Certains, vox clamans in deserto, prêchent désespérément pour que les Libanais s’unissent vraiment dans une parfaite neutralité à l’égard des événements en Syrie. Ils appellent les uns et les autres à ne soutenir personne. En notant qu’il sera toujours temps de décider, en commun, de l’attitude à adopter une fois que les choses se seront décantées dans le pays voisin. En ne tenant compte, bien évidemment, que de l’intérêt national bien compris. Pour eux, il n’est pas dans l’intérêt du Liban de se mêler de ce qui se passe en Syrie, comme il n’a jamais été dans son intérêt que la Syrie s’immisce dans ses affaires intérieures. Ils ajoutent un argument de poids : le régime syrien, aux abois, serait fortement tenté d’étendre son action répressive sanglante au Liban, voire dans nombre de pays arabes qui lui sont hostiles, au cas où le militantisme favorable à l’opposition syrienne persisterait çà ou là. Ajoutant qu’il y a un risque que la vindicte de l’opposition syrienne s’exprime également, si elle venait à l’emporter...
Une leçon que les Libanais ne semblent pas vouloir comprendre : ils payent forcément le prix, à part égale, de leurs divisions externes, du fait qu’ils se rangent aux côtés de tel ou de tel axe étranger. D’autant plus, à l’heure présente, que le conflit déborde les limites géographiques de la Syrie pour devenir régional et international. Chez nous, le premier danger est de voir les affrontements reprendre au Nord, singulièrement à Tripoli, entre sunnites et alaouites ou alliés, l’État libanais, si faible, étant dans l’impossibilité d’empêcher une dégradation galopante, touchant progressivement toutes les régions. Alors que cette fois, rien n’assurerait une solution parachutée du dehors.
Histoire
On sait en effet qu’en 1958, un accord entre Nasser et les Américains, dont la VIe Flotte avait débarqué sur nos côtes, avait permis de régler les événements, par l’élection de Fouad Chehab. Tout comme, plus tard, un accord entre les Américains et les Arabes, avalisé par Israël, avait dénoué la guerre civile entamée en 1975, par la constitution d’une force d’intervention devenue uniquement syrienne.
Il est certain que Bachar el-Assad, qui évoque déjà un deuxième Afghanistan, essaierait, s’il sentait la fin se rapprocher, de balkaniser la région. C’est-à-dire d’en provoquer la dislocation en mini-États ethniques ou confessionnels. Recevant un responsable turc, il lui a déclaré que dans l’heure qui suivrait un premier missile tombant sur Damas, il allumerait des incendies dans la région, ciblant particulièrement les puits de pétrole et les passages maritimes des tankers. En lançant par ailleurs des salves de centaines d’engins sur Tel-Aviv autant que sur le Golan occupé. Ajoutant qu’il demanderait au Hezbollah de s’attaquer à Israël par des opérations que le Mossad ne pourrait pas prévoir. Tandis que son allié iranien frapperait les bâtiments US en rade dans les eaux du Golfe. Les chiites se transformant alors en fedayine suicidaires dans tout le monde arabe. Et de conclure qu’il n’hésiterait pas à imiter Samson pour détruire le temple sur la tête de ses ennemis, autant que sur la sienne propre, s’il se voyait condamné à sa perte.
C’est la mention du Hezbollah, dans les propos d’Assad, qui donne le plus à réfléchir sur le plan libanais. On peut en effet se demander si, le cas échéant, et en préparation d’une guerre qu’il lancerait contre Israël pour épauler le régime syrien, ce parti ne tenterait pas de prendre, par la force, le contrôle du Liban politique.
En même temps, l’avantage du Hezb serait qu’à un tel moment, il pourrait mieux lutter contre le TSL. L’ouverture du front du Sud et le pilonnage d’agglomérations israéliennes lui donneraient en outre des atouts pour négocier des conditions déterminées concernant le conflit israélo-arabe.
L’on entend ainsi Hassan Nasrallah déclarer : « Certains veulent précipiter la Syrie dans la partition pour servir le projet US de nouveau Moyen-Orient que nous avons déchiqueté au Liban, avec le concours de la Syrie, de l’Iran et de tous les frères, au cours de la guerre de juillet. Je dis : loyauté à Jérusalem, loyauté à la Palestine, loyauté au Liban. Ces Libanais qui aident à faire monter la tension en Syrie, qui envoient des armes et qui incitent à la discorde, ne garderont pas le Liban à l’abri. Les développements en Syrie atteindront la région tout entière. »
Pourquoi les Palestiniens (il en est de très pauvres mais aussi de richissimes) ne demanderaient-ils pas à l'Etat d'Israël des dédommagements pour les maisons, terrains et villages dont ils se sont accaparés alors que les Juifs ayant souffert du nazisme ont reçu des indemnités de l'Etat allemand ? Quelqu'un pourrait peut-être leur souffler l'idée… Car il faut bien constater qu'en dépit des résolutions de l'ONU, l'Etat d'Israël n'a toujours pas restitué les territoires volés en 1967. Certains Juifs en sont d'ailleurs scandalisés. Parmi eux, le grand musicien Daniel Barenboïm, co- fondateur, avec son ami Edward Saïd, de l'Orchestre qui réunit jeunes Israéliens et Arabes. Barenboïm, qui aussi la nationalité palestinienne, a joué à Ramallah et Genève, entre autres villes, mais il a dit qu'il ne jouerait jamais dans les colonies. «Ce n'est pas chez nous. Cela ne nous appartient pas…» Barenboïm est une voix fraternelle à écouter ! Quand chaque Palestinien vivra dans des conditions humaines, les partis extrémistes ne pourront plus les utiliser et ils deviendront – Hezbollah y compris – des partis ordinaires qui travailleront pour leur pays, le Liban. L'Iran cessera aussi ses sempiternelles litanies en faveur, soi-disant, des Palestiniens. Les Palestiniens ont droit à des dédommagements de la part des Israéliens même si l'argent ne remplace pas les souffrances... ET LE LIBAN SERA ENFIN EN PAIX!
07 h 42, le 17 février 2012