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Culture - Initiative

Nabatiyé revêt son costume de scène

Le Festival international de théâtre du Liban (du 20 au 26 août), lancé par Kassem Istambouli, prend son élan à partir du Sud.

Kassem Istambouli peut crier victoire. En rouvrant deux salles de spectacle fermées durant des années, il remet le Sud sur la carte culturelle du pays. Photo Hadi Farès

Le Festival international de théâtre du Liban se déroule à partir de samedi 20 août à Nabatiyé et se tiendra essentiellement jusqu'au vendredi 26 août au Stars Cinéma, une salle d'avant-guerre restaurée et rouverte grâce à Kassem Istambouli, artiste sur scène et « activiste culturel » dans la vie.

« Le théâtre est un lieu de recueillement », affirme d'emblée le jeune homme des planches. « Les gens en ont besoin. Dans les régions, autant sinon plus que dans la capitale. Malheureusement, la guerre et ses contingences ont vidé et fermé les salles de spectacle et de projection dans certaines localités du pays.

Étant natif de Tyr, je me suis donné pour mission de participer à leur réouverture au Liban-Sud. Et, de ce fait, de contribuer à construire une culture d'engagement bénévole », soutient ce comédien, professeur de théâtre et metteur en scène de tout juste trente ans.

Après des études scéniques à l'Université libanaise, Kassem Istambouli commence par fonder en 2008 son propre théâtre (Istambouli Theatre) dans sa ville natale. Avec pour objectif de cibler les jeunes et de les sensibiliser à la culture et à l'art, par le biais d'ateliers et de cours de théâtre hebdomadaires.

 

Dépoussiérer et inviter les gens à entrer...
Féru de films de l'âge d'or de Beyrouth, le jeune homme rêve de rouvrir le cinéma al-Hamra de Tyr. Une salle emblématique de cette période-là. « Érigée en 1952 par un architecte italien, dans l'esprit du Cinéma Paradiso, cette salle de 700 sièges était la deuxième plus grande du pays. Outre la projection de films, elle a servi de scène aux performances de Ghassan Kanafani, Chouchou, Wadih el-Safi ou encore Marcel Khalifé », signale-t-il, de l'admiration plein la voix. Fort de son seul enthousiasme – à l'évidence contagieux –, il décide de s'atteler à sa restauration, dans le but d'en faire à nouveau une salle de cinéma « qui accueillerait des festivals, des performances théâtrales et d'autres activités culturelles », dit-il.

Il réussit à obtenir l'aval du ministère de la Culture. Et c'est aidé par ses étudiants et une équipe de bénévoles passionnés que l'acteur et « activiste culturel » déblaie, dépoussière, rénove et redonne vie à la salle, assoupie depuis 30 ans, du al-Hamra. Pour sa réouverture, l'été 2014, il y programme un premier festival à thème. Entièrement consacré à Omar Sharif, il présente gracieusement au public une large sélection de la filmographie de l'acteur égyptien (d'origine libanaise) accompagnée d'une exposition d'affiches de ses films. « Cet événement a été très prisé par les habitants de la ville. Il m'a permis de constater à quel point ils étaient réceptifs à la culture. Il suffit juste d'inviter les gens à rentrer dans une salle de théâtre », indique Istambouli. Lequel décide alors de renouveler l'expérience à Nabatiyé, en rouvrant le Stars Cinéma, lui aussi fermé depuis 27 ans. Cette fois encore, les travaux de remise en état des 400 sièges de la salle de projection et de rafraîchissement des trois étages de la bâtisse seront réalisés par des volontaires. Mais pour son ouverture officielle ce samedi 20 août, le jeune homme s'est montré encore plus ambitieux, en y lançant son premier « Festival international de théâtre du Liban ».

« Ce festival est le premier consacré au théâtre indépendant, non universitaire au Liban. En amenant à Nabatiyé des compagnies de théâtre venues à leurs propres frais d'Espagne, d'Argentine, de Slovénie, d'Iran, de Tunisie, d'Algérie, de Syrie, de Libye, d'Irak et de Palestine, nous contribuons à délocaliser les manifestations culturelles pour la plupart restreintes à Beyrouth. Et à sortir le Liban-Sud de sa marginalisation sociale et culturelle. Car outre la gratuité des représentations, nous avons délibérément choisi de loger les comédiens étrangers chez l'habitant et cela dans l'objectif d'établir et d'encourager par tous les moyens l'ouverture et les échanges culturels... », confie ce jeune homme qui veut propager l'art (de vivre) dans la cité.

 

Les pièces programmées
Organisé par Istambouli Theatre et l'association « Tyr pour les arts », avec le soutien de la municipalité de Nabatiyé, la ville de Tyr, les ministères de la Culture et du Tourisme du Liban, ainsi que la Régie libanaise et en collaboration avec la Fédération des municipalités d'al-Chaqif, le Festival international de théâtre du Liban lance cet été sa première édition. Du 20 au 26 août, une douzaine de pièces seront à l'affiche du Stars Cinéma à Nabatiyé, du Théâtre Istambouli à Tyr et du théâtre al-Madina de Beyrouth.

- Samedi 20 août, à 18 heures : ouverture des festivités par un carnaval de rue qui se baladera de la rue Hassan Kamel al-Sabbah jusqu'au seuil de Stars Cinéma. Puis, à partir de 19 heures, une première pièce iranienne sur la tradition de la récolte et la célébration du mariage intitulée Cheval de bois. Mise en scène par Abo Alfazl Tabassi, elle est interprétée en farsi avec sous-titrage en arabe. Elle sera suivie par Sonata plomb, de l'Irakien Hussein Joubar, qui dépeint le langage des balles dans un labyrinthe en temps de guerre.

- Dimanche 21, à 18h30 : Les pleurs de Mona Lisa, une collaboration entre la Libye et la Tunisie, dirigée par Abdul Hadi. Une pièce qui propose une réflexion sur le conflit entre le temps et les souvenirs. Et, à 20h30, Mesh Rakbi par le réalisateur libanais Zine el-Abidine Sibaï, qui aborde, par le biais du théâtre, la réalité politique du Liban.

- Lundi 22, à 20h30 : le festival fera un crochet par Beyrouth avec Mahmoud, pour une représentation unique au théâtre al-Madina. Présentée par une troupe de comédiens slovènes dirigée par Peter Sprçiç, cette pièce « sera jouée en anglais et en arabe spécialement pour l'occasion, signale Istambouli. Il s'agit d'une histoire d'exils forcés tirée du vécu de ceux qui, par des circonstances cruelles et inhumaines, ont été obligés de fuir leur lieu de naissance ».

- Mardi 23 : le festival se posera, également, le temps d'une soirée, à Tyr, au Istambouli Theater. Il débutera par un carnaval de rue à 18h. Puis, à 19h, le Wasil Theatre – qui rassemble des comédiens et comédiennes libanais, palestiniens et syriens – interprétera Vos histoires sur scène, des sketches d'improvisation basés sur les suggestions du public. Enfin, à 21 heures, le Centre du mouvement culturel de Tyr présentera Aucun chant du coq, du réalisateur libanais Samir Sekmany, solo scénique sur un citoyen arabe face à la corruption.

- Mercredi 24, à 18h30 : le théâtre universitaire des antonins, dirigé par Michel Hourani, présentera au Stars Cinéma Nabatiyé Le crime de Goat Island. Il sera suivi, à 20h30, par du théâtre en provenance d'Argentine, et en langue espagnole avec Fahrenheit, l'autre histoire, de Diego Biancotto, inspiré du fameux Fahrenheit 451 de Ray Bradbury.

- Jeudi 25, à 18h30 : toujours au Stars Cinéma, la troupe libanaise Takwin présentera un spectacle de danse sur la bande-son de la pièce slovène Mahmoud.

- Vendredi 26, à 18h30 : La salive du diable, pièce écrite et mise en scène par l'Algérien Haroun al-Kilani, mêlant jeu théâtral et solo de danse rituelle soufie. Le festival sera clôturé ce même soir à 20h par l'annonce des meilleures performances dans les catégories suivantes : meilleur acteur, meilleure actrice, meilleure direction, meilleure scénographie, meilleur texte théâtral et meilleure dramaturgie. Et cela sur la base des délibérations d'un jury présidé par la metteuse en scène espagnole Ana Cendrero Alvarez et composé des membres suivants : Raad Saïd (président de l'ordre des artistes du Kurdistan irakien), Fernando (metteur en scène italien), Watfa Hamadé (professeur de théâtre à l'UL) ainsi que de Houssam al-Sabah et Wafa' Chrara (comédiens libanais).

 

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