Les fonctionnaires suspendent leur grève, en attendant de comprendre les rouages des augmentations promises

Les employés de l'administration publique libanaise ont annoncé la suspension de leur grève, jeudi après-midi, mais attendent que certains points de la proposition adoptée mercredi par le gouvernement sortant de Nagib Mikati pour augmenter les traitements et salaires des fonctionnaires soient éclaircis.

Dans un communiqué publié juste après une réunion consacrée au dossier, le Rassemblement des employés de l’administration publique a précisé qu'il attendait « que l'ensemble des points entourés de flou dans le décret publié hier (mercredi) par le gouvernement soient éclaircis (...) afin de permettre aux citoyens de terminer leurs formalités en suspens ». L'organisation n'a cependant pas précisé si elle comptait à nouveau appeler les fonctionnaires à la grève dans le cas où les éclaircissements apportés par les autorités n'étaient pas en ligne avec leurs revendications.

Dernier ajustement en 2017

L'organisation a également appelé « à corriger les rémunérations des fonctionnaires en adoptant une grille des salaires conforme à la réalité économique actuelle », une demande qui vise donc à ajuster de façon pérenne toutes les rémunérations dans la fonction publique. « Les incitations (financières) données par le gouvernement doivent inclure tous les fonctionnaires », ajoutent les syndicalistes.

Le dernier ajustement de la grille des salaires remonte à 2017, soit deux ans avant le début de la crise qui a provoqué l'effondrement de la valeur de la livre et donc, par ricochet, de celle des salaires de la fonction publique qui n'ont toujours pas été alignés sur le nouveau taux de change en vigueur sur le marché. En près de 5 ans, ce taux est passé de 1507,5 LL à 89.500 LL pour un dollar, soit une multiplication par un facteur de 60.

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Le gouvernement augmente les rémunérations des fonctionnaires pour mettre fin à la grève

Le gouvernement a augmenté mercredi les rémunérations des fonctionnaires pour mettre fin à leur grève qui dure depuis plus de deux mois. Mais les employés de la fonction publique ont estimé que ces propositions « pourraient être piégées », selon le syndicaliste Ibrahim Nahhal. « Nous allons bien étudier les décisions du gouvernement, pour pouvoir calculer les augmentations proposées par rapport à la cherté de vie », a-t-il déclaré à L'Orient-Le Jour.

« Nous voulons certes reprendre le travail et faciliter la vie des citoyens, mais nous avons aussi besoin de pouvoir mener une vie décente », a encore indiqué Ibrahim Nahhal, qui souligne que les salaires de février sont toujours bloqués, en raison de la grève des employés du ministère des Finances. Selon une source au ministère des Finances non habilitée à parler à la presse, le versement des salaires de tout le secteur public sera fatalement retardé même si les fonctionnaires de ce même ministère mettent fin à la grève aujourd'hui, compte tenu de leur rôle central dans cette procédure, qui implique également la Banque du Liban.

La formule adoptée mercredi prévoit, entre autres, que les militaires et membres des forces de sécurité en service ainsi que les retraités de l'armée reçoivent 3 salaires supplémentaires par mois, hors bonus, ce qui relèverait leurs salaires à un niveau équivalent à 9 fois celui qu'ils touchaient avant la crise. Les employés de l’administration publique devraient recevoir deux salaires de plus par mois, pour un total, hors bonus également, équivalent à 9 fois leur salaire d'avant-crise. 

De leur côté, les organismes économiques, qui rassemblent des représentants du patronat, ont appelé le gouvernement à « annoncer les chiffres réels liés au coût total des compensations accordées au secteur public ». Ils se sont interrogés sur la provenance des fonds à mobiliser pour couvrir ces augmentations : « Font-ils partie des fonds alloués dans le budget et les réserves budgétaires pour 2024 ou, sinon, comment sera financée la différence ? »