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À La Une - Syrie

Le vieux souk d'Alep ravagé par le feu

Les combats toujours aussi violents font au moins 120 morts ; Morsi soutient le combat pour renverser Assad.

Le vieux marché d’Alep, qui regroupe un réseau d’allées cintrées en pierres pavées et de façades sculptées dans du bois, était l’une des principales attractions touristiques de la ville. AFP/MIGUEL MEDINA

Une grande partie des souks couverts d’Alep, les plus grands au monde et classés au patrimoine mondial de l’Unesco, est partie en fumée dans les combats qui ont opposé ce week-end les forces gouvernementales aux rebelles. Le vieux marché, dont l’histoire remonte au XIVe siècle, avait réussi à échapper aux précédentes attaques, mais ses échoppes ont pris feu samedi matin lors de combats.


Les flammes se sont propagées rapidement, en partie parce que de nombreuses échoppes, serrées contre les voûtes du vieux souk, renferment de précieuses étoffes. Au moins 1 500 boutiques ont pris feu et continuent encore de brûler. « Il n’y a pas que le souk qui brûle, mon cœur aussi brûle », a confié Hashem, un opposant.


Selon l’Unesco, cinq des six sites syriens classés au patrimoine mondial, parmi lesquels figurent les ruines de Palmyre, le Krach des chevaliers et plusieurs quartiers du vieux Damas, ont été endommagés par les affrontements.

 

(Voir aussi, le reportage et diaporama : A Alep, les commerçants pleurent leur souk détruit par les flammes)

 

Les circonstances de l’incendie du vieux souk d’Alep n’ont pas encore été élucidées. Les activistes de l’opposition accusent les forces gouvernementales d’avoir utilisé des balles incendiaires pour attaquer les rebelles qui avaient pris position dans le marché après avoir lancé une nouvelle offensive contre la ville jeudi. « Les combattants (rebelles) ont tenté d’éteindre le feu mais ils ont échoué à cause des tirs de tireurs embusqués », a déclaré un activiste.

Colère
Le vieux marché d’Alep, qui regroupe un réseau d’allées cintrées en pierres pavées et de façades sculptées dans du bois, était l’une des principales attractions touristiques de la ville, après avoir longtemps été un important centre de commerce sur la « route de la soie » venant de Chine. Les activistes ont dit être en train d’évaluer l’étendue des dégâts, alors que les réparations sont déjà estimées à plusieurs millions de dollars.

 

(Pour mémoire : A Alep, le patrimoine oublié)


Certains membres de l’opposition ont exprimé en privé leur colère envers leurs propres combattants, leur reprochant d’avoir pris position dans la vieille ville. « Nous savons tous que c’est un régime criminel et qu’il fera n’importe quoi », a déclaré un rebelle sous couvert d’anonymat. « C’est pourquoi les combattants n’avaient rien à faire dans le souk. Pourquoi sont-ils allés là-bas ? » D’autres ont en revanche défendu leur comportement. « Le feu a pris jusqu’à la mosquée des Omeyyades, les combattants ont réussi à le maîtriser », a dit Yasser, un autre activiste. « À ceux qui demandent pourquoi ils se trouvaient dans la vieille ville, nous répondons que nous sommes seulement entrés pour la libérer. »

 

Les rebelles ont par ailleurs rapporté avoir participé à de violents affrontements hier et avoir attaqué la base aérienne militaire de Neirab. Ils ont fait état de combats à Radoub, dans l’est de la ville.


Qamichli
Un attentat-suicide meurtrier à la voiture piégée a par ailleurs frappé hier pour la première fois en 18 mois de conflit une ville à majorité kurde, Qamichli. L’attentat a fait au moins 4 morts et plusieurs blessés selon la télévision d’État syrienne, qui n’a pas précisé la cible de l’attaque. Le chef de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, a fait état d’un bilan d’au moins 8 morts et plus de 15 blessés parmi les forces de l’ordre, ajoutant qu’il s’agissait du premier attentat de ce genre dans cette ville. Les comités locaux de coordination (LCC), un groupe formé de militants antirégime, ont évoqué de leur côté une « énorme explosion » et un incendie « dans un complexe de la Sécurité ». Cette ville est habitée en grande majorité par des Kurdes qui se sont prudemment engagés dans la révolte contre Damas, cherchant surtout à tenir leur région à l’abri des violences. Selon M. Abdel Rahmane, l’armée s’est retirée il y a plusieurs mois des régions kurdes du Nord et le bâtiment visé par l’attentat est le siège principal de la Sécurité pour l’ensemble de la zone kurde. L’ASL n’est pas présente dans cette région qui ne compte que quelques groupes rebelles autonomes. Une vidéo postée sur YouTube par des militants montre un épais nuage de fumée s’échappant des bâtiments de la ville. Les habitants ont été effrayés par la puissance de la déflagration. « J’ai parlé avec ma famille qui habite à trois kilomètres du lieu de l’attentat, ils étaient terrifiés », a déclaré Massoud Akko, militant kurde en exil.


Les violences ont aussi touché les provinces de Deraa, Idleb, Hama et Deir ez-Zor, cibles de bombardements intensifs de l’armée contre les rebelles. À l’ouest de Damas, neuf soldats ont par ailleurs été tués dans une attaque rebelle contre un barrage militaire.


Dans la capitale même, les corps de huit hommes qui avaient disparu lors d’une opération de l’armée ont été retrouvés près de l’hôpital militaire Techrine, dans le quartier de Barzé.
Selon la chaîne satellitaire al-Arabiya, au moins 120 personnes ont été tuées hier.

Morsi
Alors qu’aucune issue au conflit n’est en vue en raison des divisions de la communauté internationale, le représentant à Damas de l’émissaire international Lakhdar Brahimi, Mokhtar Lamani, a selon l’ONU rencontré le colonel Qassem Saadeddine, porte-parole en Syrie de l’ASL, dans la province de Homs.


Parallèlement, le président égyptien Mohammad Morsi s’est dit partisan d’une solution diplomatique facilitée par la Ligue arabe, les Nations unies et certains autres pays, alors qu’il s’exprimait lors du congrès de l’AKP, le parti au pouvoir en Turquie, à Ankara. Il a ainsi déclaré que le peuple syrien était « massacré et tué jour et nuit » et qu’il soutenait totalement son combat pour renverser Bachar el-Assad. « Ce régime oppresseur verse le sang de la population et le peuple syrien doit gagner sa pleine liberté », a-t-il martelé.

 

 

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