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Liban - En dents de scie

Abs(olutely) Fabulous

Trentième semaine de 2012.
Il faut institutionnaliser les maisons closes. Les bordels. Les vrais. Ne serait-ce que pour éviter ces infiniment pathétiques racolages sur la voie (audiovisuelle) publique.
Cela dit, tout le monde le sentait venir. Le dossier des journaliers de l’EDL en plein hémicycle ou la honteuse gestion du perchoir par Nabih Berry depuis des décennies n’étaient que de risibles, de fallacieux prétextes. Michel Aoun et son CPL, au plus bas dans les sondages à onze mois des législatives, allaient, devaient, étaient cruellement obligés de frapper un gros, un très gros coup. Tout le monde le sentait venir, mais peu pensaient qu’il allait être d’une telle intensité ou que c’était un obscur sous-lieutenant de Rabieh qui allait l’exécuter. Le gendrissime, Gebran Bassil, pourtant farouche et fervent artisan du document d’entente de Mar Mikhaël en 2006, faisait la joie des bookmakers. Les mises allaient ensuite, bien loin derrière, certes, sur des Ibrahim Kanaan ou des Alain Aoun, fidèles parmi les fidèles mais à la limite de la hezbophobie. Même celui qui répéterait volontiers que le ciel est vert à points mauve si son général le disait ou le lui demandait, Nicolas Sehnaoui, était envisageable. Beaucoup l’étaient en réalité, mais pas Ziad Abs.
Ce nom devrait être retenu. Même brièvement. Ziad Abs. Dans cette course effrénée d’un CPL qui essaye désespérément tout depuis quelques mois, du populisme au poujadisme en passant par la plus débridée des démagogies et jusqu’à la prostitution politique pure et simple, l’outsider Abs, celui qui rêve ne serait-ce que d’être candidat au siège grec-orthodoxe d’Achrafieh-Saïfi-Rmeil, a joué cette semaine à l’absolu héros warholien. Ziad Abs restera l’exécutant-croisé, style Godefroy de Bouillon, de l’attentat-suicide politique le plus impressionnant (et peut-être le plus sanglant) jusqu’à ce jour de l’histoire de cette République dont même les bananes commencent à pourrir.
Ce monsieur Abs ne s’exprimait naturellement pas en son nom personnel, ni ne faisait état de quelque vœux pieux qui ne concerneraient que lui. C’est au nom d’un Courant patriotique décidément ultralibre de toute constance, de toute cohérence et de toute loyauté à l’égard de ses si chers alliés de milice qu’il s’est littéralement déchaîné contre Amal et le Hezbollah, abusant d’un lexique et d’un dictionnaire qui feraient passer les snipers politiques les plus aguerris et les plus redoutables du 14 Mars pour d’inoffensifs, de gentillets baassistes/PSNS. Inouï, même dans la très ubuesque éventualité que tout cela a été cuisiné avec l’accord de Nabih Berry et de Hassan Nasrallah.
Au-delà de l’hyperanecdote des mots utilisés : mafia, fromagiste, etc. ; au-delà de la trivialité de la magouille préélectorale ; au-delà même de cette honte bue cul-sec, celle d’avoir été forcé de se dédire pitoyablement en donnant raison à un 14 Mars qui n’a de cesse de mettre l’accent sur les dérives du tandem Amal-Hezb, au-delà de tout cela, le CPL a commis avec ce putsch contre lui-même des erreurs bien plus graves, bien plus dangereuses. En s’aliénant à ce point la communauté chiite, après avoir traîné dans la boue presque tout ce que les sunnites ont de plus sacré, Rabieh a ressuscité tous les démons islamo-chrétiens. Dans un Proche-Orient comme celui de 2012, c’est un crime politique. Bien plus répréhensible que son donquichottisme maladif : désormais, le CPL a contre lui le 14 Mars, le 8 Mars et le centre. En d’autres temps, cela l’aurait ravi. Sauf que là, cela l’a contraint à littéralement se gluer aux FL, aux Kataëb, au PNL, au BN, etc.
Parier à ce point sur la bêtise, l’aveuglement et le suivisme des électeurs, notamment du Kesrouan et du Metn, mérite absolument le Guinness Book.

P.-S. : les Libanais ont tout dit de lui et continuent encore. Qu’il est une girouette, sans aucune constance, qu’il pense à sa communauté et aux siens avant de prendre en compte les intérêts du pays. Ils l’ont encensé puis, le lendemain, voué aux gémonies. Peu importe. Avec ces mots dits de Moukhtara : il faut abattre Bachar el-Assad, ni plus ni moins, Walid Joumblatt a fini de prouver qu’il reste l’un des hommes politiques les plus courageux, voire téméraires, de l’histoire de ce pays. L’art pour l’art a parfois quelque chose de très touchant. De noble.
Trentième semaine de 2012.Il faut institutionnaliser les maisons closes. Les bordels. Les vrais. Ne serait-ce que pour éviter ces infiniment pathétiques racolages sur la voie (audiovisuelle) publique.Cela dit, tout le monde le sentait venir. Le dossier des journaliers de l’EDL en plein hémicycle ou la honteuse gestion du perchoir par Nabih Berry depuis des décennies n’étaient que de...
commentaires (8)

Pour ce qui est de l'ami et camarade de classe, walid Béck, ou Bec, comme vous voulez, j'ai ri !

SAKR LEBNAN

10 h 12, le 28 juillet 2012

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Commentaires (8)

  • Pour ce qui est de l'ami et camarade de classe, walid Béck, ou Bec, comme vous voulez, j'ai ri !

    SAKR LEBNAN

    10 h 12, le 28 juillet 2012

  • L'Avocat du Diable : L'article nous parle de bordels aujourd'hui. Y a-t-il un bordel plus grand que celui du quatorzième parallèle sur Mars ? Au moins le huitième parellèle est un bordel situé tout prêt du Mont Olympus de Mars et verse son magma brûlant sur tous les autres lupanars... hélas ! sans résultat. On nous dit qu'il y a d'autres bordels. Cherchons partout pour les trouver, dans les places et sur les monticules, et fermons-les ! Ne me dites pas de commencer par quelque simulacre de gouvernement bananien dans l'unique ATOLL restée au monde !

    SAKR LEBNAN

    10 h 07, le 28 juillet 2012

  • Cher Monsieur Ziad Makhoul, de quel BORDEL nous parlez-vous ? Est-cfe des lupanars démontés, avec la guerre civile, place des canons ? Est-ce de ceux installés place de l'étoile ? ou enfin du Bordelissime excellentissime, Bona...parti...hein ? Soyez un peu plus clair mon ami. Est-ce du bordelissime qu'un certain " SURPLUS BADIGEONNEUR " en a étalé les CONNERIES et les VICES, bien connus d'ailleurs, en plein jour ? Qu'attendiez-vous d'entendre ? des vertus bordelliques ? Il n'y en a pas ! Il n'y a que des VICES dans cette lunapar...dite... "changeur-différentiel", comme dans les anciennes Renaults. Excusez-moi pour ma franchise... J'espère que l'Avocat du Diable, qui a une dent contre moi, ne viendrait point nous chanter autrement...

    SAKR LEBNAN

    09 h 32, le 28 juillet 2012

  • Si on ne fait pas de politique avec un bon coeur , au Liban on fait toujours la politique avec rancoeur , haine et culbutes et comme dans notre adage libanais en face nos politiciens reflètent un beau miroir, et dans le dos ils sont toujours mauvais . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    04 h 13, le 28 juillet 2012

  • Les "Zkkâkks" politiques libanais ne sont-ils pas une interminable partie de ttâwlééhh dans laquelle jamais un coup de dés n'abolira ni le hasard, ni la nécessité ? Car, on ne fait pas de politique sans morale, mais on n'en fait pas davantage avec… Ici ! Ceux qui croient qu’ils sont capables de grimper toujours plus haut et plus loin, ont intérêt à se méfier. Pour simplifier cyniquement une problématique qui intègre des concepts aussi sémillants que la pertinence de l'axe gauche-droite, résistance-non résistance, ou le partage structurant du 8 ou du 14 Mars de ce genre de politique, il suffit de dire qu'après leur déception "Assadique" et leur impitoyable "répudiation chïïstique" imminente par "les fakihdiots, les id(i)éologues (h)Amèèèrs" se gratteront à fond le fond du crâne en se demandant s'il ne vaut pas mieux, en vue des élections de 013, effectuer encore un revigorant virage à la droite extrême nationale-sociale "maronistique ultra Coinique" ! Mais, c'est pas ça ce qu'ils diront. On les entendra plutôt va(e)nter une nécessaire "modernité maronitique ?" pour faire pièce à l'indécrottable "archaïsme inévitablement sunnite", n’est-ce pas ?.... de la Révolution Cédraie. Mais, après décryptage, restera toujours La Question : virage à la droite extrême certes, mais jusqu'où pourront-ils aller trop loin avant des scrutins qui se gagnent surtout au milieu du gué du nombril du CheBééék-stratééége ?

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    04 h 05, le 28 juillet 2012

  • Avez-vous regardé la photo du Abs? Plus faux jeton tu meurs! Ce ne sont pas les contorsions grotesques de ce quidam qui feront changer d'avis les 50% des partisans du CPL qui lui ont tourné le dos (et l'hémorragie continue) s'étant enfin rendu compte qu'ils avaient été floués jusqu'au trognon.

    Paul-René Safa

    02 h 21, le 28 juillet 2012

  • C'est une leçon à retenir. Les alliances contre-nature aboutissent au ridicule.

    Halim Abou Chacra

    22 h 14, le 27 juillet 2012

  • Faut quand même pas déconner,msieur Makhoul...ou plutôt faudrait savoir...quand le CPL soutient mordicus son "allié"Hezb,vous le vouez aux gémonies...et quand il s'en démarque,vous le vouez aux gémonies aussi... J'sais bien qu'il faut charger la bête,mais quand même...et voilà que l'accusez maintenant d'attiser le sectarisme anti-musulman,en général,si j'ose dire...mais les rigolos barbus qui veulent interdire l'alcool,la danse,voiler leurs femmes,et essayer d'en faire de même pour celles des autres,ils attisent quoi,ceux là???le sectarisme anti- martien,anti animiste,anti-je ne sais quoi???ils attisent bien le sectarisme anti-chrétien,non???Alors,désolé msieur Makhoul,mais votre article ne tient pas la route...pas d'ABS,en quelque sorte...quant à faire de M. Joumblatt une icône du courage libanais,et en faire un homme de l'art pour l'art politique...faut arrêter de fumer la moquette!

    GEDEON Christian

    19 h 00, le 27 juillet 2012

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