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Liban - Le commentaire

Le patriarche Raï peut-il réussir là où son prédécesseur a échoué ?

Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a rappelé aux chrétiens l’importance de réaliser leur propre « printemps »; qu’ils jouent le rôle censé être le leur : tenter de mettre un terme à la violence, s’employer à renforcer la concorde par le dialogue et faire en sorte de ne pas quitter leurs pays d’origine. Mgr Raï avait en outre insisté sur le fait que ce que ces chrétiens attendent des révolutions et des intifadas, c’est qu’elles protègent la coexistence et dynamisent la participation et les liens, jusqu’à ce qu’elles permettent l’aboutissement d’une société civile qui entérinerait la séparation entre la religion et l’État.
Son prédécesseur, le patriarche Sfeir, avait plus d’une fois invité les différents leaders chrétiens à s’unir autour des constantes nationales. Il a même essayé de les réunir en ce sens – en vain : il n’a pas pu assurer, ni l’unité des rangs ni même l’unité des objectifs « parce qu’ils se disputent le pouvoir ».
Mgr Raï réussira-t-il là où le cardinal Sfeir a échoué ?
Les leaders chrétiens étaient forts dans le passé, pas grâce au nombre de leurs coreligionnaires, qui dépassait celui de leurs compatriotes musulmans, mais grâce à leur rôle : le chef de la majorité comme le chef de l’opposition étaient à l’époque maronites, ou du moins chrétiens, et ils étaient suivis par les leaders des autres communautés. Aujourd’hui, les chrétiens en général et les maronites en particulier ont (presque) tout perdu : ils ne sont plus pionniers ni leaders, pas seulement à cause des évolutions démographiques, mais justement parce qu’ils ont perdu ce rôle qui était le leur. Chaque parti, chaque courant jouent un rôle à part et suivent telle secte mahométane ou telle autre; ils ne sont plus chefs mais dépendants, plus décideurs mais suiveurs.
À l’époque, cheikh Béchara el-Khoury présidait les listes électorales du Destour pour les législatives dans la majorité des mohafazats ; ces listes comprenaient des candidats de toutes les communautés. Face à lui, l’autre leader chrétien, Émile Eddé, qui présidait aux destinées du Bloc national, là aussi pluriconfessionnel. Camille Chamoun a suivi leur exemple, Fouad Chéhab aussi, jusqu’à l’intrusion de la guerre civile qui a vite pris une couleur confessionnelle, faisant perdre aux différents partis leur dimension nationale : ils n’étaient plus, donc, que confessionnels. Résultat direct de tout cela : les Libanais en général et les chrétiens en particulier ont massivement émigré, et les prérogatives du président de la République ont été nettement rognées par l’accord de Taëf. Ensuite, la tutelle syrienne a décuplé la marginalisation politique des chrétiens : les grands leaders chrétiens qui s’y opposaient ont disparu.
Ces chefs maronites n’ont pas cessé de camper sur leurs divisions, toutes leurs divisions, et ne se sont retrouvés que pour s’opposer à ce qui était appelé le second bureau ou au courant nassérien – d’où la naissance d’une troïka bien particulière, formée de Camille Chamoun, de Pierre Gemayel et de Raymond Eddé, malgré toutes les divergences qui séparaient ces trois hommes. La même catastrophe politique les ayant réunis, leur alliance a triomphé aux législatives, les leaders chrétiens se sont retrouvés comme les doigts d’une seule main, et avec eux une minorité de chefs musulmans, pour boycotter les élections de 1992, basées sur une loi violant l’accord de Taëf. Ensuite, à l’ombre de la présence continue des soldats syriens au Liban et grâce à l’union des chefs maronites pour la dernière fois à Kornet Chehwan, puis par l’adhésion de certains de leurs homologues musulmans, au Bristol, la souveraineté, la liberté et l’indépendance ont pu être récupérées à travers la révolution du Cèdre, enflammée par l’assassinat le 14 février 2005 de l’ex-Premier ministre martyr Rafic Hariri.
Aujourd’hui, ces leaders chrétiens sont totalement divisés et une seule question se pose : comment pourraient-ils préserver la parité stipulée par Taëf au sein de quelque loi électorale que ce soit, à moins que chaque communauté n’élise seule ses représentants, dans une violation flagrante de la coexistence et de l’union nationale ?
Les retrouvailles autour d’un même objectif et dans le cadre d’une alliance électorale de ces leaders semble inéluctable. L’idéal serait de copier le modèle chiite, constitué du binôme Amal-Hezbollah, qui a réussi à faire de la minorité musulmane dans différentes circonscriptions le vecteur de victoire pour un pôle chrétien qui n’aurait finalement gagné qu’avec une minorité de voix... chrétiennes.
La question qui se pose est la suivante : sont-ils capables, ces chefs maronites, de former une alliance électorale indépendamment de leurs regroupements politiques ou de toute évolution régionale – une alliance seule à même de garantir la parité, quelle que soit la loi ? Bkerké jouera-t-il un rôle-clef à ce niveau ?
Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a rappelé aux chrétiens l’importance de réaliser leur propre « printemps »; qu’ils jouent le rôle censé être le leur : tenter de mettre un terme à la violence, s’employer à renforcer la concorde par le dialogue et faire en sorte de ne pas quitter leurs pays d’origine. Mgr Raï avait en outre insisté sur le fait que ce que ces...
commentaires (9)

Le patriarch3 Ne doit pas dajte De la politike basta

Laure Dagher

17 h 11, le 22 avril 2012

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Commentaires (9)

  • Le patriarch3 Ne doit pas dajte De la politike basta

    Laure Dagher

    17 h 11, le 22 avril 2012

  • Il faudrait d’abord qu’ils puissent donner leurs "avis", même UN Seul Négatif sur les Mollahs, avant de venir donner leurs "avis" pour dire s’ils sont pour ou contre tel ou tel Patriarche !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    10 h 55, le 21 avril 2012

  • 1400 billets pour la réception de sa béatitude à Montréal le 5 Mai 2012. Jusqu'à présent, moins de 300 billets ont été vendu. RDV en 2013 M. Jabbour. Mais cette fois, dans la diaspora !

    Élie Khoueiry

    10 h 40, le 21 avril 2012

  • Kamel, tout a fait d'accord avec toi. C'est pourquoi il nous faut Sayed Hassan Nasrallah comme President de la Republique...

    Michele Aoun

    09 h 26, le 21 avril 2012

  • Le Patriarche Raï sait ce qu'il dit. Ils ne veulent retenir, tous les non libanais authentiques, que les mots qui leur servent de propagande. Les autres on les oublie exprès. Votre Béatitude, le Saint Esprit vous guidera, avec les VRAIS LIBANAIS, à la sauvegarde réelle de tous les Chrétiens du Liban et de tous les vrais Libanais, dans un Liban Libre et Démocratique, où personne ne peut avoir de mainmise. Je sais qui vous êtes, avant même de devenir Patriarche et je sais que vous ne trahirez jamais la ligne de Bkerké.

    SAKR LEBNAN

    09 h 12, le 21 avril 2012

  • Les chrétiens ont raté le coche à plusieurs reprises, je ne suis pas chrétien mais je me sens concerné, allez savoir pourquoi, destin lié ? minorité en danger ? culture associée ? Toujours est il que le Patriarche Rai est dans la bonne voie, celle qui doit être utilisée vu les circonstances actuelles, sa rupture avec l'ancien patriarcat vient à point nommé pour sauver le meubles . Je ne m'étendrai pas sur les causes de la baisse d'influence des chrétiens, mais la raison principale a été de tout temps leur courte vue dans un océan en turbulence chronique, depuis l'indépendane.

    Jaber Kamel

    05 h 28, le 21 avril 2012

  • Comment voulez-vous que Râëé puisse réussir quand un Mâr Nassralah Sfeir n’avait pas pu le faire à cause, bien sûr, de certains ?, sans flair politique, "(h) Amers" et Aigris !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    05 h 00, le 21 avril 2012

  • le problème est que la politique du patriarcat dépend du Patriarche, Sfeir était trop pour le Liban et le 14 mars, et monseigneur Raï essaie de réconcilier les deux courants chrétiens du Liban. Mais, comme on disait quand nous étions jeunes,je suis un chrét(i)en. Pour moi maronite d'origine syrienne, (c'est mon opinion personnel et ne concerne que moi) je pense que l'Eglise de Syrie devrait se séparer du Patriarcat, car les Patriarches pensent trop aux maronites libanais, et pas assez autres autres. Je pense que si nous avions notre propre Patriarche ou dépendre directement de Rome serait mieux.

    Talaat Dominique

    03 h 29, le 21 avril 2012

  • - - Le patriarche Al Rai a déjà réussi en une seule année de patriarcat à faire , ce que son prédécesseur n'a pas fait en plus de 20 ans ... !

    JABBOUR André

    01 h 39, le 21 avril 2012

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