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Moyen Orient et Monde - Égypte

Sissi fonce tout droit vers la présidence égyptienne

L'homme fort du pays devrait quitter sous quelques jours ses fonctions au sein de l'armée.

« Je comprends que les gens veulent Sissi comme candidat. Ils ont peur pour leur sécurité et réclament un homme fort. » Mohammad Abd el-Ghany/Reuters

L'armée a donné mandat hier à Abdel Fattah al-Sissi, son chef à peine promu maréchal, pour se présenter à l'élection présidentielle, une annonce sans surprise pour le ministre de la Défense et vice-Premier ministre qui a destitué l'islamiste Mohammad Morsi.
Un haut gradé a indiqué que le maréchal Sissi allait sous quelques jours quitter ses fonctions au sein de l'armée, la Constitution interdisant à un militaire de postuler pour la magistrature suprême. « Ensuite, il va préparer un programme » à appliquer s'il est élu, pour « unir le peuple, restaurer la sécurité et la position internationale de l'Égypte ».


La veille, Adly Mansour, nommé président par intérim par le général Sissi le jour même de la destitution de M. Morsi, avait déjà marqué une première étape en annonçant que la présidentielle se tiendrait avant les législatives et ce, dans les trois mois à venir. Ce calendrier semble taillé sur mesure pour que le maréchal, de loin l'homme le plus populaire du pays, non seulement l'emporte aisément mais s'assure aussi une majorité au Parlement qui sera élu après lui, selon les experts. C'est ainsi qu'hier, le président Mansour n'avait plus qu'à promouvoir Sissi maréchal, le plus haut grade de l'armée, un titre présenté par les experts et son entourage comme un hommage appuyé et un « au revoir » de l'armée à son héros. Quelques heures après, sous la présidence de Sissi, le haut commandement de l'armée se réunissait pour étudier « la demande du peuple » réclamant le maréchal comme président et lui donnait mandat pour le faire, selon l'agence de presse gouvernementale MENA.

 

« Mythe du sauveur »
Au-delà des impératifs constitutionnels, pour Karim Bitar, spécialiste du Moyen-Orient, la promotion à ce grade, le plus élevé de l'armée égyptienne, est « une étape supplémentaire dans la construction politique et médiatique du mythe du sauveur, du héros et de l'homme providentiel ». Par ailleurs, note ce directeur de recherche à l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), cette distinction, extrêmement rare, intervient alors que les autorités dirigées de facto par l'armée répriment dans un bain de sang les partisans islamistes de M. Morsi. « D'ordinaire, cette distinction n'est octroyée qu'après une grande victoire militaire. Ce qui signifie que l'on a considéré que la répression actuellement en cours et la "guerre contre le terrorisme" valaient un triomphe sur le champ de bataille », affirme-t-il.


Depuis sept mois, plus de 1 000 manifestants pro-Morsi ont péri dans l'implacable répression des policiers et des soldats, tandis que des milliers d'islamistes ont été arrêtés, dont la quasi-totalité de la direction des Frères musulmans, l'influente confrérie de M. Morsi qui avait remporté toutes les élections depuis la révolte de 2011. Depuis, les leaders du mouvement islamiste sont, comme M. Morsi, jugés dans des procès pour lesquels ils encourent la peine de mort. Fin décembre, le mouvement du seul président jamais élu démocratiquement du pays a en outre été déclaré « organisation terroriste », après un attentat meurtrier contre la police pourtant revendiqué par un groupe jihadiste basé dans le Sinaï.


Cette péninsule désertique est, depuis l'éviction de Morsi, le théâtre quotidien d'attaques contre les forces de l'ordre qui ont perdu des dizaines d'hommes ces derniers mois. Et les attaques, notamment à la voiture piégée, ont gagné jusqu'au cœur du Caire, secouée par cinq explosions ce week-end.
« Je comprends que les gens veulent Sissi comme candidat. Ils ont peur pour leur sécurité et réclament un homme fort », explique Alfred Raouf, cadre du parti libéral al-Dostour qui a soutenu l'éviction de M. Morsi. Mais, dit-il, « j'aurais préféré une élection présidentielle opposant des candidats civils pour mettre en place une démocratie civile ».

 

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commentaires (1)

Mabrouk donc pour Abdel Fattah al-Sissi nouveau président pour une Egypte toujours originale .

Sabbagha Antoine

12 h 28, le 28 janvier 2014

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Commentaires (1)

  • Mabrouk donc pour Abdel Fattah al-Sissi nouveau président pour une Egypte toujours originale .

    Sabbagha Antoine

    12 h 28, le 28 janvier 2014

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