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Liban - L’éclairage

Cimenter la scène locale devant l’onde de choc syrienne, une mission difficile mais pas impossible pour Sleiman

Le président Michel Sleiman pensait que son homologue syrien, Bachar el-Assad, allait l’appeler après l’assassinat du général Wissam el-Hassan pour lui présenter ses condoléances, tout comme il avait lui-même pris contact avec lui pour lui exprimer sa sympathie, après l’attentat de Damas qui avait coûté la vie à son beau-frère, Assef Chawkat.


Cet appel, s’il avait eu lieu, aurait pu contribuer à dissiper le froid qui caractérise depuis un certain temps les relations libano-syriennes, plus particulièrement depuis le démantèlement du réseau Samaha-Mamlouk. L’indifférence syrienne et le silence de Damas sur les accusations qui lui ont été adressées après l’attentat d’Achrafieh ont, au contraire, renforcé la conviction de certains, selon laquelle c’est la Syrie qui a commandité cet acte criminel.


Le silence d’Assad n’a donc fait que creuser davantage le fossé entre les deux États voisins. Concrètement, les relations officielles entre les deux sont coupées, si l’on exclut bien sûr les visites régulières de l’ambassadeur syrien, Ali Abdel Karim Ali, au paalais Bustros. Le ministère des Affaires étrangères est devenu une tribune dont le diplomate se sert pour adresser des critiques aux autorités libanaises, ou répondre à certaines de leurs positions, sans que le chef de la diplomatie, Adnane Mansour, ne songe à réagir, pour lui rappeler les règles diplomatiques.


Tout contact bilatéral officiel libano-syrien a cessé, relèvent des observateurs, depuis le célèbre discours du président Sleiman prononcé pour la fête de l’Armée. Depuis, l’ambassadeur Ali boycotte également Baabda et le Sérail. L’affaire Samaha-Mamlouk a consacré la rupture. Un ministre exclut une possibilité de rabibochage et rappelle dans ce contexte que la valse des émissaires entre les deux pays a cessé depuis plusieurs mois. Même Taha Mikati, le frère du chef du gouvernement, proche normalement du régime syrien et qui représentait en quelque sorte le trait d’union entre le Sérail et le palais des Mouhajirine, a suspendu ses allers-retours depuis que les responsables syriens ont critiqué la politique de distanciation suivie par Beyrouth au sujet de la crise syrienne et que leurs alliés au Liban se sont joints au concert de critiques. La multiplication des incidents meurtriers aux frontières nord et est n’est que l’expression de la dégradation des relations libano-syriennes.


Face à cette situation, aggravée par les divisions politiques internes autour du dossier syrien puis par l’assassinat du général el-Hassan, le général Michel Sleiman multiplie les efforts pour épargner au Liban les ondes de choc syriennes. Son objectif principal est de ramener tout le monde au dialogue dans le cadre des institutions. Mais le manifeste des forces du 14 Mars, rendu public hier au terme d’une réunion extraordinaire élargie de ce rassemblement, est loin de lui faciliter la tâche.


Tout n’est cependant pas sombre dans ce tableau. Après les échanges aigres-doux télévisés et twittés de jeudi dernier entre les chefs du PSP, Walid Joumblatt, et du courant du Futur, Saad Hariri, perçus come le signe d’un divorce entre les deux dirigeants, les deux hommes se sont empressés de situer cet incident dans un cadre ponctuel sans incidences futures sur leurs relations stratégiques.


De source de l’opposition, on juge nécessaire de maintenir le contact avec le leader druze afin, justement, d’éviter un divorce qui desservirait les deux parties. Un des pôles du 14 Mars s’est ainsi rendu vendredi dernier auprès de M. Joumblatt qui a demandé aux députés et aux cadres de son parti de ne pas commenter l’incident et de ne pas critiquer l’ancien chef de gouvernement. Les mêmes consignes ont été données par M. Hariri à ses partisans. Le chef du PSP considère que ce qui s’est passé n’est qu’un nuage d’été et le leader de l’opposition continue de croire que son ancien compagnon de route reste incontournable dans tout processus de changement, au niveau notamment du gouvernement.
Il convient de rappeler dans ce cadre que M. Joumblatt s’était prononcé durant son interview télévisée de jeudi à la LBCI en faveur d’un changement du gouvernement, mais à condition d’une entente préalable sur l’équipe remplaçante.


De l’avis d’un ministre, le Liban a actuellement besoin d’un nouvel accord de Doha. Sauf que les circonstances régionales ne sont pas propices pour le moment à un tel projet. Non seulement à cause de la crise en Syrie, mais parce que le bras-de-fer régional et les divergences internationales sur le dossier syrien rendent pratiquement impossible une convocation d’assises semblables à celles de Doha. Selon le même ministre, il ne faut pas espérer un déblocage avant l’élection présidentielle américaines.

Le président Michel Sleiman pensait que son homologue syrien, Bachar el-Assad, allait l’appeler après l’assassinat du général Wissam el-Hassan pour lui présenter ses condoléances, tout comme il avait lui-même pris contact avec lui pour lui exprimer sa sympathie, après l’attentat de Damas qui avait coûté la vie à son beau-frère, Assef Chawkat.
Cet appel, s’il avait eu lieu,...
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