Élu en mai 2012, François Hollande n’a atteint jusqu’à présent aucun des grands objectifs qu’il s’était lui-même fixés. Le retour du déficit à 3 % du PIB fin 2013 a été repoussé d’un an, et « l’inversion de la courbe du chômage » paraît lointaine alors que le nombre de sans-emploi dépasse trois millions, proche de niveaux historiques. De plus, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, une équipe pléthorique où la cacophonie règne parfois, est lui également descendu aussi bas que le président dans les sondages.
« Flexsécurité »
Préférant la pédagogie aux effets d’annonce, M. Hollande devrait répéter lors de cette émission que tous les « outils » sont en place dans l’attente d’une éventuelle sortie de crise : loi « flexsécurité » allégeant les contraintes d’embauche et sécurisant le parcours des salariés discutée au Parlement la semaine prochaine, contrat de génération pour lutter contre le mal français du chômage des moins de 30 ans et des plus de 55 ans, mise en place d’une nouvelle banque publique d’investissement, relance de l’Europe fondée sur la croissance... « Beaucoup d’actions ont été engagées, mais leurs résultats ne seront visibles que dans quelques mois », assure Aquilino Morelle, conseiller politique du président.
Mais la population française a-t-elle encore la patience d’attendre ? « Après 10 mois, les Français ont le sentiment que l’alternance n’a amélioré ni leurs conditions de vie ni la situation du pays. Ils ont l’impression d’avoir été trompés, leurrés. La thématique des promesses non tenues s’est enkystée dans l’opinion », analyse le politologue Bruno Jeanbart, pour qui cette intervention télévisée ne changera rien. François Hollande va s’exprimer dans un climat politique alourdi par la démission du ministre du Budget Jérôme Cahuzac, soupçonné d’avoir détenu un compte en Suisse avant d’être ministre, et l’inculpation de son prédécesseur Nicolas Sarkozy pour abus de faiblesse présumé sur la milliardaire Liliane Bettencourt.
À un an des élections municipales de mars 2014, le discours du président devrait notamment s’adresser à une partie des électeurs tentés par le Front national de Marine Le Pen. Le FN, qui ne compte que deux députés (sur 577), a failli remporter dimanche une élection législative partielle dans le nord de la France face à un candidat de l’opposition de droite classique victorieux avec moins de 800 voix d’avance. Cette élection dans la région de Picardie est « un coup de tonnerre » montrant que le Front national est en train de « capter la colère », estime le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis. L’élu de Paris observe que la partielle a eu lieu dans une région traumatisée par la fermeture d’une usine des pneus Goodyear. « Le tissu industriel a volé en éclats », expliquait avant le scrutin un militant socialiste, pour qui le FN, qui prône la sortie de l’euro et dix fois moins d’immigration, séduit dans ces territoires désertés par les entreprises. Le vote en faveur de l’extrême droite se nourrit aussi du mal-être des banlieues, des petites villes, des campagnes. « Il y a de moins en moins de bars, de commerces, de lieux de rencontre. On vit derrière sa haie, on s’isole, on se renferme sur soi-même. Ça fait un terreau propice », ajoutait le même militant socialiste.
(Source : agences)
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