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Moyen Orient et Monde - Décryptage

Quelle solution pour les déplacés chypriotes ?

Alors qu'une réunification de l'île est en discussion, la gestion des droits de propriété apparaît comme un enjeu central des négociations.

Les déplacés chypriotes vont-ils pouvoir rentrer chez eux ? Plus de 200 000 habitants de l'île seraient ainsi considérés comme des déplacés, selon le Centre de surveillance des déplacements internes, ONG reconnue par les Nations unies. La rencontre entre les dirigeants des deux parties de l'île qui s'est tenue à Genève, hier, en présence des ministres des Affaires étrangères grec, turc et britannique Nikos Kotzias, Mevlut Cavusoglu et Boris Johnson, ainsi que du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et de la chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, pourrait ouvrir la voie à une réunification de l'île. Pressés par la communauté internationale, les dirigeants tentent d'arracher un accord, alors que les négociations se poursuivent.

Dès lundi, des pourparlers entre Chypriotes ont commencé à Genève, abordant les questions internes sensibles, telle celle des déplacés. Une partie d'entre eux espèrent toujours retrouver le domicile qu'ils ont quitté lors de la partition du pays, il y a quarante ans.
L'invasion du nord de l'île en 1974 par l'armée turque, qui a abouti à la division de Chypre en deux entités séparées, a jeté sur les routes des dizaines de milliers de Chypriotes grecs et turcs. Les Chypriotes de la communauté grecque ont fui au sud de la ligne verte, zone gérée par l'Onu qui sépare l'île depuis lors, tandis que les Chypriotes turcs ont fait le voyage inverse.

La reconnaissance des droits de propriété des déplacés fait consensus entre Mustafa Akinci, président de la République turque de Chypre du Nord (RTCN, reconnue uniquement par Ankara), et le président chypriote Nicos Anastasiadès. Les mesures concrètes d'application de cette reconnaissance ne sont cependant pas fixées. Deux possibilités pourraient être mises en place. Les déplacés pourraient recevoir une compensation financière ou se voir restituer leurs propriétés. Une application qui nécessitera une grande prudence, afin de ne pas mettre le feu aux poudres dans l'île. « Un accord entraînerait un nouveau déplacement de populations.

Les deux parties débattent afin de mettre en place un arbitrage qui soit, sur le plan humanitaire ainsi qu'économique et social, le moins douloureux possible », explique Ayla Gürel, consultante principale de recherche à l'antenne de Chypre de l'Institut de recherche pour la paix d'Oslo (Norvège). Les négociateurs doivent réussir à satisfaire les revendications des déplacés, tout en évitant d'engendrer des troubles intercommunautaires.

 

(Lire aussi : Morphou, une ville au milieu des vergers, au cœur des négociations de paix)

 

 

Pas de déplacements massifs à prévoir
En quarante ans, de nombreuses localités ont changé de visage. Certaines maisons ont été détruites et de nombreux villages ont été renommés dans la langue de la communauté qui s'en est emparée. Les 50 000 colons envoyés par Ankara dans les années 1970 et 1980 ont massivement contribué à « turquéfier » la partie nord. « De nombreux Chypriotes grecs veulent récupérer leurs propriétés situées de l'autre côté de la ligne verte, mais ne sont pas nécessairement disposés à aller vivre dans la partie turque, du moins à court terme », rappelle Ayla Gürel. Alors que 100 000 Chypriotes grecs étaient partis vers le sud, et que 45 000 Chypriotes turcs se sont exilés au nord durant la seule année 1974, une réunification n'engendrerait pas des déplacements aussi massifs.

Les maisons abandonnées par les déplacés ont été habitées, vendues et achetées par des Chypriotes comme par des étrangers. L'achat de résidences secondaires, majoritairement dans la partie nord, par des touristes étrangers, notamment français et britanniques, complique une éventuelle restitution des propriétés. Les dirigeants veulent éviter en outre les réinstallations forcées des populations, qui provoqueraient un mécontentement massif.

Les négociations actuelles en vue de la réunification tendent vers une solution fédérale, dans laquelle chacune des deux communautés administrerait une partie du territoire. La délimitation de la frontière entre les deux entités pourra amener à une restitution plus ou moins importante de territoires de la partie turque à la partie grecque, ce qui aura un effet non négligeable sur les déplacements ou non de populations.
Par ailleurs, Chypre a été durement frappée par la crise économique depuis 2012, et le Nord est très dépendant de l'aide turque. Les deux exécutifs cherchent à éviter des bouleversements qui pourraient déstabiliser le fragile équilibre économique. Même si la conclusion d'un accord est obtenue, sa mise en place, après référendum, prendra du temps.

 

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commentaires (3)

Une solution imparable c'est bombarder Ankara . Comme pour la solution aux bactéries wahabites syriennes , il faudra bombarder Téhéran , Moscou et Damas ... dans l'ordre ou le désordre ou partiellement ou entièrement ...lol...

FRIK-A-FRAK

14 h 10, le 13 janvier 2017

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Commentaires (3)

  • Une solution imparable c'est bombarder Ankara . Comme pour la solution aux bactéries wahabites syriennes , il faudra bombarder Téhéran , Moscou et Damas ... dans l'ordre ou le désordre ou partiellement ou entièrement ...lol...

    FRIK-A-FRAK

    14 h 10, le 13 janvier 2017

  • ILS VONT PAYER POUR TOUS LES GENOCIDES COMMIS... EUX ET D,AUTRES AUSSI...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 17, le 13 janvier 2017

  • Quelle solutions pour les terres et les biens spoliées par les turques ..? quels sont les dommages de guerre que payera la Turquie pour son invasion unilatérale du Nord de l'ile en 1974..?

    M.V.

    07 h 45, le 13 janvier 2017

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