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Liban - La situation

Une naissance « par césarienne » du cabinet attendue dans les prochains jours

Malgré les développements qui restent dramatiques en Syrie et en Irak, et même en Égypte et au Liban, malgré les menaces contre la communauté chiite émanant de groupes salafistes implantés au Liban, et en dépit de la radicalisation d'une partie de la communauté sunnite exaspérée par l'impunité dont jouit le Hezbollah, en contraste avec ce qu'elle endure depuis des années (voir la déclaration du mufti Kabbani), la communauté internationale, États-Unis en tête, est discrètement mais fermement engagée actuellement dans trois séries d'opérations diplomatiques majeures. Il s'agit de la négociation sur la Syrie, des pourparlers sur l'Iran et des concertations sur l'avenir des relations israélo-palestiniennes. Ces opérations, qui se déroulent simultanément et qui sont complémentaires, quoique séparées, pourraient, si elles débouchent d'ici à quelques mois, contribuer puissamment à stabiliser et peut-être aussi pacifier le Moyen-Orient.


C'est à la lumière de ces vastes manœuvres diplomatiques régionales qu'il convient de lire l'actualité libanaise, en particulier la prochaine élection d'un nouveau chef de l'État. Sans être négligeable, dans l'absolu, cette élection n'est qu'une péripétie d'une série d'événements en cours, et c'est pourquoi il faut lui accorder l'attention qu'elle mérite, sans plus. Il est évident qu'elle s'insère dans un plan plus vaste et qu'il sera difficile à ceux qui s'y opposent encore de réussir à l'empêcher.
Il semble donc acquis qu'en vu de la partie qui se joue, les dernières réticences de Michel Aoun, qui se complaît depuis 1990 à tenir tête aux grandes puissances, avec les résultats que l'on sait, ne comptent pas beaucoup, et qu'il sera difficile au Hezbollah de résister à un courant diplomatique auquel l'Iran est étroitement mêlé, comme le prouve, petit détail significatif, l'entretien que Walid Joumblatt a eu hier avec l'ambassadeur iranien.


C'est pourquoi, selon les observateurs, tous les cas de figure ayant été proposés et épuisés, un épilogue au feuilleton de la formation d'un gouvernement d'union nationale n'est plus loin. De source informée, on annonce que le Premier ministre désigné Tammam Salam est attendu demain au palais présidentiel, où il soumettra au président Sleiman son gouvernement, sans pour autant fixer un délai précis pour le rendre public. Selon le député Hadi Hobeiche, le gouvernement en gestation sera « un gouvernement fédérateur de fait accompli » et non « un gouvernement neutre de fait accompli ». De la sorte, il sera difficile à quiconque d'affirmer qu'il en a été exclu. En cas de démission, cette personne assumera elle-même son exclusion. En tout état de cause, l'appui international dont jouira une telle équipe rendra difficile son sabordage.
C'est avec ces schémas en tête que la classe politique met la dernière touche au processus de formation du nouveau cabinet. L'implication internationale est évidente, on l'a dit, comme le prouve aussi la visite que, selon les milieux du 8 Mars, l'ambassadeur des États-Unis David Hale effectue en ce moment en Arabie saoudite.


Tout se joue, semble-t-il, sur le point de savoir si, Michel Aoun démissionnant faute de voir Gebran Bassil nommé à l'Énergie, le Hezbollah lui emboîtera le pas ou non. Un détail qui a dû être au centre des visites effectuées hier au général Aoun par Hussein Khalil, l'un des conseillers de Hassan Nasrallah, et Wafic Safa, l'un des responsables de la sécurité du parti chiite.

 

(Lire aussi : Les députés aounistes prennent le relais de Bassil)


Pour sa part, Nabih Berry a lancé un appel grandiloquent pour « des concessions au bénéfice de la patrie », tandis que Fouad Siniora prenait contact avec Amine Gemayel et Samir Geagea.


Pour aujourd'hui, il faudra guetter les déplacements de Waël Abou Faour. C'est lui qui devrait annoncer la bonne – ou la mauvaise nouvelle – à Tammam Salam. Le chef de l'État et le Premier ministre désigné pourraient être obligés de recourir à « une césarienne » pour former le nouveau gouvernement. C'est-à-dire à un « accouchement forcé », le temps de gestation étant accompli et le nourrisson ne se présentant toujours pas dans la bonne position... Pour sa part, le chef de l'État a laissé savoir qu'il approuvera toute formule de gouvernement que lui présenterait M. Salam. Ce sera, dit-on, un gouvernement de 24 ministres « politiques » où les portefeuilles ministériels changeraient de mains et dont la déclaration ministérielle ne comprendrait pas l'équation armée-peuple-résistance, renvoyée à la conférence de dialogue.


Mais un gouvernement de trente ministres n'est pas à exclure, dans la mesure où il faciliterait la distribution des portefeuilles conformément aux désirs de Michel Aoun qui réclame, outre l'Énergie, un ministère régalien et deux ministères « de services publics ».
Toutefois, pour que ce gouvernement voit le jour, il faudra que M. Salam se dédise et accepte que les portefeuilles ministériels ne changent pas de mains, ce qui va à l'encontre d'un engagement qu'il avait pris voici dix mois, au moment de sa nomination.

 

(Lire aussi : Les options restent quasiment inchangées : gouvernement unificateur ou de fait accompli)

 

Bogdanov à Beyrouth
En tout état de cause, le forcing diplomatique international devrait s'intensifier dans les prochains jours avec l'arrivée au Liban du vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, porteur d'une lettre d'appui à Michel Sleiman et à la déclaration de Baabda encourageant toutes les parties sur la scène locale à s'entendre sur un nouveau gouvernement le plus rapidement possible et à élire un nouveau chef de l'État dans les délais prévus.
On apprend aussi, de source diplomatique, que le ministre de l'Énergie, Gebran Bassil, doit se rendre en visite de travail aux États-Unis au cours de la première quinzaine de février, dans un voyage qui serait le complément de celui que Michel Aoun a effectué récemment au Vatican.

 

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Malgré les développements qui restent dramatiques en Syrie et en Irak, et même en Égypte et au Liban, malgré les menaces contre la communauté chiite émanant de groupes salafistes implantés au Liban, et en dépit de la radicalisation d'une partie de la communauté sunnite exaspérée par l'impunité dont jouit le Hezbollah, en contraste avec ce qu'elle endure depuis des années...

commentaires (2)

ET PUISQUE NI LA POULE NE PEUT METTRE BAS UN AGNEAU NI LA BREBIS PONDRE UN OEUF : QUE LE CABINET DE CÉSAR NAISSE PAR CÉSARIENNE !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 28, le 28 janvier 2014

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Commentaires (2)

  • ET PUISQUE NI LA POULE NE PEUT METTRE BAS UN AGNEAU NI LA BREBIS PONDRE UN OEUF : QUE LE CABINET DE CÉSAR NAISSE PAR CÉSARIENNE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 28, le 28 janvier 2014

  • Attendons donc de voir ce que dira M.Waël Abou Faour dans un pays toujours tribal et ou la naissance de tout gouvernement intervient avec l'aval de certaines puissances .

    Sabbagha Antoine

    11 h 38, le 28 janvier 2014

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