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Liban - La situation

Déballages, manœuvres et guéguerres

Dire que la République se délite, c'est faire pire que se répéter : c'est désormais être bien en deçà d'une réalité d'autant plus triste que le Liban y parvient cette fois-ci sans guerre, comme si la faillite de l'État libanais était un objectif inscrit dans les lois de l'existence.


Le grand déballage auquel les Libanais ont eu droit hier entre le ministre des Travaux publics et celui des Finances sur fond de gestion des deniers de l'État donne certes une idée claire de l'état de la moralité publique dans les cercles du pouvoir. Mais il est à craindre, hélas, que, d'une part, ce combat singulier ne braque la lumière que sur la partie immergée de l'iceberg de la corruption dans ce pays, et d'autre part que cette corruption-ci n'en cache une autre, peut-être plus grave encore, celle qui consiste à ce que le jeu institutionnel soit constamment faussé.


Dans ce marasme qui dévore tout ou presque, une seule quasi-certitude continue de prévaloir : il n'y aura pas de guerre civile généralisée au Liban, car nul n'en veut, tout simplement. Hormis cela, tous les coups sont permis, naturellement.


À Tripoli d'abord, où le statu quo est appelé à se perpétuer sans changement majeur, en attendant que se décante la situation régionale, en particulier en Syrie. Pour l'instant, le calme est plus ou moins revenu dans la ville, grâce notamment à des interventions assez fermes de la part de certains milieux politiques influents. Mais rien ne permet à moyen terme, pas mêmes les mesures militaires prises sur le terrain, d'exclure un dix-neuvième round d'affrontements, puis un vingtième, un vingt-et-unième et même un trentième, tant qu'une vraie solution politique n'aura pas été trouvée au problème que connaît le chef-lieu du Nord.
Sur le plan constitutionnel ensuite, dans la mesure où l'on se dirige droit vers une foire d'empoigne sans précédent autour des moyens de combler le vide dans lequel s'installent les institutions du pays, l'une après l'autre.


En ce sens, on peut dire que la grande bataille pour la présidentielle a d'ores et déjà commencé et plutôt mal. S'efforçant de lutter contre les manœuvres qui se précisent de jour en jour dans le but d'opérer une sorte de hold-up sur la présidence lorsque celle-ci basculerait à son tour dans le vide, après le 25 mai prochain, le chef de l'État, Michel Sleiman, a par anticipation jeté l'opprobre sur les députés qui s'absenteront le jour voulu de la Chambre pour élire son successeur.


Et pour le cas où cela se révélerait insuffisant, M. Sleiman a clairement, quoique de manière implicite, fait savoir qu'en cas de vacance, c'est le gouvernement qu'il aura formé dans l'intervalle avec le Premier ministre désigné, Tammam Salam, qui devrait assumer l'intérim de la présidence de la République et non pas le cabinet sortant.


La cible visée est facilement identifiable : le 8 Mars, emmené dans ce domaine par le président de la Chambre, Nabih Berry, affûte toutes ses armes en vue de la présidentielle, dans l'espoir que ce positionnement lui permettrait de prendre cette échéance en otage avant de la « libérer » en échange d'acquis qui seraient peut-être plus difficiles à obtenir ultérieurement.


Pour cela, il faut mousser le cabinet sortant, voire le renflouer, afin d'en faire un épouvantail menaçant de prendre d'assaut la présidence après le 25 mai. D'où l'insistance des composantes du 8 Mars à obtenir une réunion du Conseil des ministres sur la question du pétrole, parce que, justement, une telle réunion équivaudrait à renflouer le gouvernement. Là aussi, le chef de l'État s'est mis en travers de la tentative, opposant une fin de non-recevoir à cette demande en arguant de l'avis négatif du Conseil d'État.


Cependant, en dépit de ces manœuvres communes, le 8 Mars semble se fissurer davantage, de jour en jour. Outre l'éloignement relatif – on serait tenté de parler plutôt d'égarement au sens propre du terme – du CPL du général Michel Aoun à l'égard du Hezbollah, c'est à présent la composante chiite elle-même qui présente des signes d'incohérence. Certes, il pourrait s'agir d'une répartition des rôles, mais ce qui se passe peut tout aussi bien refléter un désaccord grandissant correspondant à celui que l'on observe en Iran entre le président Hassan Rohani et les pasdaran.


L'épisode des accusations de Hassan Nasrallah contre l'Arabie saoudite et l'affaire des « excuses » de la chaîne al-Manar au gouvernement du Bahrein traduisent, entre autres, ces incohérences.

Dire que la République se délite, c'est faire pire que se répéter : c'est désormais être bien en deçà d'une réalité d'autant plus triste que le Liban y parvient cette fois-ci sans guerre, comme si la faillite de l'État libanais était un objectif inscrit dans les lois de l'existence.
Le grand déballage auquel les Libanais ont eu droit hier entre le ministre des Travaux...

commentaires (3)

Tfeh ... c'est tout ce qu'ils méritent...qu'ils soient des voleurs incompétents, les Libanais s'y étaient habitués...mais qu'ils étalent sans aucune vergogne leurs turpitudes avec une arrogance pareille, vraiment c'est trop...et à ceux qui se poseraient des questions...Haliburton et cie sont déjà prêts à venir piller le Liban avec l'aide de ses "officiles"....cf la belle pancarte sous laquelle était assis M. Vous savez qui lors de la dernière réunion pétrolière....Nous sommes une république bananière...sans bananes!

GEDEON Christian

18 h 40, le 10 décembre 2013

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Commentaires (3)

  • Tfeh ... c'est tout ce qu'ils méritent...qu'ils soient des voleurs incompétents, les Libanais s'y étaient habitués...mais qu'ils étalent sans aucune vergogne leurs turpitudes avec une arrogance pareille, vraiment c'est trop...et à ceux qui se poseraient des questions...Haliburton et cie sont déjà prêts à venir piller le Liban avec l'aide de ses "officiles"....cf la belle pancarte sous laquelle était assis M. Vous savez qui lors de la dernière réunion pétrolière....Nous sommes une république bananière...sans bananes!

    GEDEON Christian

    18 h 40, le 10 décembre 2013

  • Il toujours incompréhensible que M. Salam n'ai pas formé un gouvernement a ce jour. Il fait parti du mouvement du 14 Mars sans pour autant être dans un parti particulier, donc indépendant, et il est de son devoir de former un gouvernement avec la coopération du chef de l’État. Il le forme, le présente au parlement même si ce dernier ne l'approuvera pas. Du coup les ministres démissionnaires de 8 Mars sont partant et l’élection du Président remise sur les rails. Plus ils tardent plus ils exposent le Pays a des troubles et rendent les choses compliquées. Il faut que cela s’arrête quelque part et ils en ont la chance maintenant. Assez tergiverser! Au boulot!

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 03, le 10 décembre 2013

  • Bientôt à l'écran, la Débandade généralisée de ce Conglomérat Malsain et 8 Martien ! Ainsi soit-ïîîîl sur les Crânes Vidés et les Cervelles Simplifiées. N'challâh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 54, le 10 décembre 2013

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