
(Paris)

Mon Liban à moi n'est plus. Il est en train de s'enfoncer dans un marasme absolu, dans une violence abjecte à plusieurs niveaux et dans une déliquescence politique malgré l'apparence d'un renouvellement.Mon Liban à moi est cependant un grand et beau pays. Petit par sa taille mais si fort par son esprit, par son histoire, par ses habitants, toujours souriant en dépit des...
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