Les propos d’Assad inquiètent les Libanais au premier chef. Il les tient en fait régulièrement devant ses visiteurs, ces derniers temps. Surtout après les appels au départ qui ne cessent de lui être adressés de tous côtés. Des diplomates estiment qu’après la clôture de l’affaire libyenne et le sort réservé à son homologue Kadhafi, Assad craint qu’on ne se polarise sur son cas. Surtout que les Américains voudraient faire diversion et, acte paradoxal de présence, après leur décision de se retirer d’Irak.
Il peut encore compter sur un veto sino-russe au Conseil de sécurité face à une résolution assortie de sanctions. Mais même Moscou et Pékin se montrent désormais impatients dans leur exigence de le voir entreprendre de sérieuses réformes, comme de cesser la répression. On ne peut oublier, en outre, que les Occidentaux disposent de multiples atouts pour amadouer ces deux grandes puissances et leur faire lâcher pour de bon le régime syrien.
Il est certain que Bachar el-Assad, qui évoque déjà un second Afghanistan, essaierait, s’il sentait la fin se rapprocher, de balkaniser la région. C’est-à-dire d’en provoquer la dislocation en mini-États ethniques ou confessionnels. Recevant un responsable turc, il lui a déclaré que dans l’heure qui suivrait un premier missile tombant sur Damas, il allumerait des incendies dans la région, ciblant particulièrement les puits de pétrole et les passages maritimes des tankers. En lançant par ailleurs des salves de centaines d’engins sur Tel-Aviv autant que sur le Golan occupé. Ajoutant qu’il demanderait au Hezbollah de s’attaquer à Israël par des opérations que le Mossad ne pourrait pas prévoir. Tandis que son allié iranien frapperait les bâtiments US en rade dans les eaux du Golfe. Les chiites se transformant alors en fedayine suicidaires dans tout le monde arabe. Et de conclure qu’il n’hésiterait pas à imiter Samson pour détruire le temple sur la tête de ses ennemis, autant que sur la sienne propre, s’il se voyait condamné à sa perte.
C’est la mention du Hezbollah, dans les propos d’Assad, qui donne le plus à réfléchir sur le plan libanais. On peut en effet se demander si, le cas échéant, et en préparation d’une guerre qu’il lancerait contre Israël pour épauler le régime syrien, ce parti ne tenterait pas de prendre, par la force, le contrôle du Liban politique.
En même temps, l’avantage du Hezb serait qu’à un tel moment, il pourrait mieux lutter contre le TSL. L’ouverture du front du Sud et le pilonnage d’agglomérations israéliennes lui donneraient en outre des atouts pour négocier des conditions déterminées concernant le conflit israélo-arabe.
L’on entend ainsi Hassan Nasrallah déclarer : « Certains veulent précipiter la Syrie dans la partition pour servir le projet US de nouveau Moyen-Orient, que nous avons déchiqueté au Liban, avec le concours de la Syrie, de l’Iran et de tous les frères, au cours de la guerre de juillet. Je dis : loyauté à Jérusalem, loyauté à la Palestine, loyauté au Liban. Ces Libanais qui aident à faire monter la tension en Syrie, qui envoient des armes et qui incitent ne garderont pas le Liban à l’abri. Les développements en Syrie atteindront la région tout entière. »
Je suis assez d'accord avec Saleh Issal.
12 h 56, le 04 novembre 2011