Raï : Sans les chrétiens, les musulmans seraient menacés par l’intégrisme

Deux moments forts hier au troisième jour de la visite en France du patriarche maronite Mgr Béchara Raï. Une conférence à l’Institut catholique de Paris devant une salle comble de personnalités civiles et religieuses, sur le thème : « Présence chrétienne dans un milieu théocratique », et un entretien avec le député Saad Hariri, qu’il a reçu dans sa suite de l’hôtel Raphaël.
À l’Institut catholique, Mgr Raï a estimé au début de son intervention que la disparition des régimes totalitaires au Moyen-Orient pourrait ouvrir la voie à un extrémisme islamique sous le couvert de l’adoption de la démocratie et des réformes politiques. « Comme cela s’est passé en Irak et en Égypte, et comme cela pourrait se passer en Syrie », a-t-il poursuivi.
Selon lui, les musulmans ont besoin des chrétiens au Moyen-Orient pour « sauvegarder l’islam du fanatisme et de l’intégrisme », a-t-il indiqué.
« Nous, chrétiens d’Orient, nous avons le devoir de faire connaître à l’Occident la réalité de l’islam », a-t-il déclaré.
« Pour nous, les musulmans ne sont pas des terroristes. Ce ne sont pas des gens qui veulent de la violence ou la guerre. L’islam et les musulmans sont modérés. Il faut soutenir la présence des chrétiens dans tous les pays du Moyen-Orient pour sauvegarder l’islam du fanatisme et de l’intégrisme », a-t-il poursuivi.
« Si les chrétiens n’ont plus d’influence dans les sociétés, les musulmans sont menacés de passer à l’intégrisme », selon lui.
Mgr Raï a ajouté que les chrétiens d’Orient, qui participent pleinement au développement et aux réformes dans leurs pays respectifs, font face quand même à des défis et ont besoin d’un soutien consistant.
Le conférencier a longuement évoqué l’historique et le rôle des Églises orientales, catholiques et orthodoxes qui regroupent environ 20 millions fidèles et la nécessité de leur maintien au Moyen-Orient, où ils existent depuis l’avènement du christianisme et où ils ont participé à la renaissance culturelle et sociale du monde arabe.
Il a encore dit qu’à cet égard, le Liban assume pleinement son rôle de pays et de mission dans le monde arabe et que cela implique un changement de notre parler religieux et culturel. Pour cela, a-t-il indiqué, notre pays a besoin d’un soutien ferme des pays amis qui défendent les valeurs démocratiques et les droits de l’homme.
Il a enfin lancé un appel à « endiguer le conflit sanglant entre sunnites et chiites dans la région et lutter contre la partition des nations en mini-États confessionnels, ce qui menacerait la paix dans tout le Moyen-Orient avec des retombées mondiales ».
En soirée, le patriarche maronite a reçu le chef du courant du Futur, le député Saad
Hariri.