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Liban - Éclairage

Une fois n’est pas coutume, les responsables libanais ont parlé à l’unisson...

Après le week-end mouvementé en raison de l’afflux à Beyrouth de visiteurs importants, la situation commence à se décanter. Il est ainsi devenu clair que le véritable objectif de la visite du secrétaire général de l’ONU et celle du ministre turc des Affaires étrangères portait sur le dossier syrien. Les milieux politiques s’en doutaient un peu. Ils en ont désormais la certitude. En apparence, il a été question de sujets libanais, de résolutions internationales et du TSL, mais, en réalité, les visiteurs internationaux souhaitaient tâter le terrain libanais à l’égard de la situation en Syrie. Après la défection de la Jordanie, puisque le souverain hachémite a refusé d’accueillir un surplus de déserteurs de l’armée syrienne et il a interdit toute action contre la Syrie à partir de la frontière jordanienne, et après la découverte des limites de l’action à partir de la Turquie, en raison de plusieurs facteurs (certains internes et d’autres régionaux), et alors que l’Irak se débat dans un chaos postretrait des soldats américains, il ne reste plus que la scène libanaise à sonder. Selon les observateurs, c’est là que se trouve la véritable raison de la visite à Beyrouth de Ban Ki-moon et de Ahmet Davutoglu.
Il s’agissait en quelque sorte de voir dans quelle mesure il est possible de mener une action à partir du Liban-Nord, soit en ouvrant les frontières aux opposants et en créant un camp pour les réfugiés contrôlé par les ONG internationales et où, par conséquent, les autorités libanaises n’auraient plus leur mot à dire, ouvrant la voie à tous les plans possibles pour mettre en difficulté le régime syrien.
C’est d’ailleurs en toute clarté que le secrétaire général de l’ONU a adressé un message au président syrien pour le pousser à quitter le pouvoir en le déclarant désormais illégitime, alors que le ministre turc des Affaires étrangères a expliqué à tous ses interlocuteurs que le président syrien a laissé passer toutes les opportunités et qu’il ne faut plus chercher à lui trouver des excuses, la Turquie ayant fait preuve d’une grande patience à son égard, en vain. Toutefois, les visiteurs internationaux n’ont sans doute pas entendu les propos qu’ils espéraient. En dépit des divisions internes sur presque tous les sujets, les différents responsables ont tenu le même langage à leurs interlocuteurs internationaux, sur l’impossibilité pour le Liban de prendre parti dans le dossier syrien et de s’engager plus avant dans un sens ou dans l’autre. Il y va de son unité interne. C’est d’ailleurs ce qui a fait dire au ministre turc des AE qu’il a perçu chez les responsables libanais une grande sagesse et un souci de préserver les intérêts du Liban. En d’autres termes, le Liban ne fournira pas la zone tampon dont rêvent les ennemis du régime syrien pour servir de base d’action contre celui-ci. De même, l’armée libanaise restera en poste à la frontière, sans faire d’excès de zèle, mais en assurant un service minimal pour éviter des dérapages désagréables, qui pourraient mettre en cause la stabilité interne.
Selon des sources qui ont suivi de près les entretiens de Ban Ki-moon et de Davutoglu avec les responsables, le leitmotiv des entretiens tournait autour de la nécessité de préserver l’unité et la stabilité interne et par conséquent de maintenir les institutions de l’État en dehors du conflit syrien, puisque les parties internes y sont suffisamment impliquées chacune dans un sens. D’ailleurs, le secrétaire général du Hezbollah avait sciemment pris la parole alors que le secrétaire général des Nations unies et le ministre turc étaient au Liban pour rappeler aux responsables que la stabilité a ses conditions et qu’il est impératif de ne pas la mettre en danger. Nasrallah a aussi sciemment occulté la question du TSL, voulant donner du temps au gouvernement dans le traitement de ce dossier. Pour lui, et pour les visiteurs étrangers du Liban, le plus urgent était le dossier syrien et il fallait rappeler les limites d’une possible intervention libanaise dans ce domaine.
Toutefois, un élément nouveau est apparu dans la foulée de cette double visite. Il s’agit du projet de pousser la communauté chrétienne syrienne, qui constitue encore l’un des points d’appui du régime, à se désolidariser de lui, en cherchant à la convaincre du fait que l’appui à un régime dictatorial ne peut en aucun cas lui servir de garantie. Il s’agit aussi de lui dire que l’on ne peut pas aller dans le sens contraire à l’histoire et qu’un dialogue avec les nouvelles forces émergentes (notamment les Frères musulmans) est indispensable pour la survie de la communauté. Ce discours doit commencer à être tenu au Liban et, à partir de là, en raison des liens étroits entre les chrétiens du Liban et ceux de Syrie, il aurait un impact sur la situation en Syrie, où, selon les analystes, le régime bénéficie encore de trois éléments de force : l’armée, la bourgeoisie et les minorités. En ce qui concerne l’armée, le travail se poursuit pour pousser de plus en plus de soldats à déserter. Concernant la bourgeoisie, les sanctions économiques sont destinées à l’affaiblir et à la pousser à retirer son appui au régime. Enfin, le travail se fait maintenant sur les chrétiens et même les druzes. Ce projet aura-t-il plus de succès que les plans déjà tentés pour faire chuter le régime en Syrie ? Ce n’est en tout cas pas faute d’essayer. Mais ce qui compte pour le Liban, c’est qu’en dépit de la tension entre les composantes du tissu social, il n’est pas question pour l’instant de lancer l’étincelle qui pourrait provoquer la déstabilisation. C’est en tout cas ce qui ressort des entretiens de Ban Ki-moon et de Davutoglu avec les responsables libanais.
Après le week-end mouvementé en raison de l’afflux à Beyrouth de visiteurs importants, la situation commence à se décanter. Il est ainsi devenu clair que le véritable objectif de la visite du secrétaire général de l’ONU et celle du ministre turc des Affaires étrangères portait sur le dossier syrien. Les milieux politiques s’en doutaient un peu. Ils en ont désormais la...

commentaires (6)

Toujours avec un grand respect pour Mme Haddad, je dois dire que cet ECLAIRAGE est étonnant. D'abord il ne spécifie pas cette fois les "sources" qui présentent cette vue purement spéculative -sans doute du 8 Mars- sur la venue du secrétaire général de l'ONU et du ministère des Affaires étrangères de Turquie, pour la conférence de l'ESCWA, uniquement comme une participation directe au "complot" contre le régime syrien ! Il faut vraiment que ces deux personnalités internationales ignorent complètement le Liban pour qu'ils pensent à des "zones-tampon" à ses frontières avec la Syrie, encourageant les désertions de l'armée syrienne et autres absurdités. Qui va croire que la conférence de l'Escwa sur "la démocratie dans le monde arabe après le changement" (révolutionnaire) a été décidée dans cet esprit de complot et en fonction du "complot contre la Syrie" ? C'est absurde. De plus une telle vue efface tout aspect de Beyrouth comme centre privilégié de réflexion et de recherches sur l'avenir du monde arabe. Comment ne peut-on pas voir cette signification ? Puis on implique les chrétiens du Liban dans la révolution syrienne en disant que "vu leurs relations privilégiées avec les chrétiens de Syrie", ils peuvent "encourager les chrétiens de Syrie à se révolter contre le régime syrien" !! Plus absurde encore. A mon humble avis il faut tout faire pour laisser le Liban et ses composantes hors de cette "complotite" contre la Syrie.

Halim Abou Chacra

06 h 02, le 17 janvier 2012

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Commentaires (6)

  • Toujours avec un grand respect pour Mme Haddad, je dois dire que cet ECLAIRAGE est étonnant. D'abord il ne spécifie pas cette fois les "sources" qui présentent cette vue purement spéculative -sans doute du 8 Mars- sur la venue du secrétaire général de l'ONU et du ministère des Affaires étrangères de Turquie, pour la conférence de l'ESCWA, uniquement comme une participation directe au "complot" contre le régime syrien ! Il faut vraiment que ces deux personnalités internationales ignorent complètement le Liban pour qu'ils pensent à des "zones-tampon" à ses frontières avec la Syrie, encourageant les désertions de l'armée syrienne et autres absurdités. Qui va croire que la conférence de l'Escwa sur "la démocratie dans le monde arabe après le changement" (révolutionnaire) a été décidée dans cet esprit de complot et en fonction du "complot contre la Syrie" ? C'est absurde. De plus une telle vue efface tout aspect de Beyrouth comme centre privilégié de réflexion et de recherches sur l'avenir du monde arabe. Comment ne peut-on pas voir cette signification ? Puis on implique les chrétiens du Liban dans la révolution syrienne en disant que "vu leurs relations privilégiées avec les chrétiens de Syrie", ils peuvent "encourager les chrétiens de Syrie à se révolter contre le régime syrien" !! Plus absurde encore. A mon humble avis il faut tout faire pour laisser le Liban et ses composantes hors de cette "complotite" contre la Syrie.

    Halim Abou Chacra

    06 h 02, le 17 janvier 2012

  • Donc comme ça il ne reste plus que le Liban pour complèter le tableau du complot, la Jordanie se désiste, la Turquie n'ose pas trop, l'armée reste soudée, la bourgeoisie continue à se sucrer et on ne trouve plus que les chrétiens syriens et le liban comme accélérateur d'une politique internationale qui foire ! Mais on s'est tué à vous le dire dans toutes les langues que la Syrie s'est préparée à vous recevoir, que ça devient un truc du genre 33 jours en 2006, que le hezb était celui qui vous empecherait de dormir.Allez ! les vautours , allez chercher une guerre ailleurs, en Afrique, en asie ou en amérique du sud, quoi vous trouvez pas ?, eh! désolé on est pas plus cons qu'eux , nous non plus on en veut pas de votre guerre à la sauce rance des printemps trafiqués. Du balai, messieurs de la mondaine, joliment dit André.

    Jaber Kamel

    05 h 55, le 17 janvier 2012

  • Seul le discours du Sayed est clair, le message qu'il a transmis aux libanais et au monde entier est net. Tous les dialogues rien que des balivernes et le désarmement ce n'est sûrement pas de sitôt. L'arsenal du Hezb au complet est bien en place et que Dieu nous preserve de toutes les décisions qu'il pourrait prendre pour déclencher une guerre ( avec nos voisins du sud qui n'attendent que ça ) dans les mois à venir à la demande du Président Syrien ou Iranien , qui mènera le pays vers une destruction quasi totale. Marie José Malha.

    Marie Jose Malha

    05 h 42, le 17 janvier 2012

  • Tout comme l'Iran, puissance chiite, appuie la Syrie dont le régime est alaouite et le Hezbollah, pour balancer, la Turquie, puissance sunnite se mêle pour appuyer les sunnites. C'est ainsi qu'il faut comprendre la présence turque qui n'est donc pas un mystère. Quant a Bachar, pour l'amour du ciel, dites-moi M. Jabbour sur qui il a gagné, sur son peuple souffrant ou sur les 5000 à 6000 martyrs? Pour vous, ces morts sont-ils des mouches ?

    Bardawil Michel Charles

    04 h 36, le 17 janvier 2012

  • - - Bachar a déjà gagné , ils sont venus au Liban pour leur réunion d'adieu , d'ailleurs la réponse du Sayed à clos ce débat stérile , qu'ils cherchent par tous les moyens à nous imposer et nous introduire militairement , sous couverture diplomatique et mondaine , qui ne passera pas . Jamais une réunion ou une visite officielle , n'aura été un si grand fiasco , comme l'a été celle de M.B.K.Moon et de tous ses autres illustres invités figurants , et surtout , celle de l'éminence grise du régime d'Ankara , le bouillonnant ministre des affaires étrangères , dont la présence et son timing , sans parler des ses discours et déclarations , est restée incomprise et un mystère !

    JABBOUR André

    00 h 22, le 17 janvier 2012

  • De toute façon,et après cette brillante analyse, ce ne sont pas les "menaces " du Hezb quant à la stabilité interne qui constituent in fine la raison principale pour laquelle nous ne devons rien accepter et notamment d'être une "zone tampon"!(comme si tout le Liban n'était pas déjà la zone tampon des uns et des autres!).NON!La seule,la vraie,l'unique raison pour laquelle nous ne devons rien accepter,eh bien justement c'est qu'on s'en tamponne!!!C'EST PAS NOS OIGNONS!Et il faut que tout le monde,Hezb COMPRIS,se mette cette évidence bien en tête!Y'en marre et des frères et des soeurs et des cousins de la région et d'ailleurs.Qu'on nous foute la PAIX!

    GEDEON Christian

    22 h 42, le 16 janvier 2012

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