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À La Une - Éclairage

L’attente, une fois de plus !

Le Liban semble une fois de plus condamné à attendre... La formation d’un nouveau gouvernement qui paraissait acquise dès le retour du chef de l’État de New York est de nouveau compromise. Subitement, il n’est pas seulement plus question d’un gouvernement du fait accompli, mais même de toute autre formule politique, technique ou « non partisane ». C’est le message le plus clair qui transparaît, selon les milieux politiques dits indépendants, de la décision saoudienne de reporter la visite du chef de l’État à Riyad. Le président Sleiman avait en effet annoncé son intention de former un gouvernement le plus tôt possible, probablement avant la fête de l’Adha, selon l’interview qu’il avait accordée au quotidien français Le Figaro, avant de nuancer ses propos par la suite. En réalité, selon des sources « centristes », le chef de l’État comptait sur l’appui des Saoudiens et des pays du Golfe puisqu’il avait l’intention d’y effectuer une tournée, après sa visite à Riyad pour signer le décret de formation du nouveau gouvernement qui devait être basé sur la formule dite 3x8, avec une rotation des portefeuilles ministériels selon la revendication du 14 Mars.

 

Mais cette détermination a été une première fois ébranlée par le dernier discours du secrétaire général du Hezbollah, dans lequel il a démontré que la formule dite des 3x8 est en réalité à l’avantage du 14 Mars qui devrait ainsi obtenir en réalité 10 ministres, les 8 reconnus, plus le Premier ministre désigné et celui qu’il choisira, Tammam Salam étant au final dans la mouvance du 14 Mars, même s’il a aussi été désigné par le 8 Mars et ses alliés. Le second coup est venu de Walid Joumblatt qui, à partir de la chaîne du Hezbollah, al Manar, a estimé que cette formule n’était plus de mise. En réalité, le chef du PSP dont « les radars » fonctionnent à pleins tubes, a capté avant les autres le changement de la tendance générale dans le monde. D’abord, il a commencé par saisir l’ampleur de l’accord russo-américain sur l’arsenal chimique syrien.

Alors que nombreux au Liban croyaient encore que les frappes militaires américaines sur la Syrie n’étaient que partie remise, Joumblatt pensait que si elles ont été reportées une première fois, elles le seraient forcément une seconde et une troisième. Ensuite, il a su interpréter le signal donné par la conversation téléphonique entre les présidents Obama et Rohani. Les sources centristes sont ainsi convaincues que Walid Joumblatt croit désormais que tous ces développements internationaux auront forcément des répercussions sur la Syrie et sur le Liban. Même s’il n’était pas à New York, il a compris que le rapport des forces internationales a changé et que le renversement du régime syrien annoncé et attendu par certaines capitales arabes ne devrait pas être pour bientôt.

Par conséquent, tous les plans établis et visant à former un gouvernement de fait accompli, favorisé par la chute d’Assad et l’appui des monarchies du Golfe, ne sont plus ainsi de mise. Car un gouvernement ne jouissant pas de l’appui du 8 Mars (et de ses alliés), pas encore affaibli par la chute du régime syrien, sera forcément considéré comme un défi par ce camp et, en raison du rapport des forces internes, ne peut que compliquer la situation, s’il ne possède pas une couverture arabe et régionale. D’ailleurs, le 8 Mars n’a cessé d’envoyer des messages clairs sur son refus total d’une telle démarche et sur les conséquences désastreuses qu’elle pourrait avoir sur le pays.


Selon les mêmes sources centristes, les Saoudiens qui avaient conseillé auparavant aux visiteurs du 14 Mars pressés de former un gouvernement d’attendre « car des surprises pourraient se produire en Syrie », doivent désormais revoir leurs plans. Toutes les réactions reflétées par la presse saoudienne et par les déclarations des responsables de Riyad eux-mêmes montrent leur déception, voire leur colère, face à ce qui est considéré comme une faiblesse américaine à l’égard de la Russie et de l’Iran. Et s’ils doivent faire des concessions sur certains dossiers, dont le Liban, ils préfèrent les concéder à l’Iran et à son nouveau président, plutôt qu’au chef de l’État libanais. C’est pourquoi le Liban est de nouveau plongé dans l’attente, dans l’espoir que son dossier figure en bonne place dans les entretiens qui devraient avoir lieu entre le roi Abdallah et Hassan Rohani dans le cadre de la visite que ce dernier compte effectuer en Arabie... Si cette visite est maintenue et si la rencontre a lieu, il y a lieu d’espérer un déblocage sur le plan interne libanais. Sinon, le statu quo actuel est appelé à se prolonger et sera rythmé par les développements du dossier syrien.

 

 

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