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À La Une - Analyse

Avec la capture de Qousseir, le régime syrien prend le dessus

L'opposition menace de se radicaliser et d'aller vers une plus grande militarisation.

La ville syrienne de Qousseir a été reprise mercredi après plus de deux semaines de pilonnage et de combats au sol entre rebelles et des combattants du Hezbollah notamment. STR/AFP

La capture de la ville de Qousseir est une victoire majeure pour le régime de Bachar el-Assad qui se trouve ainsi en position de force pour d'éventuelles négociations de paix face à une opposition affaiblie et divisée, estiment des analystes. La chute de ce fief tenu par les rebelles depuis plus d'un an prouve surtout que le Hezbollah libanais, fer de lance de la bataille de Qousseir, peut à tout moment venir à la rescousse du régime.

 

"Cela confirme la tendance que le régime est en train de gagner du terrain face aux rebelles", affirme à l'AFP Shadi Hamid, du Brookings Doha Center. "Ses troupes marquent des points, les rebelles perdent le moral et du terrain".

 

Stratégique pour le régime car reliant Damas au littoral, Qousseir a été reprise mercredi après plus de deux semaines de pilonnage et de combats au sol entre rebelles et des combattants du Hezbollah notamment.

"Au cours des deux premières années du conflit, on pensait que la chute du régime était inévitable. Or avec Qousseir, non seulement cette chute n'est pas inévitable, mais les rebelles peuvent même perdre", selon M. Hamid.

 

(Diaporama : Qousseir, champ de ruines)

 

La capture de Qousseir intervient au moment où les tractations s'intensifient pour organiser une conférence internationale dite de Genève-2 voulue par Washington et Moscou en vue de négociations entre régime et opposition.

Avec la prise de Qousseir, le pouvoir apparaît résolument en position de force.

 

La capture de Qousseir "met le régime dans une meilleure position car" une victoire militaire "vous donne un effet de levier dans les négociations", explique M. Hamid. "C'est pour cela que les rebelles sont très réticents à l'idée d'aller à Genève : c'est le pire moment pour eux de participer à des négociations", ajoute-t-il. La chute de Qousseir a "été un revers".

 

Située près de la frontière du Liban, Qousseir est une région importante pour les voies d'approvisionnement de l'armée mais aussi des rebelles.

Forte de ce succès, l'armée pourrait à présent tenter de reprendre les poches rebelles dans les grandes villes de Homs et même à Alep (nord) où les combats font rage depuis l'été 2012.

 

"La stratégie du régime pourrait être de +nettoyer+ les grandes villes, Alep, Homs et Damas avant les réunions internationales", affirme Naji Malaeeb, analyste auprès d'Inegma (The Institute for Near East and Gulf Military Analysis). Il souligne également la dimension confessionnelle de la bataille de Qousseir, dans une Syrie à majorité sunnite et dirigée par la minorité alaouite du président Bachar el-Assad.

"Le régime anéantit la population +autochtone+ (en majorité sunnite)" de Qousseir, dit M. Malaeeb.

En outre, la ville rattache Damas à la montagne alaouite, fief des Assad. Selon les analystes, le "plan B" de M. Assad, si jamais il venait à perdre la capitale, serait de se replier en zone alaouite, entre montagnes et littoral.

 

(Eclairage : Que change la levée par l'UE de l'embargo sur les armes destinées aux rebelles syriens ?)

 

A Qousseir, le rôle du Hezbollah a été déterminant. Le chef du parti chiite libanais, Hassan "Nasrallah et d'autres leaders du Hezbollah ont été très clairs : ils sont prêts à aller jusqu'au bout pour soutenir le régime", indique M. Hamid. En intervenant à Qousseir, le parti chiite "exécute l'ordre donné par l'Iran d'empêcher la chute du régime", renchérit M. Malaeeb.

 

Mais malgré son importance, la capture de Qousseir ne tranche pas le conflit.

"Cela ne veut pas dire la fin de la guerre", affirme Khattar Abou Diab, professeur de relations internationales à l'université Paris-Sud. "En 2012, le régime pensait que la bataille de Baba Amr serait la victoire finale, mais cela s'est avéré faux", ajoute-t-il en référence au quartier rebelle de Homs repris par l'armée après un mois de pilonnage.

 

D'après M. Abou Diab, la victoire du régime compliquera la tenue de Genève-2, censée trouver une solution politique au conflit qui a fait plus de 94.000 morts selon une ONG. Après Qousseir, "l'opposition syrienne va se radicaliser. On va s'éloigner du travail politique et se diriger vers plus de militarisation", dit-il.

 

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commentaires (3)

Face à l'Internationale Takfiriste qui y dictait sa loi, on ne peut que se réjouir de la libération (et non de la capture) de Qousseir par l'armée nationale syrienne. La part jouée par le Hezbollah serait trop "gonflée" à mon avis -- mais on ne prête qu'aux riches, n'est-ce pas? et ça donne bonne conscience aux néo-miliciens de notre côté de la frontière. Pour revenir à elle, la grande Honnië: Qu'elle ait eu tort au Liban ne met pas automatiquement l'armée syrienne en faute dans son pays. Et les chantres de la liberté et de la démocratie, en s'alliant au diable, ont vraiment démérité

Henoud Wassim

17 h 59, le 06 juin 2013

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Commentaires (3)

  • Face à l'Internationale Takfiriste qui y dictait sa loi, on ne peut que se réjouir de la libération (et non de la capture) de Qousseir par l'armée nationale syrienne. La part jouée par le Hezbollah serait trop "gonflée" à mon avis -- mais on ne prête qu'aux riches, n'est-ce pas? et ça donne bonne conscience aux néo-miliciens de notre côté de la frontière. Pour revenir à elle, la grande Honnië: Qu'elle ait eu tort au Liban ne met pas automatiquement l'armée syrienne en faute dans son pays. Et les chantres de la liberté et de la démocratie, en s'alliant au diable, ont vraiment démérité

    Henoud Wassim

    17 h 59, le 06 juin 2013

  • "LA CAPTURE de Qousseir est une victoire pour le régime qui se trouve plus fort pour d'éventuelles négociations". En effet, comme il le dit ce "cher expert" juste dans ce cas "Éventuel" ; ëéééh äaïyné ? "Sa chute prouve que ce hézébbb-là peut à tout moment venir à la rescousse du régime." Ou, M. de la Palisse ! En outre, "la ville rattache Damas au mont âalaouïto-nusaïrî fief du régime Rectificatif, et selon (l'expèèèrt Très Chèèèr), le plan B de ce régime (Honni), si jamais il venait à perdre la capitale, serait de se replier en cette zone-là de ce mont-là(h)." ! Yâ äalbbbéh, n'importe quel Nourrisson Syrien et/ou libanais l'aurait déjà deviné, yâ hassértéh.... "Hassan N secrétaire mahééék de ce hézébbballâhlàh et ses Acolytes ont été très clairs : ils sont prêts à aller jusqu'au bout pour soutenir ce régime." ! Et même espérons jusqu'en Iran Per(s)cé avec un peu de chance pour les Sains syriens Vrais si pas encore beaucoup plus loin n'challâh. Prions yâ ékhwééénes ! Après Qousseir renchérit-il, "l'opposition syrienne va se radicaliser. On va s'éloigner du travail politique et se diriger vers plus de militarisation.". Eh bien, en effet, ça oui c’est Vrai….. A la Vie à la Mort !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    13 h 50, le 06 juin 2013

  • On se console comme on peut, comme si la radicalisation pouvait être plus radicale qu'elle n'est radicale en ce moment, avoir bouffé un cœur extirpé d'un corps encore vivant, quoi de plus radical en fait ? s'ils pouvaient n'écouter que leurs consciences et se débarrasser des oiseaux de mauvaise augure et se mettre à table pour reconstruire le pays après une orgie aussi macabre, je pense que ça serait plus bénéfique pour tous.

    Jaber Kamel

    13 h 08, le 06 juin 2013

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