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Liban - Maltraitance

Lancement d’un plan national pour l’élimination des pires formes de travail de l’enfant

Salle comble hier au palais de Baabda pour le lancement, par le ministère du Travail et en collaboration avec l’Organisation internationale du travail (OIT), du plan national d’action pour l’élimination des pires formes de travail des enfants au Liban d’ici à 2016. Un événement qui a vu la participation du président Michel Sleiman, personnellement engagé dans cette campagne.

Michel et Wafa’ Sleiman entourés d’enfants hier au palais de Baabda. Photo Dalati et Nohra

Ils devraient être sur les bancs de l’école. Mais ils sont dans la rue à mendier, à vendre des fleurs, du café ou des chewing-gums, à fouiller dans les poubelles, à travailler dans des garages ou des menuiseries, dans des champs agricoles ou des usines. Miséreux, sans éducation, exploités par des adultes peu scrupuleux, certains glissent dans la prostitution, dans le monde de la pornographie infantile ou dans le trafic de drogue. D’autres prennent les armes, comme à Tripoli. C’est par dizaines de milliers que les enfants du Liban travaillent dans des domaines dangereux pour leur santé et leur développement, moyennant 30 000 LL par semaine dans le meilleur des cas. Une triste réalité brossée dans un documentaire par la cinéaste Carol Mansour. Avant la crise syrienne, on estimait leur nombre à 100 000 au moins. Mais avec l’augmentation de la pauvreté et l’afflux des réfugiés syriens, dont une grande partie est déscolarisée, ce chiffre pourrait doubler, voire tripler.

Un plan d’action triennal en onze points
Le plan triennal d’action vient donc à point, même s’il est quelque peu audacieux. Car il promet d’intervenir sur onze points distincts, comme l’explique Hayat Osseirane, coordinatrice du projet auprès du ministère du Travail. Ces points ont été mis en place sur la base de la Convention internationale des droits de l’enfant, avec la collaboration de 6 enfants qui travaillent, issus des différentes régions du pays. Il entend d’abord moderniser la législation locale relative au travail des enfants. Il vise aussi à renforcer l’enseignement gratuit et obligatoire, à intégrer les enfants qui travaillent dans le système éducatif ou à développer leurs capacités par le biais de formations professionnelles. Il envisage, de plus, de trouver des opportunités économiques aux parents et aux jeunes adultes.
Ce plan d’action, dont le coût s’élève à 23 millions de dollars, devrait également favoriser la création de centres de services de développement, et faire participer les autorités et les communautés locales aux programmes de développement visant à lutter contre le travail des enfants. La réhabilitation des enfants qui travaillent et la prévention sont enfin partie intégrante de la stratégie nationale. Parallèlement, une étude statistique devrait donner des informations plus précises sur l’importance du phénomène dans le pays.
« Les enfants qui travaillent sont privés de leur innocence et de leurs droits les plus essentiels, comme celui de grandir dans la chaleur familiale », a souligné Michel Sleiman, pour l’occasion, devant un important parterre de personnalités politiques et diplomatiques, parmi lesquelles son épouse Wafa’ et une poignée d’enfants qui travaillent.
« Cette réalité les expose à des risques sanitaires et psychologiques, et en fait des proies faciles à de nouvelles formes de perversion. Les enfants du Liban n’aspirent pourtant qu’à une vie normale et tranquille, au sein d’un environnement qui les protège de l’injustice, d’une famille qui les préserve de la violence et d’une école qui leur inculque les valeurs de base », a-t-il dit. « Or, la réalité est bien loin de leurs rêves », a déploré le chef de l’État qui n’a pas hésité à montrer du doigt la crise politique locale et régionale, ajoutée à la pauvreté, l’ignorance et le sous-développement.

Agir vite pour protéger les milliers d’enfants qui travaillent
« Le Liban accorde au problème l’importance qu’il mérite », a assuré M. Sleiman. C’est dans cette optique qu’il a signé les conventions internationales et arabes, et mis en place les lois pour lutter contre le travail de l’enfance. C’est également dans cette optique qu’il tente d’appliquer les lois. « Mais le travail des enfants est le résultat de nombreux facteurs, a-t-il noté, parmi lesquels la famille, l’école, l’université, mais aussi la crise économique, sociale, sécuritaire et politique. »
L’événement a été marqué par le discours poignant d’un enfant qui travaille, Hassan Atoué, et par ses remerciements au président de la République pour son initiative. « Nous avons droit à une seconde chance », a-t-il lancé, appelant à l’éradication du travail de l’enfance au Liban.
Il a également vu la participation du ministre sortant du Travail, Sélim Jreissati, qui aspire à « une société vide des pires formes de travail de l’enfant ». Et qui a passé en revue les actions de son ministère dans ce sens, parmi lesquelles le décret 8987 de 2012, interdisant l’embauche d’enfants de moins de 18 ans dans des métiers où ils peuvent subir des dommages physiques ou psychologiques. « Mais les lois ne suffisent pas à elles seules, a-t-il tenu à préciser, même si on ne peut rien faire sans les lois. »
De son côté, la représentante de l’OIT, Nada el-
Nachef, a salué l’adoption de ce plan. « Son application est un devoir », a-t-elle estimé, tout en insistant sur la nécessité « d’agir vite pour protéger les milliers d’enfants qui travaillent pour lutter contre la pauvreté ».
Le pays du Cèdre saura-t-il relever le défi ? Il faut l’espérer, même si la tâche relève du miracle, avec l’afflux des petits réfugiés syriens.
Ils devraient être sur les bancs de l’école. Mais ils sont dans la rue à mendier, à vendre des fleurs, du café ou des chewing-gums, à fouiller dans les poubelles, à travailler dans des garages ou des menuiseries, dans des champs agricoles ou des usines. Miséreux, sans éducation, exploités par des adultes peu scrupuleux, certains glissent dans la prostitution, dans le monde de la...

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