Dix-septième semaine de 2012.
Ce brave Marcel Pagnol que rien n’effrayait avait posé l’équation : Quand le rideau se lève, il n’y a plus qu’une seule question : est-ce que les acteurs vont baiser? S’ils baisent, c’est une comédie. S’ils ne baisent pas, c’est un drame. Plus encore : lorsque les rideaux sont tirés, au théâtre, à la télévision, au cinéma, dans la presse... partout où chacun se découvre honteusement mais furieusement ravi de jouer au Peeping Tom, un œil lubrique glué sur le trou de la serrure, le plus vieux combat du monde prend d’un coup une vastitude insoupçonnée – un combat complice, chorégraphié, fusionnel, souvent jusqu’à la nausée, entre l’exhibitionnisme et le voyeurisme qui trônent, tour à tour, en tout un chacun.
Tout était là au cours de ces trois piteux jours de débat de politique générale retransmis en direct depuis un hémicycle plus fétide que jamais sur toutes les chaînes de télévision locales et pour le plus grand dégoût/plaisir des spectateurs. Tout, atrocement tout. Avec des acteurs littéralement métamorphosés par la présence des caméras, boursouflés de cabotinage et par le plus cheap des populismes. Sauf que le spectacle n’était ni une comédie ni un drame, mais bien plutôt une traduction inégalable de ce que peut être le réel degré zéro du politique. De l’élégance. Du civisme. Affligeant.
La majorité n’a jamais été aussi loin, rarement tombée aussi bas, dans un 8-marsisme devenu en trois jours synonyme de mauvaise foi et de médiocrité absolues – d’usurpation, surtout.
La mono-obsession hautaine, goebbelsienne, du Hezbollah sur le sionisme et ses dangers est une monumentale duperie à l’heure où le gouvernement Mikati manque à pratiquement l’ensemble de ses responsabilités, qu’elles soient politiques, sociales, économiques, sécuritaires, sanitaires (Fadi Abboud osant parler de pratiques miliciennes du 14 Mars est un moment d’anthologie...), culturelles (Gaby Layoun, énième gigantesque erreur de casting, a réussi, par son amateurisme débridé, à faire passer... Tammam Salam pour André Malraux...), ou juste liées au quotidien le plus basique des Libanais. Idem pour les aounistes, focalisés comme des robots télécommandés sur le financement du courant du Futur (il y aura toujours la paille dans l’œil du voisin et la poutre dans le sien propre), avec, entre autres, un Ziad Assouad à l’image du courant qui est le sien : tout entier phagocyté par sa haine du sunnisme politique.
Et Émile Rahmé peut remercier Alain Aoun de lui avoir volé in extremis la palme de la honte – Émile Rahmé, sans le moindre état d’âme, lui qui était à la droite de la droite des Forces libanaises et qui navigue aujourd’hui sous étendard hezbollahi, a accusé Marwan Hamadé d’avoir... oublié son passé! Heureusement pour lui, le neveu-Zorro est arrivé. Un neveu que l’on croyait être le plus (le seul ?) professionnel digne de confiance au sein de l’appareil propagandiste de discorde qu’est devenu le CPL. Peine perdue : voilà un Alain Aoun qui commet, en plein hémicycle, rien moins que le plus violent crime politico-confessionnel de ces dernières années et auquel aucun Gebran Bassil ou Nabil Nicolas n’aurait pensé, accusant le courant haririen de tous les maux, dont le moindre est de voler dans les urnes la libre décision des chrétiens. Comble de l’ironie : Nabih Berry dit mezzo voce qu’il est dégoûté et le hezbollahi Ali Fayad manque s’étrangler.
De la belle ouvrage.
Ni comédie ni drame, à part peut-être la nouvelle ânerie politique (de trop ?) de l’opposition, désormais plongée dans une polémique inutile à souhait qui secoue le 14 Mars d’un côté et les Kataëb de l’autre, les premiers reprochant aux seconds d’avoir initié, via un jeune et fougueux Samy Gemayel, toujours naturellement tenté de la jouer individuel, un vote de confiance totalement stérile et sur les résultats duquel s’est jetée, comme la misère sur le peuple, la majorité tête la première et knefé à la bouche en plein Conseil des ministres. Un gâchis très gros et très sot : ni l’initiative kataëb ni la bouderie du 14 Mars n’avaient lieu d’être à l’heure où la cohésion, la solidarité et le jeu collectif en prévision des législatives 2013 de l’opposition sont d’une féroce urgence. Ni comédie ni drame, juste une énième et insupportable preuve de la régression tous azimuts dans laquelle ce pays ne finira jamais de se noyer.
(Mal)heureusement, les Libanais oublient vite. Surtout que pour les distraire, il y a la France. Chez maman, on vote dimanche pour la succession de Nicolas Sarkozy. François Hollande est donné très grand favori selon tous les instituts de sondage, François Bayrou fait ce qu’il peut, mais le président sortant a la faveur de beaucoup, beaucoup de Franco-Libanais. Même si une grande partie d’entre eux ne cache pas/plus être tentée par Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen. Tout le monde le sait : les bouffons, les hystériques et les tee-shirts noirs font souvent recette au Liban.
Ils peuvent même constituer des majorités. Furieusement exhibitionnistes. Bien sûr.
Ce brave Marcel Pagnol que rien n’effrayait avait posé l’équation : Quand le rideau se lève, il n’y a plus qu’une seule question : est-ce que les acteurs vont baiser? S’ils baisent, c’est une comédie. S’ils ne baisent pas, c’est un drame. Plus encore : lorsque les rideaux sont tirés, au théâtre, à la télévision, au cinéma, dans la...
Les promoteurs des Outrages sont bien connus, caporaux sans étoiles, et doivent abandonner ce simulacre de gouvernement, sinon la chute est prochaine, qui a transformé tout en écuries d'Augias. Le Grand Hariri, et ses alliés, viendraient les nettoyer en faisant passer l'eau pure du fleuve du FUTUR et de ses alliés, qui emporterait toutes les boues en son passage.
09 h 22, le 21 avril 2012