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Liban

Électricité : l’affaire de Zahrani, entre solution « purement technique » et critiques des « menaces miliciennes »

Gebran Bassil lors de la conférence de presse, entouré du directeur général de l’EDL et du directeur général de l’Investissement. Photo Dalati et Nohra

La crise de l’électricité, déclenchée il y a quelques jours par la suspension des opérations à la centrale de Zahrani, est en voie de dénouement depuis l’intervention, avant-hier, du Premier ministre Nagib Mikati et du président de la Chambre Nabih Berry. Mais les réactions se poursuivent, d’une part, entre ceux qui dénoncent une atteinte aux institutions de l’État, traduite par la décision unilatérale des employés de l’EDL de suspendre les opérations de Zahrani, sous la menace des habitants et des partisans des partis qui contrôlent la région, et, d’autre part, ceux qui s’en prennent au ministère de l’Énergie et de l’Eau, auquel ils renvoient la responsabilité directe de la crise. « Le déplacement d’un transformateur d’électricité d’une station à une autre et la coupure de courant pendant plusieurs jours est purement politique, et est sans lien avec des problèmes techniques », a estimé le député Kataëb Élie Marouni, avant de conclure que « c’est le ministre compétent, à savoir Gebran Bassil, qui doit en assumer l’entière responsabilité, puisqu’il est devenu le ministre de l’obscurité par excellence ». De son côté, le député du bloc du Futur Ghazi Youssef a qualifié l’incident de Zahrani « d’acte milicien visant à priver d’électricité les citoyens ». Le député a relevé dans ce cadre « deux problèmes liés à l’affaire de Zahrani, le premier entre la centrale et certains employés ayant des appartenances politiques déterminées, et un autre problème relatif à la distribution de l’électricité dans les régions relevant de certaines parties politiques ». Dénonçant le fait que « les institutions semblent fonctionner sur la base, non de la loi, mais d’un consensualisme entre les pôles politiques », M. Youssef a affirmé que « l’opposition adressera une question sur ce qui s’est passé au gouvernement », ainsi qu’aux ministres de l’Énergie et de l’Eau Gebran Bassil et du Travail Charbel Nahas. Pour sa part, le député du même bloc Mohammad Kabbani a déjà notifié la Cour des comptes de « la corruption qui prévaut sur le secteur de l’électricité », lors d’une conférence de presse au siège du Parlement. « Nous refusons le comportement des employés de la centrale de Zahrani, et nous refusons que leur action constitue un précédent favorable à la décentralisation du service de l’électricité et au contrôle géographique de l’alimentation et de la distribution du courant », a prévenu en outre M. Kabbani.
Pour le député Ammar Houry, l’incident de la centrale de Zahrani est « un scandale sans précédent dans l’histoire de la République libanaise, puisqu’il révèle la possibilité pour une partie en soi de décider seule de paralyser un secteur public pour des raisons propres à elle ». Estimant que cette crise « équivaut à un échange de tirs au sein d’un même camp et trahit des conflits internes au gouvernement liés au fromagisme », M. Houry a critiqué l’apparition médiatique « tardive » du ministre de l’Énergie et de l’Eau Gebran Bassil.

Bassil critique ses alliés et l’inaction des forces de l’ordre
M. Gebran Bassil n’a pas caché sa vive colère hier contre « le sabotage de l’État et de ses infrastructures », dans l’affaire de Zahrani, qu’il a qualifiée « de catastrophe nationale attentatoire aux Libanais en général et aux habitants du Liban-Sud en particulier ». Il s’exprimait lors d’une conférence de presse qu’il a tenue au siège de son ministère, en présence du directeur général de l’EDL Kamal Hayek et le directeur général de l’investissement Ghassan Beydoun, qu’il a tenus pour témoins du caractère « non politique » de la conférence. Ni politique « ni même confessionnelle », cette affaire est quand même, selon le ministre du CPL, « préméditée et entamée sous le thème de “la grève suite à des menaces”. Or, si ce thème était vrai, pourquoi les employés n’ont pas réclamé la protection des forces de sécurité ? Et si ce ne sont que des doléances qu’ils voulaient ainsi faire parvenir, la grève est également refusée en la forme et, dans les deux cas, ce qui s’est passé est inacceptable ». Il a ajouté que ceux qui ont entamé cette action sont contre l’édification de l’État. « On ne veut pas de “carré d’électricité” », a-t-il dit, faisant allusion aux carrés sécuritaires. « Même si ce sont nos amis qui sont les tenants de fait de la région, a-t-il dit, ce qui s’est passé est inacceptable », critiquant également la passivité des forces de l’ordre. Pour terminer, le ministre Gebran Bassil a estimé en somme que « le seul background de l’affaire de Zahrani est le problème de l’électricité au Liban ». Il n’a pas manqué de rappeler à cette occasion que « la réforme doit se faire loin des paroles gratuites (...) et le projet des 700 mégawatts aurait pu couler doucement sans entrer dans des complications sans fin ». M. Bassil a insisté enfin sur la bienveillance du CPL pour « tous les habitants du Liban-Sud, que nous ne cherchons pas à léser ».
La crise de l’électricité, déclenchée il y a quelques jours par la suspension des opérations à la centrale de Zahrani, est en voie de dénouement depuis l’intervention, avant-hier, du Premier ministre Nagib Mikati et du président de la Chambre Nabih Berry. Mais les réactions se poursuivent, d’une part, entre ceux qui dénoncent une atteinte aux institutions de l’État, traduite...
commentaires (2)

Une correction a fait sauter quelques mots. Je prie les lecteurs de bien vouloir lire l'avant dernière phrase comme suit : Et s'il en finit avec ces anomalies, ce serait le plus grand "changement" et la plus grande réforme que votre Courant pourrait et devrait faire.

Halim Abou Chacra

05 h 54, le 06 décembre 2011

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Commentaires (2)

  • Une correction a fait sauter quelques mots. Je prie les lecteurs de bien vouloir lire l'avant dernière phrase comme suit : Et s'il en finit avec ces anomalies, ce serait le plus grand "changement" et la plus grande réforme que votre Courant pourrait et devrait faire.

    Halim Abou Chacra

    05 h 54, le 06 décembre 2011

  • "On ne veut pas de "carré d'électricité" même si ces carrés sont de nos amis", dit le ministre Gebran Bassil. C'est la phrase tonnerre de 2011. Grand merci au ministre pour avoir finalement "craché le petit caillou" et dit la grande vérité. Car j'imagine que vous n'entendez pas seulement "les carrés d'électricité", M le ministre, n'est-ce pas ? On ne veut pas de carrés de sécurité, de carrés d'armes, de carrés de lois d'Etat parallèle, comme par exemple celui où le grand allié interdit consommation et vente d'alcool et tant d'autres choses que la loi (encore) dite libnaise permet, des carrés pour les enlèvements de citoyens libanais ou de citoyens syriens réfugiés momentanément sur le sol libanais etc. etc. On est fatigué de tant de carrés, M le ministre. On en a marre. Et ce serait le plus grand "changement" et la plus grande "réforme" que votre Courant pourrait et devrait faire. Si vous le faîtes, je jure que je reviendrai à appuyer le général Aoun et je suis sûr que la majorité des Libanais le feront.

    Halim Abou Chacra

    02 h 27, le 06 décembre 2011

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