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Liban - Vient de paraître

Jadis, au cœur d’un triangle d’or, il y avait... Choueir

Il y a Khalil, Ghattas, Rachid, Neemat et Tannous en costume traditionnel : de bonnes têtes de montagnards burinées par le vent, le soleil et la neige. Il y a aussi les « abadays » du village. Des visages et des scènes pittoresques de la fin du XIXe et du début du XXe émergent de l’oubli et défilent dans un ouvrage intitulé « Choueir et ses collines ».

En 1920, la voiture s’affiche dans le Haut-Metn.

C’est la mémoire d’une génération, la mémoire d’une région que réveille Badr el-Hage dans son livre-album, paru aux éditions Kutub. Grâce à 347 photographies et à une série de cartes postales, dont une partie a été empruntée à la collection Fouad Debbas, des hommes, des femmes et des enfants racontent des tranches de vie où explosent comme des feux d’artifice multicolores us, coutumes et modes vestimentaires d’un temps révolu. Avec, en arrière-plan, un patrimoine architectural et paysager aujourd’hui disparu.

Fascination
Cette aventure, véritable fresque déployée sur 275 pages, est née d’une rencontre avec William Wadih Moujaès qui offre à Badr el-Hage, féru d’œuvres d’art et de cartes postales et auteur de la collection d’art islamique du musée du Qatar, un lot de cent anciennes photographies prises par son père Wadih Sabeh Moujaès, portraitiste de Dhour. Le coup de cœur est immédiat. Fasciné par ces clichés, l’auteur se lance dans la chasse au trésor.
Entre le Bois de Boulogne, Btéghrine, Dhour, Khenchara et autres bourgs de la région, il amasse et accumule des piles de portraits et de scènes représentant divers événements : mariages ; funérailles ;
visite à Choueir du consul russe (en 1898) ; concert de piano et festival culturel en présence du patriarche Grégoire IV (1920) ; réception donnée en l’honneur du diplomate français Bounoure à l’hôtel Kfoury (1930) ; journée champêtre à Aïn al-Sarfad (1930) ; concours d’athlétisme à l’école de Aïn al-Qassis, etc. Cerise sur le gâteau, avec une bonne dose d’humour : la pose superhollywoodienne des « abadays », en « oumbaz » ou sarouels... Ainsi, les centaines de pièces dépoussiérées et restaurées vont tisser une
véritable symphonie pastorale.

À pied, puis la diligence
S’appuyant sur plusieurs sources, notamment les archives du journal Merhata publié à l’époque par le directeur de l’école orthodoxe Ibrahim Mounzer et les écrits de l’orientaliste ukrainien Agatangel Krimsky, l’auteur propose un petit aperçu historique sur Choueir.
En vrac : en 1875, les frères Farès et Samir Gebrayel Moujaès étaient les premiers habitants à quitter Choueir pour s’installer à Dhour, occupé jusque-là par deux magnaneries, l’une appartenant à la famille Kfoury, et l’autre à Semaan Saba el-Halabi. En 1906, la colline atteindra les 42 habitations, mais c’est à la fin de la Première Guerre mondiale qu’elle connaîtra son essor. En 1897, Agatangel Krimsky signale que pour se rendre à Beyrouth, les habitants allaient à pied jusqu’à Bickfaya pour prendre la diligence... Entre-temps, les Sacrés-Cœurs (1854) et les missionnaires protestants (1859 et 1874) ouvrent leurs établissements scolaires. Deux imprimeries implantées dans la région, celle de Sabi’ Maalouf (1897) et l’imprimerie Saint-Jean al-Sayegh (1734), ont aidé à l’essor des journaux dont Merhata, al-Hurriat wal Taquaddum, et al-Ikha’a wal Mawaddah.
Les habitants de Choueir, qui s’étaient rendus célèbres jusqu’en Palestine dans l’art de la construction et de la taille de la pierre, vivaient aussi de la production du vin et du
tabac. En 1923, Semaan Sawaya et ses enfants et la société Saadallah et Chami avaient chacun leur usine de tabac. Une troisième à Khenchara appartenait à Hanna Kassouf et frères. De plus, l’activité séricicole était importante à Khenchara, Btéghrine, Jouar et Choueir, où au début des années trente Antoun Saadé entreprend l’organisation des cellules secrètes du parti PSNS...
Mais en raison de la concurrence, puis de la guerre du Liban, les activités de Choueir et des environs connaîtront un grave déclin. Aujourd’hui, il n’en reste plus que le fourmillement des estivants en été (quand tout va bien...), et ce parfum de nostalgie qui s’exhale du très beau et très serein ouvrage de Badr el-Hage.
Captivant.
C’est la mémoire d’une génération, la mémoire d’une région que réveille Badr el-Hage dans son livre-album, paru aux éditions Kutub. Grâce à 347 photographies et à une série de cartes postales, dont une partie a été empruntée à la collection Fouad Debbas, des hommes, des femmes et des enfants racontent des tranches de vie où explosent comme des feux d’artifice multicolores...

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Belle Histoire . A lire . Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

14 h 39, le 27 septembre 2013

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Commentaires (1)

  • Belle Histoire . A lire . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    14 h 39, le 27 septembre 2013

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