Nouveaux horizons pour la production audiovisuelle en Méditerranée

Une vingtaine d’étudiants de l’Académie libanaise des beaux-arts (ALBA) ont eu la chance de participer à un atelier d’écriture cross et transmédia en présence de Michel Reilhac, directeur général délégué d’Arte France cinéma.
Que se cache vraiment derrière ces deux mots barbares ? Tout d’abord, le crossmédia. C’est la combinaison de plusieurs moyens de communication. Par exemple, un épisode de série peut être diffusé sur un écran de télévision ou bien sur un téléphone portable grâce à un « mobizode » (épisodes sur mobile) de quelques minutes ou encore sur Internet, grâce à un « webizode » (épisode sur le web).
Le transmédia, c’est « comme un puzzle. Des supports médias différents et des histoires différentes qui s’articulent autour d’un même point de départ », définit Michel Reilhac. En somme, un puzzle de quatre pièces se décomposerait ainsi : une série à la télévision, une web-série sur un personnage secondaire de la série télévisée, une page sur Facebook pour les fans et des rencontres en « live ».
Il s’agit peut-être là de l’avenir de l’audiovisuel. Quelques projets de transmédia ont déjà vu le jour notamment aux États-Unis avec le Forth Wall Studios. « Pour Arte, c’est un nouveau terrain à explorer où le public est actif avec ce qu’il regarde à la télévision, sur le web ou sur son téléphone », explique Michel Reilhac, qui se passionne depuis 4 à 5 ans pour le transmédia. « Il s’agit surtout d’un avantage pour le cinéma indépendant dont je m’occupe pour la chaîne franco-allemande. Il faut donc explorer de nouveaux terrains », affirme-t-il sans détour.

Internet
Ces ateliers d’écriture se sont déroulés dans trois écoles de pays du Sud : l’ESAV de Marrakech (Maroc), l’Isamm (Tunisie) et l’ALBA (Liban), dans le cadre du projet DiaSud Med (Développement de l’industrie audiovisuelle sud-méditerranéenne par des formations d’excellence et des rencontres professionnelles). C’est donc une opération Sud-Sud : une première pour un projet financé par la Commission européenne. L’objectif est de créer des contenus multimédias (cinéma, télévision, web et mobile) originaux afin que les jeunes puissent passer de consommateurs de contenus étrangers à producteurs de contenus locaux, mais aussi en commun avec d’autres pays arabophones.
Michel Reilhac propose aux étudiants de comprendre comment est structuré le transmédia grâce à ses explications et « avec Power Point à l’appui », précise-t-il le sourire aux lèvres. David Dufresne, journaliste français indépendant, explique, quant à lui, la genèse, la fabrication de A à Z et surtout le résultat d’un web-documentaire. Ce quadragénaire s’y connaît bien, il a remporté de nombreux prix, dont celui du meilleur web-documentaire lors du festival « Visa pour l’image » de 2010 avec Prison Valley. « L’enjeu, c’est de donner envie à ces jeunes de se lancer dans cette aventure », assure le directeur délégué d’Arte France cinéma.
La question est de savoir si les jeunes étudiants libanais se sentent prêts à relever le défi. « J’ai l’impression d’être arrivé un peu trop tôt ici. Les élèves sont à l’écoute de ce qui se passe autour d’eux, mais leur outil technique – Internet – manque de rapidité et de fluidité. C’est encore trop archaïque, déplore le Français.
L’atelier d’écriture n’est que la première phase du projet. Par la suite, un colloque, une session d’accompagnement à la création d’entreprise sont à venir, sans oublier la création de trois pôles d’excellence (Liban, Maroc et Tunisie), ainsi que les rencontres professionnelles en 2011, 2012 et 2013.