Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a demandé jeudi aux responsables politiques libanais de s'assurer que le Liban reste neutre dans le conflit en Syrie afin d'éviter un débordement de la crise syrienne.
"Les informations sur l'implication de certains éléments libanais dans le conflit en Syrie vont à l'encontre de la politique de non implication du Liban", écrit M. Ban dans un rapport au Conseil de sécurité de l'ONU. Plus de 300.000 Syriens ont fui vers le Liban, qui s'est trouvé divisé par le conflit à ses frontières.
M. Ban se déclare notamment dans son rapport "très inquiet" d'informations sur "la mort de membres du Hezbollah qui combattaient en Syrie". "Les dangers pour le Liban d'une telle implication et de la poursuite de la contrebande d'armes par la frontière commune sont évidents", souligne M. Ban. "Je demande à tous les responsables politiques libanais de faire en sorte que le Liban reste neutre dans les conflits extérieurs".
(Lire aussi : L’ONU craint que le Liban soit entraîné dans la guerre civile syrienne )
Selon le rapport, 13 Libanais ont été tués par l'armée syrienne dans la ville frontalière syrienne de Tal Kalakh le 30 novembre dernier après avoir franchi la frontière. Le rapport fait aussi état de combats meurtriers à la frontière le 17 février. "Il y a eu aussi des informations sur des combattants du Hezbollah tués dans des combats en Syrie, à cette période et auparavant", ajoute le rapport sans donner de détails. M. Ban estime que l'armée libanaise devrait disposer de "davantage de moyens" pour contrôler la frontière avec son voisin.
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a pour sa part démenti mercredi soir toute participation des miliciens de sa formation aux attaques contre les rebelles en Syrie. Il a estimé, à l’inverse, que ce sont les insurgés qui s’en prennent aux Libanais chiites résidant dans des villages syriens. "Dans cette région, les résidents libanais qui sont en majorité des chiites et dont certains sont membres du Hezbollah (...) n’ont à aucun moment contrôlé des villages sunnites", a affirmé le chef du Hezbollah.
Le 20 février, la principale composante de la rébellion syrienne avait menacé de bombarder le Hezbollah au Liban, l’accusant de tirer sur des localités rebelles dans la région de Qousseir.
"Ce qui s’est passé, c’est le contraire. L’opposition armée a pris le contrôle ces derniers mois de villages habités par des Libanais chiites, les en ont chassés et ont brûlé certaines de leurs maisons", a poursuivi le chef du parti chiite. Il a précisé que les personnes "chassées" se sont réfugiées dans la région du Hermel, tandis que le reste des habitants "ont pris les armes pour se défendre et protéger leurs propriétés, ce qui est leur droit".
"Ce qui s’est passé au cours des derniers jours (...), c’est une large campagne militaire de la part de centaines d’hommes armés pour chasser les résidents de ces villages", a poursuivi Hassan Nasrallah, appelant à la "réconciliation" entre les habitants de cette région.
(Pour mémoire : Violents combats à la frontière libano-syrienne)
Hassan Nasrallah a également mis sur le compte de l’ambassadrice des États-Unis au Liban, Maura Connelly, le fait d’avoir placé ces combats dans le cadre d’un complot visant à faire la jonction, sur le plan géostratégique, entre l’État alaouite et l’hinterland chiite dans le but de procéder à une partition. "Qu’ils nous donnent des preuves concrètes. Ces affaires de complots sont mensongères et les données sur le terrain prouvent le contraire", a-t-il dit.
(Pour mémoire : L'armée syrienne libre menace de porter la guerre au Liban)
Le leader du Hezbollah s’est attiré deux réponses de responsables de l’Armée syrienne libre (ASL). Le coordinateur politique et médiatique de l’ASL, Louay Moqdad, a accusé Hassan Nasrallah de "ne pas avoir dit la vérité en prétendant que les combattants de Qousseir étaient des habitants de la région". "Pourquoi Abou Abbas a-t-il été enterré dans le Hermel, si c’est le cas ? Trois autres tués ont été enterrés à Jouaya, au Liban-Sud. Pourquoi pas à Qousseir, alors ? Il y a des chiites à Fouaa et à Damas, notamment. Pourquoi personne n’a brandi la moindre arme contre eux ? Pourquoi les combats ont-ils lieu à Qousseir et dans les régions proches des zones d’influence du Hezbollah ?" s’est-il interrogé.
De son côté, le responsable de l’état-major de l’ALS, le général Sélim Idriss, a accusé le Hezbollah d’envoyer des combattants pour soutenir le régime. "Nous avons des preuves que le Hezbollah a bombardé le territoire syrien à partir du Liban et nous vous montrerons bientôt les prisonniers du Hezbollah que nous avons capturés à Qousseir", a-t-il indiqué.
L’opposition syrienne accuse souvent le parti chiite libanais de soutenir militairement le régime de Bachar el-Assad. L’ALS a récemment affirmé avoir pris pour cible un convoi militaire du Hezbollah près de Damas.
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commentaires (6)
Le titre me semble inadéquat: ce n'est pas la mort de combattants du Hezbollah qui est inquiétante, bien au contraire, mais leur présence!
Yves Prevost
17 h 35, le 28 février 2013