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Liban - L’éclairage

Les deux horizons de Nagib Mikati...

C’est une partie délicate que jouent en ce moment le Premier ministre et les enseignants, fer de lance de la contestation sociale. Une partie dont l’enjeu est rien moins que la santé de la livre libanaise, menacée d’inflation au cas où l’aventurisme social de ceux qui mènent le combat pour la nouvelle grille finirait par prévaloir.
Ce que veulent les durs du mouvement syndical, c’est l’adoption et le paiement immédiat des salaires, en fonction de la nouvelle grille, avant que des rentrées nouvelles n’en couvrent les dépenses supplémentaires, et sans échelonnement des paiements.
Pour M. Mikati, il s’agit là de deux lignes rouges qu’il n’entend pas franchir, quelles que soient les pressions sociales exercées, et il l’a redit très clairement hier, tout en assurant que la grille des salaires est un acquis irrréversible.
Ceux qui connaissent M. Mikati soulignent que cette attitude cache autre chose que la simple prudence d’un homme d’affaires avisé. Ils affirment en fait que M. Mikati cherche, à travers son combat économique et financier, à conduire le Liban vers de nouveaux horizons.
Le premier de ces horizons est, tout simplement, celui de la concertation nationale. Une concertation qui devrait normalement se dérouler au sein d’un Conseil économique et social, une instance pour le moment paralysée par le clientélisme politique.
Toutefois, ne désespérant pas de ranimer, à défaut de cette institution, du moins ses rouages, M. Mikati appellera en novembre à la tenue d’assises économiques nationales où toutes les questions touchant à l’économie, à la fiscalité, aux droits sociaux seront débattues par les deux parties concernées par le contrat de travail, ainsi que par l’État qui est à la fois patron et arbitre.
En tout état de cause, M. Mikati ne semble pas prêt à céder aux gauchistes qui mènent le combat contre le système économique, par enseignants interposés, et n’hésitent pas pour ce faire à perturber l’année scolaire commençante.
Forts de certains indicateurs, les enseignants lancent – non sans raison – que la grille des salaires pourrait être couverte si le gaspillage cessait dans l’administration.
Ils répètent, après le ministre des Travaux publics et des Transports, Ghazi Aridi, que le volume annuel du gaspillage dans la seule enceinte portuaire est de 1,6 milliard de livres, que les recettes stagnent, voire reculent, alors que le mouvement du port augmente.
Mais M. Mikati sait très bien qu’une réforme administrative sérieuse ne s’improvise pas et qu’une augmentation des dépenses de l’État, sans rentrées correspondantes ou avec des rentrées aléatoires, aurait un effet désastreux sur la livre libanaise, pour peu que la planche à billets se mette en marche.
Cet effet désastreux se répercuterait aussi, au niveau international, sur la réputation de sérieux de son gouvernement, voire sur l’économie tout entière. Endetté déjà à l’égard de la communauté internationale et du système bancaire, le gouvernement pourrait rapidement être jugé insolvable s’il engageait des dépenses supplémentaires sans rentrées correspondantes.
Le second horizon vers lequel se tourne le Premier ministre est celui de l’entrée du Liban dans le club des pays producteurs de pétrole et de gaz.
Là aussi, M. Mikati est soucieux de donner le bon signal à la communauté internationale. Or, ce signal tarde à venir. Les chefs politiques libanais prennent du retard dans la nomination des personnes qui doivent les représenter au sein de la Caisse souveraine chargée de gérer les gazodollars escomptés. La communauté internationale voit d’un mauvais œil l’idée d’une présidence tournante de cette caisse si le mandat du président doit être seulement d’un an. Là encore, donc, M. Mikati manœuvre avec prudence et se méfie de toutes dépenses impulsives tant que la crédibilité financière du Liban ne fait plus de doute aux yeux de la communauté internationale. Les jusqu’au-boutistes de la grève finiront-ils pas être sensibles à ces arguments ?
C’est une partie délicate que jouent en ce moment le Premier ministre et les enseignants, fer de lance de la contestation sociale. Une partie dont l’enjeu est rien moins que la santé de la livre libanaise, menacée d’inflation au cas où l’aventurisme social de ceux qui mènent le combat pour la nouvelle grille finirait par prévaloir. Ce que veulent les durs du mouvement syndical,...
commentaires (1)

MOLLY SELWAN Si les Libanais s’occupaient plus d’ ‘économie que de politique, leur vision des choses serait plus Claire. Comme le disait Mr Nicolas chammas, il faut encourager l´industrie et la production Libanaise, c´est la ressource importante du pays. Pour cela donner l´électricité et l´eau au peuple en premier…Mr Mikati a donné l´exemple de la France, en parlant des taxes le mercredi passé, mais a-t-il parlé de la diminution des salaires des ministres de 30% ? Et les députés en retraite doivent-ils avoir le même salaire que ceux en pleine activité ? Ne peut-on retirer aux hommes d´état certaines faveurs pour en distribuer aux professeurs des universités, aux agriculteurs et aux employés de la fonction publique ? Il faut bien commencer quelque part monsieur le premier ministre Mikati, inutile d´attendre que les deux bords soient d´accord, vous ne pourrez jamais plaire à tout le monde. Plaisez au peuple et faite votre devoir ! Il y aura toujours des mécontents en politique.

Molly Selwan

06 h 05, le 19 octobre 2012

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Commentaires (1)

  • MOLLY SELWAN Si les Libanais s’occupaient plus d’ ‘économie que de politique, leur vision des choses serait plus Claire. Comme le disait Mr Nicolas chammas, il faut encourager l´industrie et la production Libanaise, c´est la ressource importante du pays. Pour cela donner l´électricité et l´eau au peuple en premier…Mr Mikati a donné l´exemple de la France, en parlant des taxes le mercredi passé, mais a-t-il parlé de la diminution des salaires des ministres de 30% ? Et les députés en retraite doivent-ils avoir le même salaire que ceux en pleine activité ? Ne peut-on retirer aux hommes d´état certaines faveurs pour en distribuer aux professeurs des universités, aux agriculteurs et aux employés de la fonction publique ? Il faut bien commencer quelque part monsieur le premier ministre Mikati, inutile d´attendre que les deux bords soient d´accord, vous ne pourrez jamais plaire à tout le monde. Plaisez au peuple et faite votre devoir ! Il y aura toujours des mécontents en politique.

    Molly Selwan

    06 h 05, le 19 octobre 2012

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