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Culture - Vient de paraître

« Le Dico des mots qui n’existent pas... et qu’on utilise quand même »

De « forwarder » à « googliser », d’ « overbooké » à « blacklisté », il fallait bien un dictionnaire à tous ces termes qui émaillent notre vocabulaire quotidien et signent notre « branchitude » !

Un Dico aux informations aussi sérieuses que drôles !

Et pour cause, tous ces néologismes, anglicismes, ou encore ces mots nés d’approximations phonétiques (comme «aéropage» par exemple qui s’est substitué à «aréopage» pour désigner un groupe de gens) ne figurent dans aucun dictionnaire qui se respecte!
On parle ici de ces épais ouvrages de lexicographes qui, eux, décident du sort d’un terme fraîchement éclos et largement utilisé dans le langage courant. Ces messieurs Larousse ou Robert, dont seule la reconnaissance en paternité donne une existence légale à un mot. Tant que leurs respectables pages ne l’ont pas accueilli en leur sein, il reste considéré comme un bâtard de la langue française – qui, elle, n’en finit plus de s’acoquiner avec l’anglais! –, une sorte de chien perdu sans collier.
Heureusement que Gilles Vervisch, professeur agrégé de philosophie, et son compère Olivier Talon, docteur en chimie, ont eu la bonne idée de les rassembler dans Le Dico des mots qui n’existent pas... et qu’on utilise quand même.

D’abracadabrantesque à zlataner
Dans cet amusant ouvrage (283 pages) édité par Express Roularta, ils ont compilé plus de 200 mots qui font désormais partie du vocabulaire quotidien des francophones sans être pour autant référencés dans leurs dictionnaires. Cela va d’«abracadabrantesque» (néologisme inventé par Arthur Rimbaud et remis au goût du jour par Jacques Chirac) à «zlataner» (invention ironique des Guignols née de l’attitude d’écrasante supériorité du footballeur Zlatan Ibrahimovic), en passant par «adulescent», «follower», «bankable», «brainstormer», «beuger», «fuiter», «karcheriser», «mythonner », «procrastiner », «photoshoper», «solutionner», ou encore «réjuvenation», «nominé», «tendanceur», «modeuse » et «célibattante»...
Autant de nouveaux termes, que vous connaissez ou pas, que les deux auteurs recensent donc dans cet ouvrage à la forme d’un abécédaire. Et dont ils décryptent avec humour les origines, sens et gammes d’utilisations...
Si, comme vous l’aurez deviné, une majeure partie de ces mots sont issus du vocabulaire informatique et de ses dérivés (Internet et réseaux sociaux), bon nombre d’entre eux sont aussi des inventions marketing comme «mook» (contraction de magazine et de book), «croustifondant», ou encore «perfecteur» et «réjuvénation» (très prisés par l’industrie cosmétique et «qui tiennent plus ou moins du foutage de gueule», révèlent les coauteurs). Quelques-uns doivent leur notoriété aux politiques (qui de la «bravitude» inventée par Ségolène Royal à la «karsherisation» de Nicolas Sarkozy n’en sont pas à un barbarisme langagier près!), mais le plus gros lot est fourni, avouons-le, par le jargon journalistique et télévisé.
Parmi ces expressions nouvelles, certaines comme «au jour d’aujourd’hui», ou «tétracapillisécateur» (qui équivaut à couper le cheveu en quatre) sont franchement insupportables, alors que d’autres, même d’origine étrangère, comme «open space» (espace de travail décloisonné), trouvent, il faut le reconnaître, avantageusement leur place au sein de la langue française. N’en déplaise à monsieur Jacques Toubon!
Bref, comme le signalent Vervisch et Talon dans leur avant-propos: «Il faut voir dans cet ouvrage un témoignage, une photographie de la langue dans son évolution autour de l’année 2013. Mais bon, n’oublions pas qu’avant tout c’est fait pour s’amuser.» Et amuser le lecteur qui appréciera le mélange de drôlerie et d’érudition distillé dans ce petit livre qui prouve, s’il en faut, que la langue est une matière vivante qui se réinvente chaque jour!
Et pour cause, tous ces néologismes, anglicismes, ou encore ces mots nés d’approximations phonétiques (comme «aéropage» par exemple qui s’est substitué à «aréopage» pour désigner un groupe de gens) ne figurent dans aucun dictionnaire qui se respecte! On parle ici de ces épais ouvrages de lexicographes qui, eux, décident du sort d’un terme fraîchement éclos et largement...

commentaires (3)

Faut-il encore SAVOIR les utiliser !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

16 h 23, le 23 avril 2013

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Commentaires (3)

  • Faut-il encore SAVOIR les utiliser !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    16 h 23, le 23 avril 2013

  • Et qu'en est-il des mots que nous ajoutons chaque jour sur ce forum, en ajoutant un ite, iste, istique issime, ote ou iote ? Devrons-nous en faire un DICO aussi ? ou le DIT tout seul peut suffire, quand compris ? Généralocaporalistiquement oblige !

    SAKR LOUBNAN

    13 h 19, le 23 avril 2013

  • il y a aussi le verbe interphoner

    Talaat Dominique

    10 h 44, le 23 avril 2013

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