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Culture - Concert

Palette d’émotions à travers les voix conjuguées d’un violoncelle et d’un clavier

Pour la fête du Roi, l’ambassade de Belgique à Beyrouth, avec le concours de l’AUB, a organisé un concert de musique classique sous les voûtes de l’Assembly Hall. Palette d’émotions et impressions sonores à travers les voix conjuguées du violoncelle de Nicolas Deletaille et du piano de Jean-Michel Dayez.

Nicolas Deletaille au violoncelle et Jean-Michel Dayez au piano. Photo Hassan Assal

Public nombreux pour une prestation dont deux jeunes musiciens européens ont en point commun, non seulement leur talent et leur fougue d’interprétation, mais leur formation à la Chapelle musicale Reine Elizabeth.
Sanglés dans des costumes aux tons gris sombre, cheveux coupés court, cravates sur chemises blanches, les deux interprètes avancent au-devant de la scène sous une pluie d’applaudissements. Au menu, concis, très XIXe siècle, liant des sensibilités différentes mais donnant toute priorité aux mélodies fluides et aux évocations de l’amour, de la contemplation et du bonheur de vivre, place à trois compositeurs : Richard Strauss, Gabriel Fauré et César Franck.
Ouverture avec le Munichois Richard Strauss, maître de La Femme sans ombre et du Chevalier à la rose, mais pas dans ses accords tendus et ses opéras avant-gardistes. Sur le pupitre et au-dessus des touches d’ivoire, la Sonate en fa majeur pour violoncelle et piano op 6. Une œuvre de première jeunesse (commencée presque à la fin de l’adolescence) sous l’influence de Schumann et Brahms.
Trois mouvements (allegro con brio, andante ma non troppo et allegro vivo) en tonalités d’une douceur bien romantique et au lyrisme aux teintes mélancoliques, un peu ombrageuses. Une partition qui ne présente encore guère l’originalité du Strauss qui allait passer dans le clan des modernes Liszt et Wagner de l’époque...
Pour prendre le relais, la brève mais tendre Élégie op 24 de Gabriel Fauré. Ligne mélodique suave et vaporeuse pour une narration invoquant, en dialogue subtil et à la passion retenue, les éclats mesurés de l’archet et les accords soutenus d’un clavier aux chromatismes nacrés et toujours caressants. Poésie impalpable de cette œuvre aux nuances délicatement soulignées telle une estampe aux contours suggérés en traits adroitement effacés.
Pour conclure, la longue et dense Sonate en la majeur du Liégeois César Franck. Une œuvre initialement écrite pour le violon du virtuose belge Eugène Ysaye et
réarrangée ici pour le violoncelle par Jules Delsart. Œuvre restée dans sa transcription aussi attachante, plus charnue et dramatique, même si le violon est certainement un instrument à la voix plus impérieuse et plus portée aux plaintes et sanglots virtuoses.
Quatre mouvements (allegretto ben moderato, allegro, recitativo-fantasiaben moderato, allegretto poco mosso) pour traduire les replis, les éblouissements, les méandres et les transformations de l’amour. Comprendre l’amour conjugal, pour le compositeur de l’oratorio Béatitudes, musicien d’église et organiste, mais qui n’en a pas moins toutefois une liberté et une ouverture d’esprit remarquables.
Pour tous ceux qui croient encore jusqu’à aujourd’hui que l’inspiration du père de la grandiose Symphonie en ré mineur n’est qu’eau bénite, il est temps de le réécouter dans des œuvres intimistes comme celle-là. Pour la richesse sonore, l’invention mélodique et les modulations qui captent l’attention et l’ouïe. Surtout dans le troisième mouvement, tout en phrases denses, serrées
et à l’enchevêtrement
contrapuntique habile. Retrouver ces phrases cycliques bien « franckiennes », comme une rosace qui se referme ou s’ouvre sur ses pétales et ses cercles, anneaux qui se soudent et fusionnent, telle est sans doute la métaphore sonore des vertiges de l’amour qu’évoque le maître de Chapelle à Sainte-Clotilde...
Deux fringants musiciens, maîtrisant, en grande partie, netteté des sons et aisance du jeu, tels sont les atouts majeurs de ce concert au programme élégamment concocté et servi avec cœur et sensibilité. Et généreusement applaudi par l’auditoire.

Public nombreux pour une prestation dont deux jeunes musiciens européens ont en point commun, non seulement leur talent et leur fougue d’interprétation, mais leur formation à la Chapelle musicale Reine Elizabeth.Sanglés dans des costumes aux tons gris sombre, cheveux coupés court, cravates sur chemises blanches, les deux interprètes avancent...

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