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Cinema- - Rencontre

Costa Gavras, un engagé pour la cause du 7e art

Le réalisateur franco-grec ne peut faire de film s'il n'a pas une grande histoire en main. Tout au long de sa carrière, son cinéma à lui a fait l'histoire, mais aussi des vagues.

Costa Gavras sur la scène du Casino du Liban pour ouvrir la cérémonie des Trophées francophones. Photo Ammar Abd Rabbo

Il était venu en 1964 au Liban en tant qu'assistant de Jean Becker pour le film Échappement libre avec Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg (deux fois, précise-t-il, d'abord pour repérer les lieux, ensuite pour le tournage). Il était revenu, bien sûr, il y a quelques années. Mais, cette fois-ci, c'est en tant que président de la cérémonie des Trophées francophones qu'il revient sur la scène libanaise, plus précisément sur celle du Casino du Liban. Avant les répétitions, le réalisateur de Z a répondu aux questions de L'OLJ.

Z, L'Aveu, État de siège ou Missing. Vos films appartiennent au thriller politique. Peut-on dire que vous ne faites que des films de genre ?
J'en ai fait d'autres différents, mais je n'ai jamais voulu faire de films rien que pour faire des films. Tout ce qui compte pour moi, c'est m'impliquer dans des histoires qui m'intéressent et me touchent profondément. Je ne suis pas un illustrateur d'histoires.

Vous êtes actuellement président de la Cinémathèque française. Que représente pour vous ce rôle ?
C'est une manière de défendre encore une fois le cinéma. En dehors de ma famille, tout ce qui compte pour moi, c'est le cinéma. Travailler dans ce milieu est comme un devoir de citoyen que j'accomplis avec passion.


(Lire aussi : Le Liban a accueilli à bras ouverts les trophées francophones du cinéma, cuvée 2016)

 

Qu'entendez-vous par la défense du cinéma ?
Si le cinéma est un moyen de communication puissant, qui voyage facilement et parle à toutes les sociétés d'une manière directe – imaginez qu'à la première projection d'un film il y a dix-sept personnes présentes, et puis, très vite, il y a des milliards qui verront ce film –, il n'en demeure pas moins que c'est un art très fragile, car s'il est pris en main par des commerçants, ils peuvent lui ôter toute liberté. C'est pourquoi, je dis encore une fois, mon rôle est de défendre ce cinéma, qui a besoin de tous nos efforts. La France joue un rôle important à travers la Cinémathèque. Il y a des milliers de films dans le monde qui peuvent se faire grâce à ce système français qui aide les cinéastes sans contrepartie et sans contrôle.

La francophonie est-elle donc un lien qui relie tous ces films ?
Oui, parce que ces pays aux passés et présents différents sont reliés par la langue. C'est elle qui rassemble, unit et persuade.


(Lire aussi : Pour le cinéaste engagé Costa-Gavras, "tout est politique")

 

Grand observateur du monde et de ses changements, quel regard jetez-vous sur le cinéma d'aujourd'hui ?
Je suis très ravi des changements opérés de par le monde. Quand j'étais jeune, il n'y avait que les grands pays qui faisaient du cinéma : la France, les États-Unis, l'Angleterre ou la Russie. Aujourd'hui, tous les pays peuvent et doivent avoir leur cinéma. Leurs propres images. Nos images sont notre propre miroir. Si on regarde les images des autres, c'est qu'on se regarde dans le miroir des autres. Prenez, par exemple, le cinéma libanais qui ressemblait au cinéma égyptien. Actuellement, il a sa propre identité.

Comment, selon vous, peut-on avoir un cinéma national ?
Tous les pays doivent avoir leur propre cinéma. Pour avoir un cinéma national, libre, divers et créateur, il faut une volonté politique. Comme l'éducation nationale ou les musées. Il faut encourager, aider financièrement. De Gaulle a décidé cela en 1945, et, depuis, tous les gouvernements ont accepté ses principes. Mitterrand a même créé Canal + pour produire les films. C'est ainsi que le cinéma s'est développé. Le modèle coréen est aussi un exemple à suivre puisqu'il oblige les distributeurs à garder durant un mois entier les films nationaux. C'est une mesure qui ne coûte pas cher.

Quel conseil donnerez-vous à un jeune étudiant en audiovisuel ?
Le cinéma est personnel. Je ne peux donc donner de conseils à personne, mais, tout ce que je peux dire, c'est qu'il faut faire des films avec ce qu'on est, ce qu'on pense et ce qu'on ressent. Il faut toujours oser et ne pas avoir peur. On réussit parfois mais on échoue aussi. Cela ne veut pas dire qu'il faut s'arrêter dès qu'on a un échec.

 

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