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À La Une - Éclairage

La situation sécuritaire reste la hantise des Libanais

La situation sécuritaire continue à hanter les Libanais qui ajoutent à leur crainte de l’éclatement d’une guerre régionale la peur de ses conséquences et la menace des attentats à la voiture piégée. D’ailleurs, chaque jour des rumeurs circulent sur la découverte d’une voiture piégée çà et là, mais elles ne sont pas confirmées par des sources officielles et aucun indice concret ne permet de dire qu’elles sont vérifiées. Une source militaire affirme à ce sujet qu’il ne faut pas prêter attention à tout ce qui se dit, précisant que les services de sécurité font leur travail et ont augmenté leurs mesures de vigilance. La source militaire ajoute que plus les enquêtes se font discrètes et plus elles ont des chances d’aboutir à des résultats sérieux.

 

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Le problème toutefois, c’est que les derniers attentats aux voitures piégées qui ont secoué récemment le Liban sont le fait de groupes professionnels qui fonctionnent comme des cellules totalement indépendantes les unes des autres, sur la base d’un cloisonnement systématique. Ce qui rend plus difficile leur arrestation et surtout l’identification véritable de l’ennemi qui tire les ficelles. Jusqu’à présent, les services de renseignements de l’armée ont découvert quatre cellules, celle de Naamé, celle dite des obus tirés à partir du Sud, celle des attentats de Roueiss et de Bir el-Abed et celle dite de la Békaa. Des personnes appartenant à chacune de ces cellules ont été arrêtées. Les aveux et les indices, selon la source militaire, montrent jusqu’à présent que toutes ces cellules sont plus ou moins liées à certaines parties takfiries au sein de l’opposition syrienne, mais il n’a pas encore été possible d’établir le lien entre elles et de démontrer qu’elles dépendent toutes de la même autorité, à cause justement du cloisonnement avec lequel elles fonctionnent. Par exemple, celui qui piège la voiture ne sait pas qui lui a demandé de le faire et ne sait pas non plus à quel lieu elle est destinée. De même, celui qui la fait exploser ne sait pas non plus qui l’a piégée et pour le compte de qui. Chaque élément de la cellule exécute sa mission sans poser de questions et sans rien savoir de l’objectif final ni des commanditaires. Ce qui, selon les experts, dénote l’existence derrière toutes ces cellules d’un grand service de renseignements très professionnel.

 

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La source militaire reconnaît que l’étape actuelle est très délicate et que le parapluie de sécurité qui protégeait le Liban est remis en cause, sans avoir totalement disparu. La priorité internationale et régionale est actuellement au dossier syrien, qui pourrait déclencher une guerre complexe, impliquant beaucoup de parties et de pays. Il est donc normal dans un contexte aussi explosif que le Liban devienne une préoccupation secondaire. C’est pourquoi, si une partie régionale estime que déstabiliser le Liban peut servir sa position et ses intérêts sur le dossier syrien, elle peut agir sans risque, puisque le monde est occupé ailleurs. Cela ne signifie pas que la décision de déstabiliser le Liban a été prise, mais simplement, que ce pays n’est plus une priorité et par conséquent, certaines parties pourraient en profiter pour agir. C’est dans ce contexte que la source militaire place les derniers attentats qui ont secoué le Liban, penchant pour la thèse du même commanditaire, à Tripoli et dans la banlieue sud, tout en reconnaissant qu’il n’y a pour l’instant aucune preuve, ni dans un sens ni dans l’autre. 

 

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Toutefois, ce n’est pas ce que montrent les enquêtes, à ce stade. Celle menée par les services de renseignements de l’armée sur les voitures piégées de la banlieue sud est sur le point d’aboutir et le ministre de la Défense ainsi que le commandant en chef de l’armée ont eux-mêmes évoqué des cellules takfiries. L’enquête menée par le service de renseignements des FSI à Tripoli tend plutôt à accuser le régime syrien. Cette thèse est toutefois contestée par une source proche du Mouvement de l’unification islamique. Elle affirme que jusqu’à présent, il n’existe pas de preuves irréfutables accusant le régime syrien. L’enquête repose sur les aveux de cheikh al-Gharib qui aurait déclaré avoir entendu dire que des attentats se préparaient dans la ville. Mais en matière d’enquête judiciaire, on ne peut pas considérer de tels propos comme des preuves.

 

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Ce sont des pistes qui doivent encore être creusées. Or, selon la source du MUI, le dossier est quasiment vide, surtout depuis que cheikh Minkara a déclaré que cheikh al-Gharib avait été torturé. La même source se demande à cet égard pourquoi les deux mosquées visées par les deux voitures piégées relevaient de la responsabilité de cheikh Salem Raféi, fondateur certes du courant salafiste au Liban, mais qui reste une figure (relativement) modérée. Il s’était d’ailleurs toujours empressé de condamner le recours à la violence pour régler les problèmes, même s’il a condamné en termes très violents le régime syrien et ses alliés. Ces derniers temps, cheikh Raféi avait aussi condamné les arrestations des Frères musulmans en Égypte, s’étant clairement prononcé en faveur de ces derniers. La source du MUI estime donc que l’enquête doit aller dans toutes les directions, avant de désigner un coupable. 


En attendant le mot de la fin qui appartient à la justice – et qui risque de tarder – la seule conclusion se résume ainsi : le Liban est en pleine zone de turbulences. Les attentats à la voiture piégée restent une possibilité plausible et la communauté internationale a aujourd’hui les yeux tournés ailleurs...

 

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