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Nos Lecteurs ont la Parole - Georges Pierre SASSINE

Quel leader nous faut-il ?

Le périple de Nelson Mandela devrait pousser les Libanais à réfléchir sur le leader dont ils ont besoin et sur les citoyens qu'ils voudraient être. Certains estiment que la crise politique actuelle au Liban requiert un chef comme Mandela, transcendant les considérations confessionnelles et partisanes. D'autres croient que le Liban a moins besoin d'un visionnaire que d'un gestionnaire, en attendant le règlement de la crise en Syrie. D'autres enfin plaident pour l'avènement d'un technocrate incorruptible, partisan de la méritocratie et de l'édification des institutions. Ce qui importe, en fait, c'est que les Libanais prennent conscience de leurs responsabilités et les assument. Autrement, il ne servirait à rien d'avoir un millier de Mandela. Que peut un leader sans l'appui de partisans? C'est pourquoi il est erroné de se focaliser sur le premier et de ne pas tenir compte du type de partisans dont le Liban a besoin. De meilleurs partisans produisent de meilleurs chefs. Barbara Kellerman, professeur à Harvard, parle de cinq sortes de suiveurs: isolés, spectateurs, actifs, activistes et immobilistes. Il est difficile de situer la majorité des Libanais dans l'une de ces cases; par contre, il est incontestable qu'au vu de la conjoncture présente, ils se sentent déçus, nullement engagés, isolés quand d'autres, à des niveaux divers, se mobilisent pour ou contre le statu quo.
Depuis la guerre civile de 1975-1990, le contraste entre la majorité silencieuse et d'autres segments, plus bruyants, de la société a
représenté une marque dominante de l'histoire. Le désengagement collectif et le pessimisme sont à la source des problèmes du pays. La subsistance du Liban est en jeu et sa survie dépend de la nature de l'engagement de ses citoyens.
Ainsi que l'explique Kellerman, l'importance des suiveurs ne réside pas uniquement dans leur rapport au leader mais aussi dans leurs relations les uns avec les autres. En écoutant une conversation entre Libanais, il est facile de distinguer entre les échanges empreints d'optimisme susceptibles de mettre fin à l'impasse et les adeptes du non qui rejettent toutes les suggestions au nom d'une liste interminable de raisons.
La dynamique entre adeptes est toxique; elle décourage de nombreux citoyens tentés par une participation plus active. Nous avons besoin de passer d'un débat autour des problèmes à un débat autour des solutions pratiques.
On dit souvent que les hommes n'ont pas de meilleur gouvernement que celui qu'ils méritent. Quel que soit l'intérêt qu'il porte à la politique, tout Libanais assume une part de responsabilité, surtout aujourd'hui que le pays se trouve à la croisée des chemins. C'est pourquoi chacun de nous devrait prendre un peu de recul et réfléchir à de nouvelles idées et à l'avenir de son pays. Plus que jamais il est urgent de mobiliser la majorité silencieuse. C'est alors qu'émergera un Mandela libanais.

Georges Pierre SASSINE
Diplômé de la Harvard
Kennedy School

Le périple de Nelson Mandela devrait pousser les Libanais à réfléchir sur le leader dont ils ont besoin et sur les citoyens qu'ils voudraient être. Certains estiment que la crise politique actuelle au Liban requiert un chef comme Mandela, transcendant les considérations confessionnelles et partisanes. D'autres croient que le Liban a moins besoin d'un visionnaire que d'un gestionnaire, en...

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