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Liban - Biens fonciers

Les querelles de Lassa vers un règlement à l’amiable ?

Les travaux de dénivellation d'un terrain faisant l'objet d'un litige entre l'Église maronite et les habitants du village ont été gelés.

Le litige relatif aux biens-fonds chrétiens opposant le diocèse maronite de Jounieh aux habitants chiites du village de Lassa, dans le jurd de Jbeil, continue de battre son plein.
Un topographe privé chargé par le diocèse de Jounieh d'effectuer les travaux de dénivellation d'un terrain appartenant à l'archevêché maronite de Jounieh a été empêché d'effectuer son travail par le cheikh Mohammad Itaoui (proche du Hezbollah), ainsi que par une cinquantaine d'habitants du village. Ils estiment que le terrain en question revient à la communauté chiite et non au waqf maronite.
À l'issue de cet incident, les notables du village ont tenu une réunion et se sont entendus sur le gel des travaux sur le terrain en question en vue d'entreprendre des concertations avec les parties concernées.
Mardi, un incident similaire avait empêché un topographe travaillant pour le compte de l'État d'effectuer le même le travail.

« Amplification médiatique »
Joint par L'Orient-Le Jour, Fawaz Abdel Karim Itaoui, moukhtar chiite de Lassa, a minimisé les risques d'un accrochage à caractère communautaire dont le village serait le théâtre. Selon lui, « tout ce qui est dit dans les médias au sujet des biens fonciers de Lassa n'est autre qu'une amplification qui ne traduit pas la réalité ». « Il y a des terres recensées depuis 1939, à l'insu de leurs propriétaires, et nous tentons actuellement de régler ce léger différend à l'amiable », a-t-il souligné avant de révéler qu'« une réunion est prévue lundi au siège du Conseil supérieur chiite, pour essayer de trouver une solution au problème ». « Nous nous soumettons à la loi et nous exhortons les médias à ne pas créer des polémiques inutiles », a-t-il ajouté.
De son côté, Talal Mokdad, notable chiite de Lassa, a affirmé que « les habitants du village respectent la loi et refusent toutes les manifestations de force ». « Lassa est un exemple à suivre du vivre-ensemble islamo-chrétien, a-t-il affirmé. Ainsi, nous refusons toutes les manifestations de force, et nous poursuivrons leurs auteurs en justice », a-t-il dit à l'agence al-Markaziya avant de poursuivre : « Le topographe venu effectuer un recensement de terrain à Lassa devrait en informer les autorités concernées (en l'occurrence les moukhtars et la municipalité), et c'est là que réside principalement la polémique dont il est actuellement question. » Le notable n'a pas manqué de faire état de « tentatives pour régler le différend à l'amiable ». Selon lui, « la réunion tenue aujourd'hui (hier) a jeté les bases de cette solution tant attendue ».

 

(Lire aussi : À Lassa, l’autorité de l’État, et de l’Église, plus que jamais bafouée)

 

« Pas de couverture politique »
De son côté, le député du caza de Jbeil Simon Abi Ramia (bloc du Changement et de la Réforme) estime que « la cause majeure du différend opposant aujourd'hui le waqf maronite à la communauté chiite réside principalement dans une opposition au recensement de cadastre effectué en 1939 ». « Ces opérations sont aujourd'hui effectuées loin des médias pour éviter d'alimenter la discorde », indique-t-il à L'OLJ, avant d'ajouter : « Il faut appliquer la loi, au lieu d'opter pour des querelles qui porteraient atteinte à certains. »
Et M. Abi Ramia de poursuivre : « J'ai effectué les contacts nécessaires avec les notables du village et la caïmacam de Jbeil Najwa Soueidane Farah pour geler le dossier jusqu'à arriver à une solution à même de satisfaire tout le monde. » Selon le député de Jbeil, « il n'y a pas de couverture politique aux malfaiteurs et les bases de la solution ont été définies lors de plusieurs réunions tenues récemment pour mettre fin à ce problème ».

Triple responsabilité
Le secrétaire général du 14 Mars Farès Souhaid va plus loin en faisant assumer à l'État, à l'Église maronite et aux habitants de Lassa la responsabilité du litige. Selon lui, « l'Église maronite a opté pour le compromis avec le Hezbollah (les habitants de Lassa étant majoritairement chiites) au lieu d'appliquer la loi, et c'est ce qui a mené à la situation actuelle à Lassa ». Dans une déclaration à al-Markaziya, M. Souhaid a indiqué que « l'État est lui aussi responsable, puisqu'il n'a pas traité le dossier de Lassa de manière adéquate ». « Si c'était le cas, il aurait pu assurer la sécurité de son topographe et poursuivre les travaux de recensement, en dépit de toute opposition », a souligné Farès Souhaid avant de relever que « les habitants du village sont également responsables parce qu'ils croient qu'ils peuvent porter atteinte à la loi à leur guise ».


(Pour mémoire : Lassa : nouvelle tentative de mettre fin aux violations sur les terrains de l’évêché maronite)

 

« L'Église ne fait pas de concessions »
Face à ce tableau, des sources juridiques proches du dossier indiquent à L'OLJ que « ce qui se passe aujourd'hui à Lassa pourrait se résumer à un refus des résultats du recensement effectué par l'État dans le village ». Commentant la thèse selon laquelle les opérations auraient été effectuées à l'insu des propriétaires, les sources précitées se contentent de rappeler le principe « Nul n'est censé ignorer la loi », avant de faire état d'un « délai d'opposition signalé par la loi pour toute objection liée à un acte de recensement, ce qui n'a pas été fait ». Dans les mêmes milieux, on est soucieux d'affirmer que « l'Église maronite n'a pas opté pour des compromis à ce sujet ». « Le diocèse de Jounieh a présenté 47 procédures pénales liées à des irrégularités relevées dans le cadre de ce dossier, ce qui signifie qu'il suit de près tous les développements », ajoute-t-on de mêmes sources, avant d'affirmer que « l'Église ne fait jamais de concessions quand il est question de ses droits. Elle ne fait aujourd'hui que plaider pour ces derniers ».
Les sources judiciaires précitées n'écartent pas, toutefois, la possibilité de faire partie des négociations à même de trancher le débat. Selon elles, « l'archevêché maronite pourrait prendre part à des négociations, sachant que ces dernières seront menées parallèlement aux procédures pénales présentées auparavant ».

 

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commentaires (2)

aucune !!

Bery tus

15 h 31, le 06 août 2016

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Commentaires (2)

  • aucune !!

    Bery tus

    15 h 31, le 06 août 2016

  • ils ont quand meme un grosse tendence a vouloir tjrs essayer de regler les choses en dehors des institutions je n'ai pas de problemes avec cela, mais deja qu'ils ne respectent pas les decisions de la justice et encore moins les engagements qu'ils signent, je me demande a quoi cela sert de leur accorder une credibilité

    George Khoury

    08 h 02, le 06 août 2016

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