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Lifestyle - Liban Pop

Jean-Marie Riachi : Écouter, mais aussi voir la musique

Un panneau lumineux affiche les départs. Destination : Dubaï. Celle choisie par tant de Libanais.
Jean-Marie Riachi, en musique, en paroles et en images, signe une mise en scène et une production puissante et ludique pour dénoncer ces départs forcés. Depuis sa diffusion sur les réseaux sociaux, son vidéo-clip « Ana rayeh 3adubai » fait le buzz.

Jean-Marie Riachi, producteur et musicien, sur le projet de « Sahara el-Arab ». Photo tirée de son compte Facebook

Jean-Marie Riachi (Oreole Records) est né en 1970 à Ras Baalbeck. Compositeur et producteur, son parcours est jalonné de défis réussis. Il lance sa carrière musicale en 1999 lorsqu'il produit Baddi Doub de Élissa. Suivront les demandes de grands noms de la chanson orientale tels que Magida el-Roumi, Nawal el-Zoghbi, Assi Hellani ou encore Ragheb Alamé. En 2001, il crée son studio éponyme. En février 2009, son album Belaaks, en quatre langues, occupe les meilleures places des ventes au Liban. Ses studios sont conçus comme une tour de contrôle, dans les normes de la plus haute technologie, d'où les artistes prennent leur envol pour un voyage vers la réussite. Aujourd'hui, son vidéo-clip Ana rayeh 3adubai, est plus qu'une simple mélodie, il est une prise de conscience.

Partir, mais aussi revenir
Amené à beaucoup se déplacer de par ses obligations professionnelles et familiales, Jean-Marie Riachi avoue : « Le Liban reste la cuisine principale où je concocte mes créations musicales et d'où je les exporte. » C'est au cours de ses départs multiples qu'il est confronté à une triste réalité : le Liban est un pays que l'on quitte. Découragé face à cette impuissance à enrayer une fuite vers des horizons plus cléments, l'artiste sublime alors sa frustration par une création en musique.
Sur une animation en noir et blanc signée Mojo Dubaï et Daydream Lebanon, il utilise ses propres traits pour illustrer cet homme qui, défait, se voit contraint de partir. « J'ai voulu, dit-il, donner à ce voyageur le profil du Libanais qui a construit et fait fructifier une carrière malgré les affres de la guerre et qui se retrouve 20 ans plus tard, contre son gré, sur le tarmac de la désillusion. Un départ vers un pays sans ombre, sous un soleil qui brûle l'âme, et dans une étendue de sable qui renvoie vers un vide abyssal, celui de sa vie. »
Qui de nous n'a pas reçu avant l'embarquement cet ultime message « fais un bon voyage », qui ne s'est pas encombré de sacs de pistaches toutes cuissons confondues comme pour emporter avec lui les derniers grains d'une identité bafouée ? Tant de clins d'œil ludiques insérés pour édulcorer une réalité amère.
Pour l'artiste, naître au Liban, c'est avoir un humour particulier, un sarcasme salvateur, une force qui permet de surmonter les obstacles et une légèreté propre à opposer aux contrariétés de la vie quotidienne. Trois minutes 30 pour décrire le destin de cet homme parti récolter ce qu'il devra semer à nouveau comme dans un éternel retour. Trois minutes 30 qui renvoient à la nostalgie du pays, aux nuits devant un frigo vide et des photos de familles qui chatouillent les glandes lacrymales.
Les paroles du clip sont écrites par Nizar Francis, l'arrangement musical créé et interprété par Riachi. Les vendeurs ambulants ont recours à un mégaphone pour écouler leurs tomates, concombres et autres agrumes, le compositeur, pour porter haut son message de révolte, utilisera ce même instrument.

 

 

 

 

Réfléchir la musique autrement
Dans son agenda toujours plein, Out of the blue, conçu comme une plate-forme musicale, est un projet ambitieux et surtout novateur. Du making-off au vidéo-clip et scènes de tournage en live, plusieurs artistes seront pris en charge par le producteur qui cherchera à les surprendre. Cette aventure sera partagée avec les téléspectateurs sur le Net en décembre prochain. Douze artistes, parmi lesquels Nawal el-Zoghbi, Assi Hellani, le groupe Adonis, Lara Iskandar, se prêteront au jeu.
Pour Jean-Marie Riachi, il ne suffit plus d'écouter les chansons aujourd'hui, il faut aussi les voir. Un concept qui peut sembler absurde mais dont l'idée tient d'une créativité surprenante, qui défie les continents.
Aujourd'hui, ces albatros du Cèdre, les ailes bitumées, ne peuvent plus se mouvoir qu'en direction d'horizons qui les porteront loin de leur rêve brisé. Le monde et les civilisations s'ouvrent pendant que le Liban se referme, dans un sac de poubelles.

 

 

Pour mémoire

Jean-Marie Riachi à contre-courant

Jean-Marie Riachi signe la version orientale de « All of Me »

Jean-Marie Riachi (Oreole Records) est né en 1970 à Ras Baalbeck. Compositeur et producteur, son parcours est jalonné de défis réussis. Il lance sa carrière musicale en 1999 lorsqu'il produit Baddi Doub de Élissa. Suivront les demandes de grands noms de la chanson orientale tels que Magida el-Roumi, Nawal el-Zoghbi, Assi Hellani ou encore Ragheb Alamé. En 2001, il crée son studio...

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