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Nos Lecteurs ont la Parole - Dounia MANSOUR ABDELNOUR

Cette médiocrité ambiante à laquelle on s’habitue

C'est souvent en séjournant ailleurs que nous nous rendons compte du fossé qui sépare le Liban des pays où la norme est une réalité, où tout fonctionne comme prévu, où les infrastructures de base et services publics sont là pour nous faciliter le quotidien : l'eau potable du robinet, les bus et les trains toujours fiables pour nous mener à bon port, le courant électrique qui ne connaît pas de coupures, etc. Ça nous change car il y a quelque chose de pourri au pays du Cèdre !
Et, lors de nos séjours outre-mer, nous nous surprenons à visualiser tout ce qui ne tourne pas rond chez nous !
Vu de loin, l'état des lieux se clarifie, nous voyons le tableau général et l'image globale nous renvoie la platitude, l'anomalie de notre condition d'enfants d'un pays à l'administration sclérosée, à l'environnement en péril, à l'avenir fuyant ! Et nous réalisons combien les choses auraient pu être différentes, normales, meilleures chez nous.
Il est vrai que la capacité d'adaptation est une des qualités de l'être humain. Et le Libanais ne fait pas exception, bien au contraire, son adaptation aux grands périls est réputée, il est connu pour rebondir, renaître, virer de bord, éviter les écueils, toutefois cette vertu, levier de tant de réussites, tant de succès devant les épreuves et dans l'exil, se retourne contre nous quand nous devenons de simples usagers des services publics au Liban.
Il en est ainsi que l'on s'habitue à la médiocrité ambiante, à la banalité endémique, au laisser-faire, au laxisme, à la permissivité et l'on finit par se faire aux contre-performances en matière d'infrastructures, à l'insécurité routière, aux bouchons ; par exemple nous nous accommodons de passer plus d'une heure en voiture pour un trajet de 10 kilomètres pour des raisons évitables si le territoire avait été doté de transports en commun modernes, trams, trains, etc., nous nous accoutumons aux courantes coupures de courant et nous nous plions sans façon aux paiements indus des pots-de-vin pour des formalités administratives, etc.
Et nous avons élaboré un vocabulaire local légitimant l'illégalité et les magouilles, un jargon explicite, des mots symboles de puissance ou d'impuissance selon les tournures que prend l'infraction ou le délit de l'usager : « bassita, maaleich, chou fiya, marré-a », un baratin incontournable du prêt-à-tromper !
D'aucuns diront que, ce faisant, nous sommes parvenus à nous façonner un quotidien viable, à exister, aller de l'avant, survivre. Certes, cependant, nous en arrivons à nous comparer au pire pour nous trouver des excuses et accepter la médiocrité ambiante, et cette attitude reste négative et défaitiste.
Au bout du compte, nous nous enlisons dans une existence marginale qui encourage un intolérable statu quo ponctué de déficiences, de clichés et de lacunes ; et en faisant du surplace, nous finissons par trouver normal ce qui ne l'est pas. Et nous nous accoutumons un peu trop bien à la médiocrité ambiante. C'est là un véritable danger !

C'est souvent en séjournant ailleurs que nous nous rendons compte du fossé qui sépare le Liban des pays où la norme est une réalité, où tout fonctionne comme prévu, où les infrastructures de base et services publics sont là pour nous faciliter le quotidien : l'eau potable du robinet, les bus et les trains toujours fiables pour nous mener à bon port, le courant électrique qui ne...

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