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Liban - Société

« Mellitus », ensemble contre le diabète

À la veille de la Journée mondiale du diabète, une ONG, Mellitus, a vu le jour. Son objectif ? Non moins que « garantir les droits des patients sur le plan médical et social ».

Greta Tawil : « Il est grand temps que nos décideurs prennent conscience du droit des personnes diabétiques à l’éducation et au travail. »Photo Michel Sayegh

« L’éducation est certes essentielle. Toutefois, c’est un appel pour garantir les droits des diabétiques que je lance aujourd’hui. Il ne faut pas avoir peur des personnes diabétiques, ni avoir peur pour elles. Il s’agit de leur accorder leur droit à l’éducation, au traitement et au travail. Parce que ces personnes ont le droit de vivre bien et longtemps. Elles ont le droit d’étudier, de se marier, d’avoir des enfants... Je lance donc un appel pour qu’on accorde aux diabétiques une carte de santé, d’autant que le diabète est un fléau qui touche autant la classe riche que pauvre. Or les patients issus d’un milieu défavorisé n’ont pas les moyens de se faire traiter. Mon appel est donc adressé aux autorités concernées pour qu’elles prennent en charge ces patients, d’autant que le traitement est onéreux, surtout pour le diabète de type 1. »
Cet appel, Greta Tawil l’avait lancé en octobre 2011 dans le cadre de la campagne « My Diabetes Story » ou « Mon histoire avec le diabète », en sa qualité d’« ambassadrice » du diabète, une initiative des laboratoires Sanofi pour sensibiliser les peuples et les gouvernements dans les pays du Moyen-Orient au diabète de type 1, ou diabète juvénile.
Plus d’un an plus tard, son appel est resté sans écho. Greta Tawil a alors décidé d’agir. À la veille de la Journée mondiale du diabète, célébrée aujourd’hui, elle a lancé son ONG « Mellitus » (le diabète mellitus est le diabète sucré de types 1 ou 2, NDLR) avec pour objectif de « revendiquer et de garantir les droits des patients, d’autant que les diabétiques au Liban souffrent d’une discrimination à tous les niveaux ».
Sur le plan médical, les compagnies d’assurances refusent de les inclure dans leurs plans. « Et si le diabète est diagnostiqué après avoir contracté une assurance, celle-ci ne couvre pas les cas découlant de la maladie », constate Greta Tawil. Le ministère de la Santé, quant à lui, « assure les médicaments à ceux qui ne bénéficient pas d’une couverture médicale, mais souvent ils ne correspondent pas à ceux recommandés par le médecin traitant », poursuit-elle. Et d’ajouter : « La Caisse nationale de Sécurité sociale couvre les patients adhérents jusqu’à l’âge de la retraite uniquement. En ce qui concerne la Sécurité sociale facultative, elle rembourse les patients après de longs mois, parce qu’elle dépend du budget. Sans oublier qu’en cas d’hospitalisation, le patient est victime du système qui prévaut de même qu’il est tributaire de la bonne volonté des décideurs au sein des établissements hospitaliers. »
Sur le plan social, la situation ne se présente pas sous un plus beau jour. « Les personnes diabétiques ont souvent honte, déplore Greta Tawil. Elles sont méfiantes. Elles craignent le regard et le jugement que portent sur elles les autres les traitant souvent de “stériles”, d’“incompétentes”, de “malades”, allant jusqu’à leur souhaiter une bonne guérison ! Notre société est sévère. Elle prétend avoir de la connaissance et de la culture, alors qu’elle ne respecte pas les droits élémentaires des citoyens. »

Un chantier de réforme
À la lumière de cette « amère réalité », Mellitus s’est fixé comme premier défi celui « d’œuvrer en faveur d’une loi qui permet aux personnes diabétiques de bénéficier d’une carte de santé ». « Celle-ci permettra de mieux contrôler le diabète et, par conséquent, de limiter les complications de la maladie », souligne Greta Tawil.
« En France, la carte de santé des diabétiques existe depuis 1974, insiste-t-elle encore. Cette carte couvre entièrement les tests de laboratoire, les examens de radiologie, les médicaments et l’hospitalisation des personnes diabétiques, ainsi que les seringues, les aiguilles et tout l’ensemble du matériel à usage unique. Les appareils autopiqueurs et les réactifs urinaires et sanguins ne sont pas exonérés, mais ils sont remboursés par le Tarif interministériel des prestations sanitaires. »
« Il est temps que les décideurs prennent conscience de l’ampleur de la maladie », qui touche 9 à 10 % de la population libanaise, selon deux études menées respectivement par les Dr Kamal Hirbli et Ibrahim Salti. « Il est grand temps qu’ils prennent conscience du droit des patients à l’éducation et au travail, conclut Mme Tawil. Une stratégie nationale de prise en charge et de prévention s’avère ainsi nécessaire. Il est grand temps de lancer un chantier pour la réforme et la modernisation des lois relatives à la santé et aux droits du patient et qui sont devenues désuètes, à un moment où les maladies se multiplient et la médecine avance. »
« L’éducation est certes essentielle. Toutefois, c’est un appel pour garantir les droits des diabétiques que je lance aujourd’hui. Il ne faut pas avoir peur des personnes diabétiques, ni avoir peur pour elles. Il s’agit de leur accorder leur droit à l’éducation, au traitement et au travail. Parce que ces personnes ont le droit de vivre bien et longtemps. Elles ont le droit...
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