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Liban - Éclairage

L’histoire détaillée des 48 heures cruciales de Abra

Il faudra sans doute du temps pour que le tableau autour de l’action de cheikh el-Assir et de son groupe armé, ainsi que de ses protecteurs arabes et autres, soit complété. Depuis lundi, les services compétents au sein de l’armée et des autres institutions de l’État, notamment la justice, s’emploient à découvrir les zones encore obscures pour avoir une vision complète de ce qui se préparait pour le Liban à travers ce cheikh. Mais de l’avis général, il s’agissait d’un plan de déstabilisation généralisée, à travers le déclenchement d’une discorde entre les sunnites et les chiites. Une source sécuritaire précise à cet égard que la dernière conférence des Amis de la Syrie à Doha a donné en quelque sorte le signal d’une action décisive, qui se préparait depuis des mois, dans le but d’entraîner le Hezbollah dans des conflits internes et de l’isoler sur la scène locale et internationale. Il fallait surtout lui faire payer le prix de la bataille de Qousseir qui a largement contribué à renverser les rapports de force entre les troupes du régime syrien et celles de l’opposition.

 

Dans ce cadre, cheikh el-Assir avait adressé un ultimatum pour évacuer les appartements occupés par des membres du Hezbollah à Abra depuis le début des années 90, menaçant de lancer un vaste mouvement pour les évacuer de force lundi, si rien n’était fait d’ici là. Après ce coup de force, cheikh el-Assir planifiait d’ouvrir un front entre Abra et Haret Saïda, entravant ainsi les déplacements des partisans du Hezbollah et des chiites en général, en aiguisant les dissensions confessionnelles. D’ailleurs, deux semaines auparavant, il avait fait un premier test dans le secteur en déployant ses hommes en un temps record et en étudiant les failles éventuelles de son plan d’attaque des appartements. L’élément marquant de cette « avant-première » était le déploiement simultané de membres de la Jamaa islamiya et du courant du Futur à Saïda, comme s’il s’agissait de mobiliser l’ensemble de la ville, au même moment que l’attaque des appartements, pour lancer l’étincelle d’un embrasement généralisé comme en 1975. Le Hezbollah et Amal avaient aussitôt saisi le message et compris la gravité de la situation. Ils ont alerté les autorités, qui étaient déjà d’ailleurs mobilisées. Wafic Safa et Ahmad Baalbacki se sont même rendus chez le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, pour en discuter avec lui et il a été convenu que les groupes chiites devraient rester à l’écart et n’entreprendre aucune action, ou réaction, sur le terrain.


Des contacts ont d’ailleurs été aussitôt entrepris par certaines parties politiques et certains responsables avec cheikh el-Assir pour essayer de le calmer et ce dernier a annoncé le report de cette action, d’autant, avaient dit ses adjoints, que certains membres de sa famille devaient passer les épreuves du brevet lundi. Le week-end s’annonçait donc calme et les habitants de Saïda et de Abra ont fait des programmes dominicaux. Mais cheikh el-Assir bluffait. Dimanche, voulant prendre de court l’armée, il a donné l’ordre à ses hommes d’attaquer de sang-froid le barrage militaire, faisant quatre martyrs parmi eux et déclenchant la riposte de la troupe. Cheikh el-Assir a d’ailleurs été surpris par la contre- offensive, car il croyait que l’armée n’était pas préparée à l’affrontement à cause de l’annonce du report de son mouvement. Les soldats se sont donc battus avec courage et méthode et les commandos ont été envoyés sur place en renforts.


Voyant que le plan ne fonctionnait pas comme prévu, cheikh el-Assir a appelé à l’aide les ulémas salafistes de Tripoli, lesquels, cheikh Salem Raféi en tête, ont aussitôt pris le chemin de Saïda pour tenter une médiation. Ils ont d’ailleurs rencontré des responsables militaires à Saïda proposant un cessez-le feu. Ce qui aurait signifié la consécration des lignes de démarcation et un coup porté au prestige de l’armée. Celle-ci a donc opposé une fin de non-recevoir, poursuivant sa riposte contre ses agresseurs. Cheikh el-Assir a alors sollicité l’aide des groupes palestiniens extrémistes installés dans le camp de Aïn el-Héloué, notamment Jund al-Cham et Osbat al-Ansar. Ceux-ci ont d’ailleurs répondu à l’appel, tentant d’occuper l’armée par l’ouverture d’un front à Taamir (quartier limitrophe de Aïn el-Héloué). L’armée a réagi, répondant aux sources de tirs. Les responsables locaux du Hamas ont alors tenté d’obtenir la conclusion d’un cessez-le-feu, mais là aussi l’armée a totalement refusé, poursuivant sa riposte. C’est alors que le chef du bureau politique du Hamas Khaled Mechaal et le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas sont intervenus et ont contacté le président de la Chambre Nabih Berry pour l’informer que les Palestiniens n’interviendront pas dans les conflits libanais. Les groupes palestiniens salafistes se sont retirés et l’armée a poursuivi son opération contre el- Assir et ses hommes, parvenant en moins de 48 heures à contrôler son QG.

 

Avec savoir-faire et bravoure, l’armée a donc réussi à mettre un terme à l’aventure de celui que certains milieux appellent « le cheikh de la discorde » et qui pourtant se préparait depuis plus de deux ans à ce moment, recevant régulièrement des fonds et des armes, dont des fusils de francs-tireurs sophistiqués en provenance d’Australie, qui lui ont été envoyés par les rebelles syriens.


Un jour, sans doute, tous les détails de cet épisode seront dévoilés, mais en attendant, il est certain que le plan visant à susciter une discorde confessionnelle au Liban entre les sunnites et les chiites a reçu un coup. Toutefois, les milieux proches du Hezbollah estiment qu’il n’est pas mort pour autant. Ils restent donc vigilants, d’autant que certaines rumeurs parlent désormais d’un projet de provoquer des incidents entre Tarik Jdidé et les camps de Sabra et Chatila d’un côté et la banlieue sud de l’autre. Intox ou non, la crainte existe...

 

 

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Il faudra sans doute du temps pour que le tableau autour de l’action de cheikh el-Assir et de son groupe armé, ainsi que de ses protecteurs arabes et autres, soit complété. Depuis lundi, les services compétents au sein de l’armée et des autres institutions de l’État, notamment la justice, s’emploient à découvrir les zones encore obscures pour avoir une vision complète de ce qui...

commentaires (12)

Cet « éclairage » lumineux vous est proposé par Fatima Gül, génératrice flottante de ténèbres en tous genres.

Jack Hakim

00 h 21, le 28 juin 2013

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Commentaires (12)

  • Cet « éclairage » lumineux vous est proposé par Fatima Gül, génératrice flottante de ténèbres en tous genres.

    Jack Hakim

    00 h 21, le 28 juin 2013

  • DES DIVAGATIONS ! DES DIVAGATIONS !

    SAKR LOUBNAN

    17 h 59, le 27 juin 2013

  • Mais arrêtez de prendre les gens pour des idiots, mais j’espère me tromper... 1) le AASSIR est une création pure des services de renseignements syriens et iraniens surtout 2) SI ce clown aux services des antihariri n’est pas retrouvé : il est forcément aux mains des hommes armés qui ont participé aux combats je ne sais sous quelle couverture... 3) mais il est clair que ce monsieur ne servant plus à rien la dernière cartouche qu’on pouvait lui faire tirer c’était contre l’armée rien que pour la discréditer et l'affaiblir( l’armée étant le seul recours pour enlever toute légalité aux armes des miliciens aux services des iraniens et des syriens) 4) le phénomène aassir n’a pas été engendré par les armes de l’ancienne résistance, c’est une pure création des stratèges Iraniens pour affaiblir la modération des sunnites locaux 5) Pourquoi autant de morts au sein de l’armée???? Mon hypothèse l'armée a mis la main sur AASSIR !! des éléments bien infiltrés ds la bataille sous couverture connue se sont emparés du prisonnier et ont dû assassiner les soldats pour pas laisser de témoins...et récupérer l’agent double….j’espère me tromper... 6) donc au total cet AASSIR EST UN AGENT DOUBLE(en contact avec la rébellion en Syrie et avec les service secrets du Hezbollah) QUI NE SERVAIT PLUS A RIEN ... IL A ÉTÉ CRÉÉ POUR FOUTRE LA MERDE comme s’il y en avait pas assez… et si la chute de quoussair c était lui aussi!!!

    CBG

    14 h 10, le 27 juin 2013

  • Encore une fois bravo pour l’armée libanaise qui a avorté en 48 h seulement toutes les folies du cheikh de la discorde . Chapeau . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    13 h 02, le 27 juin 2013

  • Il faudra du temps pour que le tableau autour de l’action de Nabääh 1er, de son groupe armé, et de ses protecteurs mollâhhhs Per(s)cés soit complété. Les Renseignements Étrangers s’emploient à découvrir les zones encore obscures pour avoir une vision complète de ce qui se préparait pour le Liban à travers cet enturbanné. Mais d'un général avis, il s’agissait d’un plan de déstabilisation généralisée, à travers le déclenchement d’une discorde entre les sunnites et les chiites. Si, si yâ wâïylîhhhh ! Une "source?" préciiise à cet égaaard que la dernière conférence des protecteurs du Mounchâââr à Téhéraaan a donné le signal d’une action décisiiive, qui se préparait depuis des lunes?, dans le but d’entraîner les musulmans et donc Sunnites libanais, surtout ceux du Président Saad Rafik HARIRI dans des conflits internes et de l’isoler sur la scène internationale. Il fallait surtout leur faire payer le prix de leur aide à la Révolution en sœur-syrie qui a largement contribué à renverser les rapports de force entre les sbires du régime aSSAdique et bien sûr en faveur de celles de la Révolution.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    10 h 09, le 27 juin 2013

  • Cette fois-ci, I n t e r d i t aux Plus de 10 Ans ! Tss-tss....

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    09 h 37, le 27 juin 2013

  • C'est le sujet du prochain James Bond? Franchement c'est du n'importe quoi. A part être d'accord sur le fait que Assir est un fou bête et stupide qui mérite d’être pendu haut et cours et que l’armée est une ligne rouge, tout le reste de l'histoire ne tient pas debout. D'abord parce que le courant du Futur n'a rien a faire dans cette histoire et il en est le premier bénéficiaire puisque le Assir les emmerdait, mais comme le Hezbollah ne veut pas qu'il récupère es fruits il sort des rumeurs a travers ses collabos Aounistes pour le ternir. Ça les enrage que se soit le seul parti politique au Liban qui a une connotation laïc pure puisqu'il a en son sein des membres de tous les rites. De plus, la confrontation Chiite-Sunnite n'est pas d'aujourd'hui. Elle a commence depuis les différentes traîtrises du Hezbollah et consacrée le 7 Mai. Plus besoin de faire d'efforts pour enfoncer le clou. Malheureusement Assir parti et le Hezbollah toujours la, avec 60% du peuple contre lui, c'est la recette garanti pour la guerre qui va suivre. Rien ne sauvera plus les Chiites ou les sunnites de ce qu'il adviendra. Si la paix civile est aujourd'hui préservé c'est justement a cause du Futur qui retient ses ouailles. Gare au Hezbollah s'il en décide autrement. Il aura tout le Liban sur le dos.

    Pierre Hadjigeorgiou

    08 h 54, le 27 juin 2013

  • Le wazwaz n'aurait jamais pu entreprendre quoique se soit sans soutien de ses sponsors locaux du futur et autres salafowahaboqatari, et sans tous ces relais internationnaux, formes par les allies salafiwahaboqatarocanibal allies aux occidentaux qui eux sont soumis au sionisme international. Ca fait beaucoup de monde contre le Liban et sa resistance,c'est ce qui donne a notre armee tout le merite de SA victoire sur le complot, l'histoire le retiendra. Generalement on apprend de ses echecs, et on essaye d'etre plus fort dans l'intelligence, mais il semble que dans le cas des comploteurs locaux celui du futur, c'est l'effet contraire qui se passe , chaque revers le rend plus bête et mechant suivi de tentative de faire intervenir "les autres". Ne pensent ils pas que meler les palestiniens a notre cuisine interieure est dangereuse pour le pays ? Ne sont ils pas conscients que cette question est hyper sensible et qu'au bout du compte les palestiniens ne feront le boulot que pour leur propre interet ? Si ce groupe est a la recherché d'une victoire a accrocher sur son blason, je leur suggere de tenter du cote de la terre usurpee de Palestine, la cause serait plus noble. Et le hezb resistant leur donnerai main forte, l'histoire ne sera que plus glorieuse a raconter,n'est ce pas Scarlett ?

    Jaber Kamel

    08 h 23, le 27 juin 2013

  • HISTOIRE SORTIE TOUT DROIT DES MILLE ET UNE NUITS ! IMAGINATION SUPER FERTILE. __ MADAME, NE PRENEZ QUAND MÊME PAS LES GENS POUR DUPES !

    SAKR LOUBNAN

    07 h 47, le 27 juin 2013

  • Quand je veux entendre "l'autre son de cloche" et "l'autre version' je cherche ce que Ms Haddad a pondu.....et je suis servie. Si Scarlett Haddad n'existait pas il aurait fallu l'inventer!!!!!!! Il n' y a pire "non-voyant" que celui qui a des oeilleres.........

    michele bibi

    06 h 51, le 27 juin 2013

  • Ahmad el-Assir est un homme excentrique et déséquilibré. Il a été facile aux brigades de la résistance relevant du Hezbollah de provoquer sa folie impardonnable d'attaquer l'armée qui, en conséquence, ne pouvait pas se permettre de ne pas l'éliminer. On ne peut cependant qu'insister sur le fait que le phénomène Ahmad el-Assir et d'autres, semblables, sont engendrés par l'anomalie de l'existence du Hezbollah comme branche des Gardiens de la révolution iranienne, super armée et se permettant toutes les dérives, dont actuellement sa participation criminelle à la guerre en Syrie en fait contre les sunnites de ce pays, et ce sous le nez de l'Etat, du gouvernment, du Parlement, de l'armée et du peuple libanais qui est écoeuré de toute cette situation. Je répète que les actions du Hezbollah engendreront des phénomènes de bien loin plus graves et devant lesquels celui d'Al-Assir paraîtra comme un petit folklore. En réponse à son implication irresponsable en Syrie, le Hezbollah suscitera, provoquera et attirera bientôt au Liban les fronts al-Nosra et ses similaires avec tous leurs crimes monstres. Qui vivra verra !

    Halim Abou Chacra

    05 h 42, le 27 juin 2013

  • Lu comme çà,çà paraît limpide...trop limpide,peut-être? Y a un truc qui cloche...j'sais pas quoi,mais y a un truc qui cloche...

    GEDEON Christian

    02 h 43, le 27 juin 2013

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