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Politique - Éclairage

Affaire Pascal Sleiman : le jour d’après, prémices d'un apaisement

Le patriarche maronite appelle à la retenue et annonce qu’il célébrera l'office funèbre du cadre FL, prévue vendredi.

Affaire Pascal Sleiman : le jour d’après, prémices d'un apaisement

Le ministre sortant de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, lors de sa conférence de presse au siège du ministère à Sanayeh, le 9 avril 2024. Photo Anwar Amro/AFP

Au surlendemain du déclenchement de l'affaire Pascal Sleiman, l’heure de l’apaisement semblait avoir sonné mardi. Après l’annonce du meurtre du responsable des Forces libanaises pour la région de Jbeil (tué dimanche lors d’une tentative de lui voler sa voiture dans le secteur de Kharbé, selon la version officielle), nombreux sont les appels au retour au calme afin d’éviter de réveiller les démons de la guerre civile, à la suite du climat de haute tension politique qui s'est installé depuis le rapt du cadre FL. Ces efforts n’éclipsent cependant pas la dimension politique que l’affaire a pris dès le début. Les FL s’en tiennent ainsi à leurs doutes quant à la version officielle des faits et insistent pour dire que leur responsable a été victime d’un « crime politique », accusant désormais indirectement le Hezbollah de créer le climat propice à ce genre de crimes.

Sans aller aussi loin, le patriarche maronite, Béchara Raï, est entré de plain-pied dans l’affaire : tout en appelant à la retenue, il a décidé de présider la cérémonie des funérailles, prévue vendredi. De quoi donner le sentiment qu'il accorde à l’affaire une dimension politique allant au-delà du motif crapuleux mis en avant par les autorités.

Cette décision du patriarche maronite a été annoncée quelques heures après sa réunion mardi à Bkerké avec Melhem Riachi et Ziad Hawat, tous deux députés FL. Une source proche de Mgr Raï indique à L’Orient-Le Jour que lors de l’entretien, le prélat a insisté sur l’importance de calmer les esprits. Une position qu’a reflétée un communiqué de Bkerké publié juste après la réunion. « Dans ces circonstances tendues sur le triple plan politique, sécuritaire et social, nous appelons à la retenue, et incitons les appareils de sécurité et le pouvoir judiciaire à sanctionner les auteurs (du crime) », peut-on lire dans le texte. De leur côté, les FL persistent et signent : l’affaire Pascal Sleiman est « un assassinat politique ». « Nous avons exprimé ce point de vue devant le patriarche », confie Tony Mrad, conseiller du chef des FL pour les relations avec les autorités religieuses, faisant valoir que le chef de l’Église maronite est entré en contact avec Samir Geagea quelques heures après l’incident. « Nous sommes convaincus que le camp de la moumanaa (piloté par le Hezbollah) se tient derrière le meurtre de Pascal Sleiman pour mener le pays vers la discorde », affirme M. Mrad.

Pour le moment, la direction du parti ne va pas aussi loin. Si les FL ont déclaré quelques minutes après le meurtre qu’il s’agit d’un « assassinat politique jusqu’à nouvel ordre », elles ne vont pas jusqu'à accuser ouvertement le Hezbollah. « L’enquête devrait être transparente, claire et précise. D’ici là, nous considérons qu’il s’agit d’un meurtre politique », a déclaré  le parti dans un communiqué mardi. Dans le même temps, la formation estime que les armes du Hezbollah et sa présence à la frontière libano-syrienne, « transformée par le Hezb en ligne directe Beyrouth-Téhéran au nom de l’unité des fronts », ainsi que le fait « d’empêcher l’État de s’activer dans certaines régions (fiefs du Hezbollah, NDLR) ont mené à l’assassinat » de Sleiman. 


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Ces propos sonnent comme une réponse indirecte au secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui avait estimé qu’en accusant son parti de se tenir derrière le meurtre de Sleiman, les FL et les Kataëb cherchaient à « rallumer la guerre civile ». Une prise de position qui a suscité une réaction de la part de la formation de Samy Gemayel. « Ce que les Libanais ont entendu de la part du secrétaire général du Hezbollah est désolant et déplorable, tout comme le fait de voir lever son index face à la « résistance libanaise » qui a défendu le pays face aux ennemis, contrairement à Nasrallah qui mène le pays vers des guerres qui ne le concernent pas, pour réaliser les ambitions régionales de l’Iran », a lancé le parti dans un communiqué à l’issue de la réunion hebdomadaire de son bureau politique. 


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Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, pourtant principal adversaire des FL sur la scène locale, mais qui n’avait pas tardé à exprimer sa solidarité avec elles quelques heures après l’incident, a tenu des propos allant dans le sens des formations chrétiennes rivales. « Il est du devoir de l’armée et du pouvoir judiciaire de sanctionner les criminels et d’imposer la sécurité afin d’empêcher la discorde », a-t-il dit lors d’un point de presse mardi. « Tout le monde a le droit de formuler des doutes quant à de probables motifs politiques derrière le crime », a-t-il ajouté. Sauf que M. Bassil n’a pas manqué de lancer quelques piques à son grand adversaire. « Si l’auteur du crime était chiite, que ce serait-il passé ? » s’est-il interrogé. « Nous sommes aux côtés de la victime, ses parents et son parti, même si les motifs ne sont pas politiques. Mais doit-on pour cela causer une guerre civile ? » a-t-il ajouté dans une critique à l'adresse de Samir Geagea.

« Les erreurs » de Geagea et Nasrallah 

Le leader druze, Walid Joumblatt, reproche lui aussi au chef des FL des « erreurs ». « Il a commis une faute, non seulement par son attitude dans l’affaire Sleiman, mais aussi en se montrant comme le fer de lance de la confrontation face au tandem chiite », déclare M. Joumblatt à L’OLJ, dans une référence à des propos tenus par M. Geagea dans une interview accordée il y a deux semaines à la chaîne publique Télé-Liban. Mais, « à son tour, sayyed Nasrallah s’est mal exprimé à ce sujet », ajoute le maître de Moukhtara. Selon lui, « cette situation montre combien il est nécessaire de parvenir à un compromis au sujet de la présidentielle ».

Pour ce qui est des autorités, le commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, est entré en contact dès lundi soir avec tous les chefs de file politique. De source informée, on apprend que c’est à l’issue de ce coup de fil que le chef des FL a retiré ses partisans de l’autoroute de Jbeil qu’ils bloquaient depuis dimanche soir. Le général Aoun et les autres patrons d’appareils sécuritaires se sont entretenus avec Béchara Raï avant une réunion du conseil central de sécurité (affilié au ministère de l’Intérieur). À l’issue de la réunion, le ministre sortant, Bassam Maoulaoui, a souligné que « le pays ne supporte ni problèmes ni discordes confessionnelles ».  

Au surlendemain du déclenchement de l'affaire Pascal Sleiman, l’heure de l’apaisement semblait avoir sonné mardi. Après l’annonce du meurtre du responsable des Forces libanaises pour la région de Jbeil (tué dimanche lors d’une tentative de lui voler sa voiture dans le secteur de Kharbé, selon la version officielle), nombreux sont les appels au retour au calme afin d’éviter de...

commentaires (10)

Tout a fait. merci Sissi Zayyat

saliba rima

14 h 02, le 11 avril 2024

Tous les commentaires

Commentaires (10)

  • Tout a fait. merci Sissi Zayyat

    saliba rima

    14 h 02, le 11 avril 2024

  • Certains préfèrent lâcheté en cédant leur cou aux bourreaux après leur avoir léché les bottes pour les épargner. Nous préférons mourir debout et tant pis pour les lâches qui préfèrent la vie à genoux par facilité.

    Sissi zayyat

    16 h 07, le 10 avril 2024

  • Et voilà! On l’attendait celle là, les pro Hezbollah qui nous servent à nouveau le disque rayé du Mossad. Ils ont juste oublié de rappeler que celui ci était aussi derrière l’assassinat de Rafic Hariri, ensuite de toutes les personnalités hostiles au Hezbollah ensuite de l’explosion du port et aussi du vol à l’arraché du sac de la voisine. Au concours du plus idiot, le vainqueur est déjà connu

    Lecteur excédé par la censure

    15 h 41, le 10 avril 2024

  • Tout pue le Maussade Mossad !

    Chucri Abboud

    15 h 13, le 10 avril 2024

  • Bassam Maoulaoui, a souligné que « le pays ne supporte ni problèmes ni discordes confessionnelles ». Il aurait dû ajouter, ni assassinat politique. Cependant une question, qu’est devenu la dépouille du défunt. Lorsqu’il s’agit d’un crime crapuleux, on laisse la victime à l’endroit où elle a été tué, pourquoi l’avoir transporté en Syrie et comment les assassins ont pu traversé la frontière avec un corp sans être appréhendés? Où sont les forces de sécurité qui veillent sur la protection des citoyens? Ils sont occupés à protéger les corrompus qui volent et détruisent notre pays.

    Sissi zayyat

    11 h 51, le 10 avril 2024

  • Moi je préfère les prémices

    Hitti arlette

    10 h 55, le 10 avril 2024

  • Il est temps de rétablir l'Etat pour garantir la sécurité à l'ensemble des citoyens et de relancer l'économie en donnant accès aux déposant à leur argent.

    LTEIF Salim

    10 h 40, le 10 avril 2024

  • À Monsieur le ministre de l’intérieur: est ce que vous garantissez la sécurité des chrétiens du Liban ? Répondez par OUI ou NON. Si oui, prière de nous le prouver en déployant vos policiers pour protéger les citoyens et non seulement les politiciens. Si non, on sait comment faire pour garantir notre sécurité et notre intégrité physique face à cette invasion massive de syriens dans nos régions.

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 37, le 10 avril 2024

  • "Il est du devoir de l’armée et du pouvoir judiciaire (...)t d’imposer la sécurité". Propos étonnants de la part d’un homme qui a toujours soutenu le "droit" d’un parti déterminé à posséder un arsenal supérieur à celui des forces légales.

    Yves Prevost

    07 h 42, le 10 avril 2024

  • A la bonne heure ! Rien ne vaut le calme et la tranquillité , tout le reste est faiblesse !

    Chucri Abboud

    02 h 36, le 10 avril 2024

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