L’incursion israélienne au Liban-Sud : « Une action militaire habituelle sur un front ouvert »

Le Hezbollah a revendiqué lundi la responsabilité d'une explosion qui a visé des soldats israéliens ayant franchi la frontière avec le Liban. L’incident a été confirmé par l’armée israélienne qui a annoncé que quatre soldats avaient été blessés dans cette attaque après que le Hezbollah a affirmé avoir activé des « engins explosifs » à leur passage.

C'est la première fois que le Hezbollah, qui échange quotidiennement des tirs avec Israël depuis le début de la guerre à Gaza il y a plus de six mois, annonce une opération de ce genre. Le parti chiite – qui a parlé de tués et de blessés – a expliqué avoir « placé des charges dans la zone de Tal Ismaïl », près de la frontière israélienne, qui ont explosé après que les soldats israéliens ont traversé la frontière. Selon un officiel de l'armée israélienne cité par Reuters, les quatre soldats blessés se trouvaient à « plusieurs centaines de mètres » de la frontière à l'intérieur du territoire libanais. La radio de l'armée israélienne a indiqué que le but de l'opération était de « scanner le côté libanais de la frontière » et que les soldats israéliens avaient « ouvert le feu pour secourir les blessés » à la suite de l'explosion.

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Que signifie cette incursion en territoire libanais, une action rare de la part des Israéliens au cours de ce conflit qui dure depuis le 8 octobre ? Comment comprendre cette prompte réaction de la part du Hezbollah ? Est-ce un tournant dans cette guerre ? Élias Hanna, général à la retraite de l'armée libanaise, répond à nos questions.

Comment voyez-vous l’incursion israélienne qui a eu lieu lundi dans le territoire libanais ?

Les soldats israéliens sont pratiquement au Liban, les frontières n’étant pas hermétiques. C’est une opération tout à fait banale sur un front ouvert depuis six mois. Ces soldats voulaient peut-être dresser un piège à quelqu’un avant de se faire prendre et d’être eux-mêmes blessés par l’explosion opérée par le Hezbollah. Mais il est évident que quatre à cinq soldats pénétrant en terrain ennemi ne constituent pas une invasion jusque-là.

Comment analysez-vous la réponse du Hezbollah ?

Le Hezbollah connaît bien les procédures d’opérations standards et a une parfaite connaissance du terrain. S’il a miné ce chemin en particulier, c’est qu’il a dû estimer que l’ennemi passerait par là pour entrer sur le territoire libanais ou qu’il a cherché à l’attirer sciemment vers son guet-apens. Mais dans tous les cas, il s’agit d’un acte de guerre tout à fait habituel sur le front.

Selon vous, cette incursion n’est donc pas un tournant dans cette guerre ?

Je ne le pense pas. Il s’agit d’actions quotidiennes dans le cadre des combats. Ce qui serait exceptionnel, ce serait une attaque israélienne de grande ampleur contre le Liban. Ce qui a été exceptionnel, c’est l’attaque iranienne sur le sol israélien dans la nuit de samedi à dimanche derniers. Mais jusqu'ici, cette incursion avec son lot de blessés fait partie des risques du métier.