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Économie - Liban - Portraits

Des métiers qui ne payent pas de mine, mais qui payent... bien !

Cuisinières, esthéticiennes, femmes de ménage à domicile... Par choix ou hasard de vie, elles travaillent chez des particuliers et proposent toutes sortes de services à domicile. Peu valorisés par la société, ces métiers sont pourtant souvent bien plus lucratifs que d’autres emplois considérés plus « honorables ».

Mariam, 33 ans, esthéticienne.

Tous les métiers ne se valent pas. Cette discrimination sociale existe sans aucun doute partout dans le monde, mais elle n’en est que plus ancrée au Liban, pays où les familles poussent leurs progénitures à poursuivre des études de médecine, de génie, de droit ou de commerce. Les filières techniques sont reléguées aux étudiants n’ayant aucune chance dans le parcours classique et certains métiers ne sont pratiqués que par des étrangers, le Libanais ne se « rabaissant » pas à nettoyer les parquets, vider les poubelles ou travailler dans un chantier.


Du lundi au jeudi, toutes les semaines, Oum Tony, 80 ans, concocte des plats libanais traditionnels chez des particuliers.
La vieille dame n’a jamais été à l’école et ne sait ni lire ni écrire, mais ça ne lui pose pas de problème dans son métier de cuisinière. « Quand j’étais toute petite, je me faufilais chez les voisines du village et apprenais leurs gestes par cœur, puis reproduisais leurs recettes à la maison », explique Oum Tony. Pour elle, la cuisine est un automatisme, mais avant tout un plaisir. Et pourtant, la vieille dame a travaillé dur depuis son jeune âge pour s’assurer une vie convenable. Embauchée comme bonne à tout faire pendant une vingtaine d’années chez une riche famille d’Achrafieh quand elle était encore très jeune, Oum Tony s’est par la suite consacrée uniquement à la cuisine après s’être mariée. « Je n’aime pas imposer de tarifs, je laisse en général les gens estimer ce qu’ils me doivent », explique-t-elle. Elle gagne aujourd’hui environ 50 dollars par jour, pour quatre jours de travail par semaine, soit une moyenne de 800 dollars par mois.
Sans sécurité sociale et avec tous les médicaments dont elle a besoin à son âge, la somme n’est pas phénoménale, mais Oum Tony ne se plaint pas. Son mari est mort, ses enfants vivent à l’étranger et elle ne doit subvenir qu’à ses propres besoins. « Beaucoup de femmes de mon âge sont complètement démunies. Moi j’ai la chance d’avoir un métier que j’aime et qui me permet de vivre correctement. »


Vivre correctement, une notion encore trop biaisée au Liban, où le salaire minimum est équivalent à 450 dollars. Et il n’est pas rare pour beaucoup de jeunes diplômés d’universités de se faire embaucher par des entreprises à un salaire de 600 ou 700 dollars par mois. Et il ne viendrait à l’esprit de personne de penser que la femme de ménage qui travaille chez eux gagne peut-être bien plus...

 

Un exemple parmi tant d’autres, celui de Mélanie, 33 ans, qui fait des ménages chez plusieurs familles pour environ 1 000 dollars par mois. Mélanie est sri lankaise et elle est arrivée au Liban il y a 14 ans. Les cinq premières années, elle est employée à temps plein chez une famille, mais elle se rend vite compte que travailler en « free-lance » est bien plus rentable. Aujourd’hui, elle assure environ 10 heures de ménage par jour, à cinq dollars de l’heure. Et pourtant, même avec ce salaire trois fois plus élevé que celui qu’elle touchait auparavant, Mélanie ne peut pas faire beaucoup d’économies. Elle doit s’acquitter mensuellement d’un loyer de 350 dollars qu’elle partage avec son mari, de 100 dollars de transports et envoyer environ 200 dollars à son fils resté au pays. La jeune femme est malgré tout satisfaite de ce mode de vie qu’elle compte maintenir « tant que mes capacités physiques me le permettent ».


Mariam, qui a également 33 ans, est esthéticienne à domicile. « J’ai fait des études de jardinière et j’ai pratiqué ce métier pendant deux ans, mais c’était très mal payé. » La jeune femme décide alors de suivre une formation d’esthéticienne dans un institut puis enchaîne des contrats dans plusieurs salons de beauté. « Le rythme était infernal, je faisais des journées de 12 heures pour un salaire mensuel de 250 dollars qui, ajouté aux pourboires, atteignait à peine 1 000 dollars », se souvient-elle. Mariam décide alors, il y a dix ans, de travailler à son propre compte en allant directement chez ses clients. Pour moins de neuf heures de travail par jour, elle perçoit environ 3 000 dollars par mois. « Bien sûr, il faut décompter le prix des produits que j’achète et le transport, mais ces coûts restent largement supportables et travailler à son propre compte, sans chef, est une bénédiction ! » s’exclame la jeune femme. « La formule n’est certes pas idyllique, admet Mariam, je ne peux pas bénéficier de la sécurité sociale ni cotiser pour une retraite et ne peux faire d’emprunts à la banque, faute de garantie de la part d’un patron ou d’une entreprise. » Mais Mariam ne lâcherait pour rien au monde ses clientes qu’elle a fidélisées avec tant d’effort. « Quand il faut payer le loyer, la voiture, l’essence et les dépenses élémentaires du quotidien, c’est le revenu à la fin du mois qui compte... la santé et la retraite devront attendre ! »

 

 

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Tous les métiers ne se valent pas. Cette discrimination sociale existe sans aucun doute partout dans le monde, mais elle n’en est que plus ancrée au Liban, pays où les familles poussent leurs progénitures à poursuivre des études de médecine, de génie, de droit ou de commerce. Les filières techniques sont reléguées aux étudiants n’ayant aucune chance dans le parcours classique et...

commentaires (2)

Il n'y a pas de sot métier,,, il n'y a de sottes sociétés...qui discriminent...

Nayla Tahan Attié

09 h 33, le 08 août 2013

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Commentaires (2)

  • Il n'y a pas de sot métier,,, il n'y a de sottes sociétés...qui discriminent...

    Nayla Tahan Attié

    09 h 33, le 08 août 2013

  • Encore une fois il n'y a pas de sot metier , il ya de sottes gens . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    11 h 24, le 07 août 2013

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