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Liban - Politique

S. Gemayel : Meerab bloque le cabinet pour nous en écarter

Lors d'une rencontre avec les médias à Saïfi, le chef des Kataëb s'est montré très optimiste à l'égard du président Michel Aoun.

Le président de la Chambre, Nabih Berry, recevant hier Samy Gemayel, président des Kataëb, accompagné de Salim Sayegh, le vice-président.

Le chef des Kataëb, Samy Gemayel, ne s'est « toujours pas décidé » sur sa participation au gouvernement Hariri et prévoit une tournée – commencée hier à Aïn el-Tiné – auprès des trois présidents pour « sonder les intentions et l'atmosphère dans laquelle se forme le cabinet », dit-il lors d'une rencontre hier avec une poignée de journalistes à Saïfi.

Il laisse entendre que la seule entrave serait à chercher auprès des Forces libanaises. Il pointe du doigt « les tentatives de (l')isoler », qu'il attribue exclusivement aux FL. « Meerab est le bloqueur du cabinet et son but est d'en expulser les Kataëb », affirme Samy Gemayel. Rappelons que l'opposition menée par le président de la Chambre, Nabih Berry, contre le compromis Aoun à la présidentielle s'est muée en projet d'opposition de l'intérieur du cabinet, laquelle ambitionne de rallier autour d'elle le plus grand nombre de parties n'ayant pas voté pour Michel Aoun. Cet état des lieux aurait fait dire à Samir Geagea que « Nabih Berry est devenu le père des déshérités, qui comptent entre autres les Kataëb et les Marada », rapporte un journaliste présent à la réunion. Interrogé sur ce point, Samy Gemayel rétorque sur un ton grave : « Nous n'avons tous qu'un seul père, c'est le Liban. Et s'il est une partie à même de se considérer comme père de sa propre décision, c'est bien le parti Kataëb. »

 

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Mais quel serait son positionnement dans la configuration du cabinet ? Entend-il s'aligner sur l'opposition berryiste, faire contrepoids au tandem chrétien Forces libanaises-Courant patriotique libre, rester neutre, ou encore soutenir le Premier ministre avec lequel il dit « partager des positions de principe » ? C'est là aussi avec une même insistance sur l'indépendance des Kataëb qu'il répond à cette question de L'OLJ : « Nous n'avons jamais relevé de personne. Même au sein du 14 Mars nous nous démarquions des autres forces politiques. Par exemple, lorsque le 14 Mars s'était enthousiasmé à l'idée de prendre part au conflit syrien, nous lui avons opposé la neutralité. Nous avons des principes constants, immuables, desquels d'aucuns tantôt s'éloignent, tantôt se rapprochent. »

Si l'on tient compte de ces principes, la question s'impose sur leur compatibilité avec l'option d'une participation des Kataëb au prochain cabinet, sachant qu'ils avaient été le seul parti politique à officiellement rejeter aussi bien l'option Sleiman Frangié que l'option Aoun. Mais pour Samy Gemayel, une telle participation à l'exécutif ne contredirait pas sa consigne de vote à la présidentielle (des bulletins évoquant la révolution du Cèdre).

D'abord, la nature parlementaire du régime libanais implique que « l'opposition prend forme entre le Parlement et l'exécutif, représenté par le Conseil des ministres et non par le président de la République, celui-ci demeurant un symbole pour tout le pays. Ce n'est donc pas contre lui que l'opposition s'exerce », affirme-t-il. Ne s'étant pas opposé à la désignation du Premier ministre Saad Hariri, sa participation au cabinet serait donc naturelle, « surtout qu'il s'agit d'un cabinet d'union nationale inclusif et fédérateur ». Selon cette logique, « c'est le Hezbollah qui ne devrait pas prendre part au cabinet, n'ayant pas désigné le Premier ministre », estime-t-il.

 

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Michel Aoun, « l'homme des surprises »
Il fait ainsi la distinction entre le compromis Aoun et le cabinet Hariri. « Il s'est avéré qu'aucun marché n'a été conclu sur l'après-présidentielle », constate-t-il. Il ajoute à cette distinction une autre entre le général Michel Aoun avant son élection – du moins à compter de 2005 – et l'homme devenu président.

« La tenue de la présidentielle a comblé un vide devenu lassant et il est inconcevable qu'une personne qui aime ce pays ne donne pas sa chance au nouveau président », dit-il, avant d'évoquer positivement la personnalité du président Michel Aoun. « Il est l'homme des surprises... et nous espérons qu'il nous en réservera de bonnes », déclare Samy Gemayel. Il fait remarquer que « l'accession d'un homme au pouvoir ne peut qu'améliorer sa manière de traiter avec la chose publique ». Il rappelle surtout « le parcours de lutte commune (contre l'occupation syrienne) qui nous a liés au président Michel Aoun jusqu'en 2005 ».

Pariant sur un recentrage du chef de l'État, le député du Metn estime que son alliance postérieure à 2005 avec le Hezbollah ne devrait pas l'empêcher de « surprendre positivement », ne serait-ce que « sur les dossiers vitaux de réforme socio-économique, comme la lutte contre la corruption ». D'ailleurs, une participation des Kataëb au prochain cabinet aurait pour motif la nécessité de prendre part au chantier de réforme qui devrait se focaliser sur le redressement socio-économique et l'élaboration d'une nouvelle loi électorale.
Du reste, « nous n'avons ressenti aucune mauvaise intention à notre égard de la part du nouveau chef de l'État », dit-il, différenciant ainsi en substance la manière de Michel Aoun de mettre en œuvre l'accord de Meerab de celle de Samir Geagea.

 

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« Une victoire du Hezbollah »
Pour ce qui est des questions stratégiques, M. Gemayel entendrait maintenir ses positions de principe (la nécessité de rétablir le monopole des armes et la contestation de l'engagement militaire du Hezbollah en Syrie et dans la région). Déplorant « le désintérêt de toutes les parties sur cette question », il se pose en « gardien des principes du 14 Mars » et entend d'ailleurs transmettre à chacun des trois présidents, en marge de leurs échanges sur la composition du cabinet, une invitation à la messe de commémoration de l'assassinat de son frère, Pierre Gemayel, le 22 novembre.
La mise en œuvre de sa position « souverainiste » devrait s'exprimer concrètement par une défense continue du principe de neutralité de l'intérieur du cabinet.
Certes, il reconnaît « une victoire manifeste du Hezbollah qui a imposé son candidat aux autres » et estime que le compromis Aoun a été « forgé à l'étranger, notamment avec l'Iran (...), n'en déplaise à ceux qui allèguent d'une libanisation de l'échéance ». Mais le discours d'investiture serait « à même d'inspirer la rédaction de la prochaine déclaration ministérielle » et de servir de support au principe de neutralité.

 

 

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commentaires (5)

Par contre je salue sa lucidité de reconnaître la victoire du hezb à imposer son candidat . Respect pour ça, c'était pas évident.

FRIK-A-FRAK

15 h 35, le 11 novembre 2016

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Commentaires (5)

  • Par contre je salue sa lucidité de reconnaître la victoire du hezb à imposer son candidat . Respect pour ça, c'était pas évident.

    FRIK-A-FRAK

    15 h 35, le 11 novembre 2016

  • IL EST REGRETTABLE QUE LES CHRETIENS NE SAVENT PAS S,UNIR TOUS... TRES REGRETTABLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 45, le 11 novembre 2016

  • Comme on fait son lit, on se couche petit Gemayel.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 36, le 11 novembre 2016

  • Sami Gemayel joue une carte dans l'intérêt du pays : il espère que M.Aoun serait à la veille d'être un bon président, neutre et "politiquement correct" C'est impossible avec les Berry, Nasrallah, Geagea et en particulier Saad Hariri... Tout ce monde politique partage sa part dans le fromage aux bons soins de l'abdication de chacun concédée à chacun des partis. L'avenir du Liban , ce n'est pa leur tasse de thé

    FAKHOURI

    12 h 46, le 11 novembre 2016

  • IL NE SAIT PLUS OÙ IL EST SAMI. IL VOIT EN AOUN UN BON PRÉSIDENT. IL S'ACCROCHE SUR N'IMPORTE QUI.

    Gebran Eid

    02 h 15, le 11 novembre 2016

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