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Liban - La situation

Deux « retards techniques » se profilent à l’horizon

Saad Hariri au Salon du livre. Photo Ani

Ni la date de la formation du gouvernement ni celle des prochaines législatives ne seront celles que l'on espère publiquement, assure-t-on de sources politiques concordantes. Le gouvernement ne sera pas formé avant la fête de l'Indépendance, comme on le souhaite en haut lieu, et les prochaines élections ne seront pas aussi proches qu'on le dit (en mai prochain), mais pour des raisons encore mal éclaircies.  En tout état de cause, au cours d'une visite informelle au Salon du livre, hier, le Premier ministre désigné est resté évasif sur la date de la formation du prochain gouvernement. « Si Dieu le veut, nous irons vite... » a-t-il dit. Ce qui ne veut rien dire.

Après quelques jours de surplace, le processus de formation du nouveau gouvernement a repris hier, avec deux déplacements matinaux significatifs en direction de Gebran Bassil. C'est ainsi que Wafic Safa (Hezbollah) et Nader Hariri (Futur) se sont successivement rendus au ministère des Affaires étrangères, pour des entretiens séparés sur la formation du gouvernement. Rien n'a filtré de la teneur des entretiens, sinon que l'on se dirige toujours vers un gouvernement de trente ministres.

« On avance à pas de tortue », relève toutefois un observateur, qui doute qu'à cette vitesse le gouvernement puisse être formé avant la fête de l'Indépendance, comme le claironnent certains, sans doute pour se donner du cœur à l'ouvrage. Cette date n'a été choisie symboliquement que pour encourager les partis et courants engagés à faire vite, leur lancer un défi, mais il semble difficile que le gouvernement voie le jour dans les délais fixés, assure la source citée. Il est plus probable, ajoute-t-elle, que ce soit chose faite mettons à la fin du mois.

 

(Lire aussi : Un gouvernement avant le 22 novembre, le décryptage de Scarlett Haddad)

 

Selon notre correspondante Hoda Chédid, la formation du gouvernement bute sur trois ou quatre écueils qu'il n'est pas facile de contourner. Le premier de ces écueils est la répartition des quatre portefeuilles dits régaliens (Défense, Intérieur, Affaires étrangères et Finances).

Autre écueil, qui n'est qu'à moitié réglé, le ministère des Finances. Si l'octroi du ministère des Finances à la communauté chiite semble chose réglée, la personne qui doit en assumer la charge continue de faire problème. M. Berry exige qu'il aille au ministre sortant, Ali Hassan Khalil, alors que le palais présidentiel souhaite qu'il soit attribué à une nouvelle figure chiite.
On souligne, dans les milieux politiques, que l'attribution du portefeuille des Finances à la communauté chiite est une forme masquée de répartition du pouvoir par tiers, puisque ainsi toute décision devra être prise en partenariat par les maronites (représentés par le chef de l'État), les sunnites (représentés par le président du Conseil) et les chiites (représentés par le ministre des Finances, dont le paraphe doit figurer au bas de nombreuses décisions gouvernementales, pour qu'elles deviennent effectives).

Par ailleurs, Nabih Berry réclame pour sa communauté un portefeuille « de services », celui des Travaux publics, et trois autres ministères « de premier plan », ainsi qu'un ministère d'État. Pour les Marada, le Parti syrien national social et le Parti démocrate de Talal Arslane, M. Berry réclame enfin trois ministères, ainsi que le droit de nommer un ministre sunnite.

L'attribution du ministère de la Justice est l'un des autres écueils sur lesquels bute le gouvernement. M. Berry refuse catégoriquement qu'il aille aux Forces libanaises, comme celles-ci le réclament, sachant que Samir Geagea réclame pour les FL trois portefeuilles.
Toujours est-il que pour rendre la politesse au président de la Chambre, M. Geagea serait en train de mettre des entraves à l'attribution d'un portefeuille au parti Kataëb, selon ce qu'affirme le chef de ce parti, Samy Gemayel (voir par ailleurs).

 

(Lire aussi : Passe-moi le fromage, le billet de Gaby NASR)

 

Constantes et acquis
Cela dit, certaines constantes commencent à se dégager et à donner au prochain gouvernement sa physionomie définitive. Ainsi, le chef de l'État va maintenir Gebran Bassil au ministère des Affaires étrangères ; il songe en outre à attribuer la Défense à Issam Farès, qui sera ipso facto vice-président du Conseil. On sait que l'homme d'affaires est venu spécialement au Liban pour féliciter Michel Aoun, après son élection, et a affirmé qu'il était prêt à se réinvestir dans la vie politique, ainsi qu'au niveau économique. Autre constante, le maintien de Nouhad Machnouk au ministère de l'Intérieur.

En ce qui concerne la part du Premier ministre, elle comprendrait cinq ministres sunnites, soit MM. Hariri et Machnouk, auxquels s'ajouteraient Jamal Jarrah, Mouïne Meraabi et Mohammad Kabbara. Ces cinq ministres seraient rejoints par un sixième, de confession chiite, qui serait Ghazi Youssef ou Okab Sakr. Bassem el-Sabeh, lui, se considère hors course et n'ambitionne pas de faire partie du gouvernement. La communauté druze serait, elle, représentée par Marwan Hamadé et Aymane Choucair.

Quant aux ministres chrétiens, ils se répartiraient comme suit : trois ministres relevant du chef de l'État, trois autres du courant aouniste, trois des Forces libanaises, un du Tachnag et enfin trois ministères allant à des personnalités indépendantes, comme Michel Pharaon ou Michel Moawad.

Enfin, last but not least, si ces nœuds ne sont pas impossibles à délier, le temps mis à le faire pourrait être plus long que prévu et retarderait le scrutin législatif au-delà du 20 juin, date d'expiration du mandat de la législature actuelle. Pour contourner cet obstacle, il n'existe qu'une hypothèse, organiser les élections selon la loi de 1960, ou accepter que les élections législatives subissent ce qu'on appelle poliment un « retard technique », ce qui aura probablement lieu, à en croire des hommes dans le secret des dieux.

 

 

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Ni la date de la formation du gouvernement ni celle des prochaines législatives ne seront celles que l'on espère publiquement, assure-t-on de sources politiques concordantes. Le gouvernement ne sera pas formé avant la fête de l'Indépendance, comme on le souhaite en haut lieu, et les prochaines élections ne seront pas aussi proches qu'on le dit (en mai prochain), mais pour des raisons encore...

commentaires (3)

Il faudra faire avec ce qu'on a . Il est improductif de réclamer la lune quand on a que l'ombre d'une éclipse. Entre nous , on est déjà bien que tout ce qui se passe ailleurs ne rejaillit pas de façon plus sanguinaire que ça.

FRIK-A-FRAK

14 h 07, le 11 novembre 2016

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Commentaires (3)

  • Il faudra faire avec ce qu'on a . Il est improductif de réclamer la lune quand on a que l'ombre d'une éclipse. Entre nous , on est déjà bien que tout ce qui se passe ailleurs ne rejaillit pas de façon plus sanguinaire que ça.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 07, le 11 novembre 2016

  • Pays presque en faillite et on ose toujours parler encore des postes régaliens et du partage du gâteau entre confessions pour le bien des communautés et non pour le bien du Liban . Vive nos tribus.

    Sabbagha Antoine

    12 h 13, le 11 novembre 2016

  • un grand renouveau!! que des dinosaurs et brontosaurs issam fares??? c'est flouty qui se frotte deja les mains

    George Khoury

    10 h 19, le 11 novembre 2016

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