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À La Une - La situation

La dernière ligne droite avant... le gouvernement

Le Liban sera-t-il doté d’un gouvernement vers la fin du mois de septembre ou le début d’octobre, au lendemain du retour du président de la République de New York ? Pour la première fois depuis de longs mois, une telle perspective paraissait hier assez réaliste, sans que l’on puisse toutefois à ce stade parler de certitude, tant les données restent tributaires de l’évolution de plusieurs paramètres.


Dans les milieux proches de la présidence, on souligne que Michel Sleiman part aux Nations unies avec le sentiment confiant qu’il va être en mesure d’y récolter un soutien international allant au-delà de la question de l’aide à prodiguer au Liban pour lui permettre de subvenir aux besoins des populations syriennes déplacées sur son sol.


Le chef de l’État sait déjà par avance que son crédit est en passe d’être sérieusement renforcé par le soutien politique que plusieurs de ses pairs internationaux, et non des moindres, s’apprêtent à exprimer pour la politique de distanciation qu’il a adoptée à l’égard du conflit syrien. Cette politique, il ne s’est pas contenté de la mettre en œuvre empiriquement, il a réussi habilement à la conceptualiser à la perfection dans cette doctrine désormais incontournable qu’est la déclaration de Baabda. Que M. Sleiman ait pu saisir le moment opportun pour obtenir l’adhésion des divers protagonistes libanais à ce texte, et en particulier du Hezbollah, est une preuve supplémentaire de son habileté ; et si, aujourd’hui, le parti de Dieu est amené à se dédire à cet égard, c’est à ses risques et périls qu’il le fait.

 

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Le président est donc parti pour New York avec, en tête, l’idée qu’à son retour, il sera en mesure, enfin, de prendre le taureau par les cornes et d’inciter son Premier ministre désigné, Tammam Salam, à lui présenter la mouture gouvernementale qui leur convient à tous les deux et qu’il s’empressera bien évidemment de ratifier.


Quelle est cette mouture ? Les contours en sont déjà bien connus : il s’agirait d’un gouvernement de nature et de composition politiques, répondant à la formule des « trois 8 » (huit ministres pour le 14 Mars, huit autres pour le 8 Mars et huit pour les centristes, y compris le Premier ministre et ses proches), sans tiers de blocage pour quiconque, obéissant au principe de l’alternance dans la répartition des portefeuilles et dont la politique serait fondée sur la déclaration de Baabda.


Exit donc pour le triptyque « armée-peuple-résistance » qui serait renvoyé, comme cela paraît être dans la logique des choses, au dialogue sur la stratégie défensive, lequel devrait reprendre aussitôt après la mise sur pied du gouvernement.
Quand on sait que ce triptyque a orné les déclarations ministérielles de tous les gouvernements qui se sont succédé depuis Taëf, on mesure l’ampleur du changement que sa disparition entraînerait pour tout le monde, le cas échéant.
Sans paraître s’opposer aux velléités présidentielles, le chef du PSP, Walid Joumblatt, continue jusqu’à cet instant à inciter ses partenaires à la prudence. Serait-il fait cas de son souhait d’attentisme ? Les prochains jours le diront.

 

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En revanche, il semble bien que le président Sleiman ait reçu le soutien total du chef du courant du Futur, Saad Hariri. Son conseiller Nader Hariri et le vice-président de la Chambre, Farid Makari, le lui ont transmis dernièrement. L’ancien Premier ministre a notamment fait savoir que dans la mesure où le tiers de blocage et le triptyque cher au Hezbollah seraient passés par la trappe, il soutiendrait tout ce que le chef de l’État déciderait par ailleurs. Ainsi, M. Hariri est donc désormais clairement d’accord pour qu’un gouvernement de nature politique soit mis sur pied, « avec ou sans » le 14 Mars.


Mis au courant de ces évolutions, le Hezbollah s’efforce quant à lui de hausser les enchères, du moins verbalement. Sur le terrain, c’est plutôt le contraire qui se passe, comme en témoigne son acceptation d’une « livraison » de la banlieue sud aux forces de la légalité. On a beau savoir que ce transfert se fera entièrement aux conditions du parti et avec son plein assentiment pour chaque détail du déploiement militaire qui s’ensuivra, il reste que le Hezb s’est retrouvé contraint de se soumettre ne serait-ce qu’à une façade de légalité après la campagne menée par le 14 Mars contre la « sécurité privée » qu’il avait mise en œuvre dans la banlieue sud dans la foulée de l’attentat de Roueiss.

 

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Depuis quelques jours, le parti chiite se livre à un matraquage en règle pour ce qui est de ses conditions gouvernementales, à savoir la représentation au prorata du poids parlementaire de chaque bloc (autrement dit le tiers de blocage) et, bien sûr, le triptyque. Il est même allé jusqu’à remobiliser le général Michel Aoun sur ces thèmes, après une longue période de quasi-abandon. Réponse du 14 Mars : le tiers de blocage pourrait, à l’extrême limite, passer, mais jamais plus le triptyque.


Le secrétaire général du Hezb, Hassan Nasrallah, doit s’exprimer ce soir à la télévision. Si la tonalité de son discours est élevée, le jeu consistera à distinguer la pure rhétorique martiale du vrai étalage de muscles. Pour nombre d’observateurs locaux, l’accord américano-russe sur la Syrie, les velléités pacifistes du nouveau président iranien dans la région et ses échanges doucereux avec l’administration américaine tendent à faire croire que le discours relèverait bien davantage de la première que du second.

 

 

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