Le hasard engendre souvent des monstres. Et ce n’en est probablement pas un si la première (et, espérons-le, la dernière) législative partielle du mandat législatif 2009-2013 se tient au Koura. Dans un fief PSNS. En pleine renaissance, splendide, mortifère et moyenâgeuse de la barbarie à visage humain du régime de Damas. Dans le caza natal d’un des pères absolus des droits de l’homme. Dans ce Nord que tout un pays risque de perdre bientôt.
Le scrutin de ce 15 juillet est important. Très important. Pas nécessairement parce que les Kouriotes sont plus politisés, plus mûrs que leurs compatriotes. Pas nécessairement parce qu’il préfigure déjà la nouvelle guerre des Quatre ans que se livreront 14 et 8 Mars (en l’état ou plus ou moins remodelés) dans douze mois. Pas nécessairement non plus parce que se jouera demain le énième épisode du bras de fer United Colors of Maronistan, où les Forces libanaises et leurs alliés jouent gros pour conserver leur siège grec-orthodoxe. Pas nécessairement encore parce que c’est au dernier moment et les lèvres pincées que Michel Aoun et le CPL ont prêté leur soutien au candidat PSNS, chouchou, en revanche, d’un Hezbollah en difficulté. La législative partielle de ce dimanche est cruciale parce qu’elle verra des chrétiens d’Orient voter contre, ou pour, la dictature et la sauvagerie du clan des Assad ; de voter contre, ou pour, ce pseudomythe aliénant et fascisant de l’alliance des minorités ; de voter contre, ou pour, cette Grande Syrie fantasmée façon chemise brune par un PSNS que même Antoun Saadé ne reconnaîtrait plus et dans l’acide de laquelle se diluerait très vite le peu qui reste de ces ersatz de souveraineté et de dignité libanaises.
Beaucoup ne voient pourtant dans cette partielle qu’un petit happening champêtre, purement local, sans aucun enjeu national. Et sûrement pas régional. Et pourtant. De par son timing, de par la nature et la culture de ses deux candidats, et de par sa symbolique immédiate, ce scrutin sera celui de tous les Libanais. Rustom Ghazalé chassé du Liban, Anjar a gardé de jolis petits restes : le PSNS. Les Beyrouthins, un certain mai 2008, s’en souviendront pour longtemps. Entre autres.
Plus encore : cette minibataille du Koura pourrait constituer le prélude, aussi petit soit-il, de quelque chose qui risquera de grandement agiter l’échiquier politique libanais en général, christiano-chrétien en particulier, dans les semaines ou les mois qui précéderont les élections générales de l’an prochain. Ces semaines et ces mois au cours desquels les pôles chrétiens du 8 Mars démarreront une stupide, une scandaleuse guerre des hijabs. Aucun procès d’intention qui tienne : les scribouillards de Michel Aoun ne se gênent vraiment pas pour commencer depuis maintenant à brandir l’épouvantail du sunnisme extrémiste et/ou du salafisme, Ahmad al-Assir ou Mohammad Morsi à l’appui, bien plus dangereux selon eux que cette wilayet el-faqih et ses néo-Mehdi dont ils vanteront bientôt, ils ne sont pas à une ânerie/hérésie politique près, les bienfaits et les douceurs.
Charles Malek retiendra son souffle jusqu’à lundi matin. Il ne sera pas le seul.
L'Avocat du Diable : Nous ne voyons, avec notre Généralissime étoilé, l'équivalent de Bonaparte, que l'écrasement des F.L. dans ces élections, car le Hakim aspire à la BATRIYARKIYÉ, de tout l'Orient et de tout l'Occident, qui appartient de droit à notre Généralissime et, avec ces partielles il travaille, avec le Diable même, pour essayer de le détrôner. Nous ne permettrons jamais ça ! Tenez-le vous pour DIT ! Notre Généralissime est le SEUL BATRIYARK Orientoccidental !
14 h 14, le 14 juillet 2012