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Liban

Nawaf Moussawi : Si on veut éviter la guerre, il faut s’y préparer…

Connu pour ses propos fermes, Nawaf Moussawi affiche aujourd'hui un air serein. Rien ni personne ne semble devoir entamer sa confiance dans l'avenir. À ceux qui s'étonnent de tant d'optimisme, il répond, par le raisonnement, que pour l'instant, les conditions objectives d'un affrontement interne ou externe ne sont pas réunies. Le nouveau député membre du bloc de la Résistance, qui a occupé longtemps les fonctions de responsable des relations extérieures du Hezbollah, est surtout sûr des capacités de son parti, de ses alliances et de l'engagement des hommes qui le constituent. Habitué des dialogues difficiles, il mise essentiellement sur la logique pour chercher à convaincre ses interlocuteurs. Quant à ceux qui s'obstinent, ils lui arrachent un simple haussement d'épaules...
À l'heure où le Liban célèbre le troisième anniversaire de la guerre de juillet et août 2006, comment explique-t-il le fait que certaines parties libanaises continuent à la considérer  comme une défaite pour le Liban ? « Ceux qui pensent encore de cette façon, répond Nawaf Moussawi, ont un problème de discernement. Ils ne voient pas ce qui se passe. Je leur conseille d'être plus réalistes. Car si on suit cette logique, on devrait considérer que les alliés n'ont pas remporté la Seconde Guerre mondiale puisque Londres a été en grande partie détruite. En matière de guerre, la victoire ou la défaite se mesure aux réponses apportées à la question suivante : l'ennemi a-t-il atteint son objectif ? Si la réponse est non, ce qui est le cas pour 2006, c'est qu'il a perdu. La Résistance qui était en position de défense a-t-elle réussi à rester sur place et à défendre le pays ? La réponse est oui. C'est une démarche élémentaire... De plus, dans un article publié sur son site Internet en 2008, le journaliste américain George Friedman, qui commentait l'offensive géorgienne contre l'Ossétie du Sud, a expliqué que les Russes ont failli atteindre Tbilissi. Il a invité les Géorgiens à cesser d'utiliser les moyens que leur ont appris les Israéliens et à faire plutôt appel aux hommes de Hassan Nasrallah... C'est une confirmation de plus de la victoire de la Résistance, face à l'État le plus puissant de la région, jouissant de l'appui de la communauté internationale. Désormais, les techniques que nous avons utilisées pendant la guerre de 2006 sont enseignées dans les académies militaires... Continuer à nier cette réalité s'inscrit dans le cadre des chicaneries internes. »
Dans sa réponse aux menaces israéliennes, le Hezbollah ne paraît-il pas trop sûr de lui ? « Quand l'ennemi multiplie les menaces, il faut riposter, sinon cela pourrait l'encourager à poursuivre son action provocatrice. C'est un moyen de dissuasion. En fait, si on veut réellement éviter la guerre, il faut s'y préparer », souligne Moussawi.
Y a-t-il une possibilité de nouvelle guerre avec Israël ? Selon Nawaf Moussawi, Israël n'a jamais mené une guerre contre les Arabes sans l'aval, le feu vert et parfois à la demande des États-Unis. La guerre de 2006 a été menée à la demande de George Bush. La question qu'il faut donc poser est la suivante : Barack Obama veut-il réellement une guerre dans la région ? « Personnellement, poursuit Moussawi, je ne le crois pas. Au moins au cours de la première année de son mandat. » Et au cours de la seconde année ? « La guerre, répond Moussawi, n'est pas un acte de vengeance. Elle est le moyen utilisé pour atteindre un objectif. »
Pourtant, leurs propres analyses affirment qu'Israël souhaite se venger de sa défaite en 2006... Moussawi approuve, mais il fait remarquer que les Israéliens ont tenté de prendre leur revanche en lançant une agression de grande envergure contre Gaza. Ils ont aussi échoué. Ils ont effectué la première étape qui consiste dans les bombardements aériens, puis la seconde qui consiste à avancer dans les zones ouvertes, mais ils se sont arrêtés à la troisième étape, face aux régions peuplées. Or les bombardements de loin ne modifient pas l'équation militaire.
Si on suit son développement, on peut dire qu'il n'y aura plus de guerre avec Israël. Or cela va à l'encontre des thèses défendues par le Hezbollah. « Non, car les Israéliens ne partagent pas forcément ce point de vue. Ils sont suffisamment arrogants pour se lancer dans une nouvelle aventure militaire croyant pouvoir renverser les nouveaux équilibres. » Il répète qu'en ce qui le concerne, Obama est responsable de toute guerre israélienne contre le Liban. Il est convaincu que la décision appartient aux États-Unis.

La Résistance poursuivra ses préparatifs
Selon lui, la guerre de 2006 a-t-elle accéléré ou éloigné la possibilité d'une nouvelle agression israélienne ? « Elle a, en tout cas, rendu l'agression contre le Liban très difficile. Certains pensent même qu'il faut désormais donner la priorité à encercler politiquement la Résistance et miser sur le compromis interne qui devrait entraver son action. Personnellement, je crois que la Résistance poursuivra ses préparatifs dans toutes les circonstances. »
Finalement, à qui appartenait le dépôt d'armes qui a explosé à Kherbet Selm ? « Il faut poser la question aux autorités libanaises. Ce qui compte dans cette affaire, c'est que la souveraineté au Sud est assurée par l'armée libanaise, non par la Finul. La résolution 1701 n'a pas placé le Sud sous le mandat de la Finul. Celle-ci doit aider l'armée lorsque cette dernière le lui demande. De toute façon, ce dossier est clos depuis que les officiers de la Finul ont présenté leurs excuses aux habitants de la région. »
Justement, certains accusent le Hezbollah d'avoir utilisé les habitants pour étouffer l'explosion du dépôt d'armes... « Ce sont des propos stupides, proteste Nawaf Moussawi. Pour reprendre l'expression de Walid Joumblatt, ils sont émis par des personnes dont la sensibilité se réveille à Kherbet Selm mais sommeille devant les fermes de Chebaa... »
Pourquoi remettre de nouveau sur le tapis le sort de Yehya Skaff ? N'est-ce pas une façon de préparer le terrain à une nouvelle action de la part du Hezbollah ? « Les Israéliens continuent à rechercher Ron Arad. Pourquoi la dignité de celui-ci serait-elle plus importante que celle de Yehya Skaff ? Ce qui serait honteux serait de ne pas se soucier de son sort. L'époque où les dirigeants prenaient à la légère la vie des citoyens est révolue. Ceux qui protestent contre l'intérêt porté par le Hezbollah au sort de Yehya Skaff auraient-ils la même attitude s'il était leur fils ? Pour nous, c'est un dossier national et humain. »
Nawaf Moussawi estime que l'époque de l'encerclement interne de la Résistance est révolue.  Reste la Syrie. Le Hezbollah n'éprouve-t-il aucune inquiétude au sujet de la reprise possible des négociations avec Israël ? « Nous remercions la Syrie pour sa position pendant la guerre de 2006. Les Syriens ont été les seuls à se tenir à nos côtés. Et on prend pleinement conscience de l'importance de cette position lorsqu'on regarde ce qui s'est passé entre Gaza et l'Égypte pendant la dernière guerre israélienne. »
Au sujet de la reprise des négociations avec Israël, Moussawi rappelle que la Syrie a négocié avec les Israéliens de 1991 (date de la conférence de Madrid) jusqu'à la rencontre entre Assad et Clinton à Genève en 1999 et rien n'a changé dans son attitude envers la Résistance.

La Syrie et l'Occident
Pourquoi le résultat de l'enquête sur l'assassinat de Imad Moghniyé n'a-t-il pas été divulgué ? Le Hezbollah a-t-il mené sa propre enquête ? « Oui, dans son cadre limité. La Syrie étant un État souverain, elle a mené la sienne. Nous avons une vision claire de ce qui s'est passé. Et les Syriens publieront les résultats quand ils le jugeront nécessaire. »
Mais si c'était Israël, pourquoi ne pas le dire ? « Nous l'avons dit. Et dans ce cas, ce n'était pas une accusation politique comme on le fait au Liban. Elle est basée sur des éléments concrets. »
Les tentatives d'éloigner la Syrie de l'Iran inquiètent-elles le Hezbollah ? Nawaf Moussawi sourit. Il est convaincu que cette nouvelle orientation est le fruit de l'échec de la politique occidentale à l'égard de la Syrie. Selon lui, le virage occidental en direction de la Syrie a commencé le 14 août 2006. « Mais avec beaucoup d'hypocrisie, l'Occident cache ce constat d'échec en affirmant vouloir éloigner la Syrie de l'Iran. »
En somme, ils ont payé le prix et c'est la Syrie qui récolte les fruits... « Nous avons défendu notre pays contre l'agression israélienne. Et nous avons réussi à modifier le rapport de forces dans la région. Tant mieux si cela profite à nos alliés. » Moussawi relève le fait que depuis des années, l'Occident rejette toute ingérence syrienne dans les affaires libanaises, et maintenant tout ce qui est demandé à la Syrie, c'est de s'ingérer dans nos affaires et de faire pression sur l'opposition.
Pourquoi sayyed Hachem Safieddine apparaît-il soudain dans les médias ? Sayyed Nasrallah compte-t-il se retirer ? « En cette période de célébration du troisième anniversaire de la guerre de 2006, tous les responsables du Hezbollah interviennent dans les médias. Que Dieu protège sayyed Nasrallah et arrêtez ces spéculations qui ne sont qu'une "symphonie de fausses notes". »
Nawaf Moussawi tient à rendre hommage au général Michel Aoun pour sa position pendant la guerre de 2006. Selon lui, il a à cœur l'intérêt national et il est prêt à tout lui sacrifier. « Quand vous traitez avec des hommes libres, vous ne pouvez qu'être heureux, dit-il, et Michel Aoun en est un. » Le Hezbollah l'est-il ? « Quand on sacrifie ses enfants à une cause dans laquelle on croit, c'est qu'on a atteint le summum de la liberté », répond-il sobrement.

Connu pour ses propos fermes, Nawaf Moussawi affiche aujourd'hui un air serein. Rien ni personne ne semble devoir entamer sa confiance dans l'avenir. À ceux qui s'étonnent de tant d'optimisme, il répond, par le raisonnement, que pour l'instant, les conditions objectives d'un affrontement interne ou externe ne sont pas réunies. Le nouveau député membre du...

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