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À La Une - Syrie

« Les États-Unis et l’Occident sont en train de radicaliser les gens ici », accusent les rebelles d'Alep

Près de la moitié des 100 000 insurgés en Syrie seraient aujourd’hui des islamistes radicaux.

Face à l’indifférence occidentale, « nous avons commencé à nous rapprocher d’el-Qaëda, parce que ce sont eux qui se battent et qui meurent pour nous », affirme Abou Mohammad (au centre – main levée), un imam sunnite aumônier de la brigade Liwa al-Tawhid. J.M. Lopez/AFP

Les hésitations occidentales à soutenir les rebelles syriens ont contribué à renforcer les troupes jihadistes qui combattent le régime Assad, estiment les rebelles d’Alep.


Mercredi dernier, 13 factions rebelles ont annoncé qu’elles rompaient avec l’opposition syrienne soutenue par les Occidentaux pour former une alliance incluant la branche locale d’el-Qaëda. L’opposition regroupée au sein de la coalition nationale « ne nous représente pas et nous ne la reconnaissons pas », ont-elles affirmé dans un communiqué appelant à faire de la loi islamique « la seule source de législation ». Cette décision inquiète la communauté internationale qui craint la radicalisation de la rébellion.


Pour Abou Mohammad, un imam sunnite aumônier de la brigade Liwa’ al-Tawhid, proche des Frères musulmans, ce changement d’allégeance est pragmatique. « Les États-Unis et l’Occident sont en train de radicaliser les gens ici. Face à leur indifférence, nous avons commencé à nous rapprocher d’el-Qaëda, parce que ce sont eux qui se battent et qui meurent pour nous, tandis que le monde ne fait que regarder. » Selon l’IHS Jane’s Terrorism and Insurgency Centre, près de la moitié des quelque 100 000 combattants rebelles en Syrie sont aujourd’hui des islamistes radicaux. La faute, pour Abou Ammar, qui commande une importante brigade d’Alep, en incombe directement à Barack Obama. « Les États-Unis ont promis au peuple syrien qu’ils ne laisseraient pas Assad franchir la ligne rouge (d’une attaque chimique) et qu’ils attaqueraient. Mais ce n’étaient que des mensonges », se désole-t-il. Les États-Unis ont un temps menacé la Syrie d’une intervention militaire en accusant le régime d’avoir mené une attaque chimique ayant fait, selon eux, près de 1 500 morts le 21 août près de Damas. Mais la voie diplomatique a été préférée pour aboutir, vendredi soir dernier, à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur un démantèlement de l’arsenal chimique syrien.

 

 

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Vaines promesses
Les habitants d’Alep « n’ont aucune confiance en la communauté internationale ou dans les promesses occidentales, et c’est pour cela qu’ils se sont alliés aux islamistes et aux groupes proches d’el-Qaëda », explique Abou Ammar. En outre, les combattants rebelles n’apprécient pas les chefs de l’opposition, installés pour la plupart à l’étranger. Abou Abeida, commandant de la brigade Shabab al-Daraa, qui fait partie des 13 factions ayant quitté l’opposition, explique : « Vous ne pouvez pas parler de la Syrie depuis la Turquie. Nous ne voulons rien avoir à faire avec des politiciens qui ne sont pas en Syrie en train de se battre à nos côtés. » Même le chef de la coalition d’opposition, Ahmad Jarba, accuse les Occidentaux d’avoir, par leur indifférence, renforcé les brigades jihadistes. L’extrémisme « a progressé à cause de l’indifférence de la communauté internationale qui a échoué à remplir ses devoirs envers le peuple syrien », a-t-il déclaré lors d’une réunion des Amis du peuple syrien à New York.

 

 

(Pour mémoire : A Maaloula, le couvent de Mar Takla "vit des jours douloureux")


L’opposition a réclamé à cor et à cri une aide militaire, mais la communauté internationale se montre réticente par crainte de voir ces armes tomber dans les mains de groupes radicaux. Ces hésitations occidentales alimentent les doutes sur le terrain. Certains sont même persuadés que les États-Unis jouent un double jeu, et que malgré leurs appels à la démission d’Assad, ils soutiennent le dirigeant. « Les Américains soutiennent tous les dictateurs du Moyen-Orient, et s’ils se débarrassent d’un, c’est pour le remplacer par un autre », affirme Abou Ammar.
Avec le temps, les changements d’allégeance deviennent de plus en plus idéologiques, souligne l’imam Abou Mohammad. « Nous avons besoin d’un État islamique mais pas fondé sur l’islam radical. Il y a de nombreux pays qui sont religieux, où la loi est fondée sur la religion, comme l’Arabie saoudite », explique-t-il.

 

 

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