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Liban - Le commentaire

La Syrie, sempiternel et dangereux sujet de clivage

Le 14 Mars a proclamé au BIEL son soutien à l’opposition syrienne et même son alliance avec le Conseil national syrien. Le 8 Mars se tient pour sa part, fermement, aux côtés du régime Assad. C’est donc, comme toujours, un marqueur de division interne et de vive inquiétude. Car l’on se demande ce qui se passerait si l’un ou l’autre camp l’emportait. Y aurait-il un nouvel éclatement ? Pourrait-on miser sur une conciliation ?
Certains, vox clamans in deserto, prêchent désespérément pour que les Libanais s’unissent vraiment dans une parfaite neutralité à l’égard des événements en Syrie. Ils appellent les uns et les autres à ne soutenir personne. En notant qu’il sera toujours temps de décider, en commun, de l’attitude à adopter une fois que les choses se seront décantées dans le pays voisin. En ne tenant compte, bien évidemment, que de l’intérêt national bien compris. Pour eux, il n’est pas dans l’intérêt du Liban de se mêler de ce qui se passe en Syrie, comme il n’a jamais été dans son intérêt que la Syrie s’immisce dans ses affaires intérieures. Ils ajoutent un argument de poids : le régime syrien, aux abois, serait fortement tenté d’étendre son action répressive sanglante au Liban, voire dans nombre de pays arabes qui lui sont hostiles, au cas où le militantisme favorable à l’opposition syrienne persisterait çà ou là. Ajoutant qu’il y a un risque que la vindicte de l’opposition syrienne s’exprime également, si elle venait à l’emporter...
Une leçon que les Libanais ne semblent pas vouloir comprendre : ils payent forcément le prix, à part égale, de leurs divisions externes, du fait qu’ils se rangent aux côtés de tel ou de tel axe étranger. D’autant plus, à l’heure présente, que le conflit déborde les limites géographiques de la Syrie pour devenir régional et international. Chez nous, le premier danger est de voir les affrontements reprendre au Nord, singulièrement à Tripoli, entre sunnites et alaouites ou alliés, l’État libanais, si faible, étant dans l’impossibilité d’empêcher une dégradation galopante, touchant progressivement toutes les régions. Alors que cette fois, rien n’assurerait une solution parachutée du dehors.

Histoire
On sait en effet qu’en 1958, un accord entre Nasser et les Américains, dont la VIe Flotte avait débarqué sur nos côtes, avait permis de régler les événements, par l’élection de Fouad Chehab. Tout comme, plus tard, un accord entre les Américains et les Arabes, avalisé par Israël, avait dénoué la guerre civile entamée en 1975, par la constitution d’une force d’intervention devenue uniquement syrienne.
Il est certain que Bachar el-Assad, qui évoque déjà un deuxième Afghanistan, essaierait, s’il sentait la fin se rapprocher, de balkaniser la région. C’est-à-dire d’en provoquer la dislocation en mini-États ethniques ou confessionnels. Recevant un responsable turc, il lui a déclaré que dans l’heure qui suivrait un premier missile tombant sur Damas, il allumerait des incendies dans la région, ciblant particulièrement les puits de pétrole et les passages maritimes des tankers. En lançant par ailleurs des salves de centaines d’engins sur Tel-Aviv autant que sur le Golan occupé. Ajoutant qu’il demanderait au Hezbollah de s’attaquer à Israël par des opérations que le Mossad ne pourrait pas prévoir. Tandis que son allié iranien frapperait les bâtiments US en rade dans les eaux du Golfe. Les chiites se transformant alors en fedayine suicidaires dans tout le monde arabe. Et de conclure qu’il n’hésiterait pas à imiter Samson pour détruire le temple sur la tête de ses ennemis, autant que sur la sienne propre, s’il se voyait condamné à sa perte.
C’est la mention du Hezbollah, dans les propos d’Assad, qui donne le plus à réfléchir sur le plan libanais. On peut en effet se demander si, le cas échéant, et en préparation d’une guerre qu’il lancerait contre Israël pour épauler le régime syrien, ce parti ne tenterait pas de prendre, par la force, le contrôle du Liban politique.
En même temps, l’avantage du Hezb serait qu’à un tel moment, il pourrait mieux lutter contre le TSL. L’ouverture du front du Sud et le pilonnage d’agglomérations israéliennes lui donneraient en outre des atouts pour négocier des conditions déterminées concernant le conflit israélo-arabe.
L’on entend ainsi Hassan Nasrallah déclarer : « Certains veulent précipiter la Syrie dans la partition pour servir le projet US de nouveau Moyen-Orient que nous avons déchiqueté au Liban, avec le concours de la Syrie, de l’Iran et de tous les frères, au cours de la guerre de juillet. Je dis : loyauté à Jérusalem, loyauté à la Palestine, loyauté au Liban. Ces Libanais qui aident à faire monter la tension en Syrie, qui envoient des armes et qui incitent à la discorde, ne garderont pas le Liban à l’abri. Les développements en Syrie atteindront la région tout entière. »
Le 14 Mars a proclamé au BIEL son soutien à l’opposition syrienne et même son alliance avec le Conseil national syrien. Le 8 Mars se tient pour sa part, fermement, aux côtés du régime Assad. C’est donc, comme toujours, un marqueur de division interne et de vive inquiétude. Car l’on se demande ce qui se passerait si l’un ou l’autre camp l’emportait. Y aurait-il un nouvel...
commentaires (5)

Pourquoi les Palestiniens (il en est de très pauvres mais aussi de richissimes) ne demanderaient-ils pas à l'Etat d'Israël des dédommagements pour les maisons, terrains et villages dont ils se sont accaparés alors que les Juifs ayant souffert du nazisme ont reçu des indemnités de l'Etat allemand ? Quelqu'un pourrait peut-être leur souffler l'idée… Car il faut bien constater qu'en dépit des résolutions de l'ONU, l'Etat d'Israël n'a toujours pas restitué les territoires volés en 1967. Certains Juifs en sont d'ailleurs scandalisés. Parmi eux, le grand musicien Daniel Barenboïm, co- fondateur, avec son ami Edward Saïd, de l'Orchestre qui réunit jeunes Israéliens et Arabes. Barenboïm, qui aussi la nationalité palestinienne, a joué à Ramallah et Genève, entre autres villes, mais il a dit qu'il ne jouerait jamais dans les colonies. «Ce n'est pas chez nous. Cela ne nous appartient pas…» Barenboïm est une voix fraternelle à écouter ! Quand chaque Palestinien vivra dans des conditions humaines, les partis extrémistes ne pourront plus les utiliser et ils deviendront – Hezbollah y compris – des partis ordinaires qui travailleront pour leur pays, le Liban. L'Iran cessera aussi ses sempiternelles litanies en faveur, soi-disant, des Palestiniens. Les Palestiniens ont droit à des dédommagements de la part des Israéliens même si l'argent ne remplace pas les souffrances... ET LE LIBAN SERA ENFIN EN PAIX!

Nayla Sursock

07 h 42, le 17 février 2012

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Commentaires (5)

  • Pourquoi les Palestiniens (il en est de très pauvres mais aussi de richissimes) ne demanderaient-ils pas à l'Etat d'Israël des dédommagements pour les maisons, terrains et villages dont ils se sont accaparés alors que les Juifs ayant souffert du nazisme ont reçu des indemnités de l'Etat allemand ? Quelqu'un pourrait peut-être leur souffler l'idée… Car il faut bien constater qu'en dépit des résolutions de l'ONU, l'Etat d'Israël n'a toujours pas restitué les territoires volés en 1967. Certains Juifs en sont d'ailleurs scandalisés. Parmi eux, le grand musicien Daniel Barenboïm, co- fondateur, avec son ami Edward Saïd, de l'Orchestre qui réunit jeunes Israéliens et Arabes. Barenboïm, qui aussi la nationalité palestinienne, a joué à Ramallah et Genève, entre autres villes, mais il a dit qu'il ne jouerait jamais dans les colonies. «Ce n'est pas chez nous. Cela ne nous appartient pas…» Barenboïm est une voix fraternelle à écouter ! Quand chaque Palestinien vivra dans des conditions humaines, les partis extrémistes ne pourront plus les utiliser et ils deviendront – Hezbollah y compris – des partis ordinaires qui travailleront pour leur pays, le Liban. L'Iran cessera aussi ses sempiternelles litanies en faveur, soi-disant, des Palestiniens. Les Palestiniens ont droit à des dédommagements de la part des Israéliens même si l'argent ne remplace pas les souffrances... ET LE LIBAN SERA ENFIN EN PAIX!

    Nayla Sursock

    07 h 42, le 17 février 2012

  • Cher Pierre Hadjigeorgiou, quand le taureau est pris par les cornes il peut toujours donner des coups de pieds en arrière et dans toutes les directions. Nous avons besoin au Liban de calme et d'entente. Les immixtions, de qui que ce soit, en feraient tout le contraire. Refrénez un peu votre exaltation. et soyez observateur et non partenaire.

    SAKR LEBNAN

    07 h 38, le 17 février 2012

  • D'accord avec M. Pierre Hadjigeorgiou pour la Paix, la Liberté, l'Equité et la Fraternité. Le malheur du Liban vient des Syriens mais aussi des Palestiniens, disent certains, qui considéraient le Liban comme une patrie de substitution. Comme vous le savez, des réfugiés palestiniens, il y en a encore au Liban, vivant dans des conditions précaires, depuis 1948. Des enfants et petits-enfants de réfugiés qui se laissent entraîner dans des mouvements extrémistes... La vue des camps d'Ain Elhoué, vue de l'église de Megdouche est tout sauf idyllique. Pour mémoire, qui a plaidé en faveur d'un Foyer juif en Palestine (en même temps qu'un grand Empire arabe au Moyen-Orient) ? Le royaume britannique! C'est lui qui a trahi les Arabes, suivi bientôt par la France. Et tant pis pour les promesses et l'honneur! Cela dit, en 2012, il est un peu tard pour revenir à ce triste événement de l'Histoire qui aura déstabilisé toute la région. Israël existe et le problème palestinien n'est pas résolu. A quelques exceptions près, Arabes et Iraniens ont UTILISE – et continuent d'utiliser pour ce qui est de l'Iran et du Hezbollah – la «cause palestinienne» en vitupérant sans cesse «l'ennemi sioniste»... Or, il y a mieux à faire!

    Nayla Sursock

    07 h 27, le 17 février 2012

  • Il est du droit de tout Libanais de s'immiscer dans les affaires Syriennes comme Palestiniennes comme Israéliennes!!! ils l'ont fait tous pendant très longtemps et le Liban l'a payé cher dans le sang! Le régime Syrien lui a été le pire car il s'est servi du prétexte de la fraternité. Aujourd'hui honni même par les siens, le fait toujours et se doit de récolter ce qu'il a semé avec au final le jugement des dirigeants. Le tours des autres viendra en temps du! Ce serai a l'honneur de chaque bon Libanais de rendre la politesse a la grande Soeur qui va finir par subir le sort qu'elle avait réservé au Liban: La guerre civile et peut être le partage et l'installation des Palestiniens sur son territoire. "Au diable une tel amitié, au diable une telle fraternité, au diable un tel voisinage!" Béni soit le seigneur pour la nouvelle génération de Syriens qui ont décidé de prendre le taureau par les cornes et suivre les pas de nos nounous et foufous pour enfin ouvrir la possibilité d'en arriver a la PAIX! La VRAIE, LIBRE, ÉGALE et FRATERNELLE!

    Pierre Hadjigeorgiou

    06 h 00, le 17 février 2012

  • Toute ingérence libanaise, de qui que ce soit, même en paroles, dans la crise Syrienne, est condamnable d'avance, car l'intérêt du Liban est la non immixtion dans cette crise qui risque d'être importée et de lui être très amère. Les Arabes, roitelets et despotes " burlesques démocrates" feraient mieux d'aider positivement au dialogue et au dénouement de la crise Syrienne et à la transition en douceur dans ce pays, plutôt que de rechercher et de parainner des interventions étrangères qui ne résulteraient qu'en déflagration généralisée qui ne les épargnerait guère. Calmez vous Messieurs, roitelets et despotes, et pensez avec vos têtes d'en haut, car celles d'en bas risqueraient de vous être fatidiques.

    SAKR LEBNAN

    00 h 57, le 17 février 2012

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