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Liban - L’éclairage

Revitaminé après son escale saoudienne, Sleiman pourrait accélérer les choses

Dire que la scène locale est directement touchée par les guerres des autres est un euphémisme. Le face-à-face est clairement sunnito-chiite, maintenant qu’il est clair que certaines factions libanaises dépendent organiquement d’un agenda étranger et qu’elles privilégient les intérêts d’autres avant l’intérêt national. Pour preuve : cette incapacité chronique à former un gouvernement alors que tout le monde appelle cette naissance de ses vœux. Sauf que chaque partie fait tout pour que cela se fasse selon ses conditions et ses desiderata. Cela sans compter l’implication jusqu’à la moelle de groupes libanais dans la guerre civile en Syrie, et notamment le Hezbollah qui combat aux côtés des soldats de Bachar el-Assad et qui refuse catégoriquement la moindre ébauche de distanciation, la moindre clause de la déclaration de Baabda. Cela se répercute par une tension évidente dans le discours politique et par des frictions armées qui mettent en péril sécurité et stabilité du Liban.


Un député aouniste dit à ce sujet que c’est bien cela qui empêche qu’un accord soit trouvé sur le plan gouvernemental et que tant que l’Arabie saoudite et l’Iran resteront en bisbille, aucun cabinet ne verra le jour. Et selon un diplomate en poste à Beyrouth, ce qui se passe à Tripoli entre Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen reproduit exactement le schéma sclérosé du conflit régional. D’ailleurs, le patron du Parti arabe démocratique Ali Eid ne s’était absolument pas gêné pour annoncer publiquement qu’il obéit aux ordres syriens et qu’il travaille pour le compte de Bachar el-Assad contre l’Arabie saoudite. Et le camp du 8 Mars, Hezbollah en tête, avait prévenu le président Sleiman, à la veille de sa visite à Riyad, des « dangers » du non-respect des « constantes de la résistance », parce que cela « serait impossible à mettre en application au Liban ».


En attendant, tout montre que le vide institutionnel béant dont souffre le Liban ne déplaît pas au 8 Mars, loin de là, qui n’a fait aucun effort ni adopté le moindre ton positif, contrairement au 14 Mars qui a accepté, sur demande du chef de l’État, le principe d’un gouvernement fédérateur du genre union nationale au lieu du gouvernement neutre et technocratique que l’Alliance appelait de ses vœux. Le 14 Mars aurait même accepté la formule du 6/9/9, n’était-ce le ton extrêmement agressif et provocateur du Hezbollah...


Dans les milieux aounistes, on dit volontiers que les choses continueront à stagner et que le gouvernement Salam n’est pas près de voir le jour, malgré la « bonne volonté » du CPL qui veut multiplier les rencontres avec ses adversaires politiques – des rencontres déjà entamées d’ailleurs, place de l’Étoile, avec le courant du Futur. Ces milieux précisent qu’une fois tous les entretiens menés (avec les FL, les Kataëb, le PSP, Amal et le Hezbollah...), un bilan sera fait et une esquisse de solution proposée à toutes les parties.


À ce sujet, le centrisme est un mot qui revient de plus en plus fréquemment sur les lèvres, notamment après les dernières prises de position de Walid Joumblatt et les propos de Michel Aoun, qui avait assuré être « stratégiquement » l’allié du Hezb, mais qu’il était « indépendant sur le plan tactique » et dans « les affaires du quotidien ». On évoque ainsi la création d’un front centriste qui accompagnerait l’initiative aouniste et regrouperait tous ceux qui essaient de s’éloigner des deux pôles adverses et qui jouerait le rôle d’arbitre.


Pour un ancien ministre, le timing de la visite de Michel Sleiman en Arabie saoudite est très « délicat ». Le Liban, dit-il, peut profiter des circonstances internationales et régionales, des vents nouveaux et relativement doux qui soufflent tant sur le nucléaire iranien que sur Genève 2. Le Liban, ajoute-t-il, peut tout autant profiter de cette visite d’autant que les dirigeants wahhabites ont accueilli le président Sleiman à bras ouverts, appuyant ostentatoirement ses prises de position et la politique qu’il suit depuis plusieurs mois. Riyad, d’ailleurs, estime que ce qu’a fait M. Sleiman « a sauvé le Liban ». Les observateurs assurent que tout cela veut dire que l’Arabie saoudite va ressusciter « l’intérêt » qu’elle porte au Liban et aux affaires régionales.


Est-ce que cela veut dire que la formation du gouvernement Salam va s’en trouver accélérée ? Rien n’est moins sûr, mais le chef de l’État est rentré à Beyrouth nettement reboosté, et qu’il propose, avec Tammam Salam, un gouvernement d’union dans les prochains jours ou les prochaines semaines ne surprendra pas grand monde.

 

 

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